Kalinka, Katioucha et Kasatchok
Kalinka (Калинка) par les Chœurs de l'Armée Rouge - Soliste : Vadim Ananiev
(Ансамбль Российской Армии имени А.В.Александрова - Солист: Вадим Ананьев)
Kalinka - Калинка
Peut-être la chanson russe la plus célèbre...
Auteur-compositeur : Ivan Larionov
Aвтор-композитор: Иван Петрович Ларионов
(1860)
Припев:
Калинка, калинка, калинка моя!
В саду ягода малинка, малинка моя!
Ах, под сосною, под зеленою,
Спать положите вы меня!
Ай-люли, люли, ай-люли, люли,
Спать положите вы меня.
(Припев)
Ах, сосенушка, ты зеленая,
Не шуми ты надо мной!
Ай-люли, люли, ай-люли, люли,
Не шуми ты надо мной!
(Припев)
Ах, красавица, душа-девица,
Полюби же ты меня!
Ай-люли, люли, ай-люли, люли,
Полюби же ты меня!
(Припев)
nb. Les paroles russes se jouant allégrement de la place ‘normale’ des accents toniques, j’ai préféré ne pas les faire figurer, ni non plus les ё...
Refrain :
Petite baie d’obier, ma petite baie d’obier !
Dans le jardin, il y a une petite framboise, ma petite framboise !
Ah ! sous le pin, sous sa verdure,
Laissez-moi y dormir !
Qu’il fait bon dormir, dormir, dormir¹,
Vous m’y allongerez pour y dormir.
(Refrain)
Ah, petit pin, toi si vert,
Ne fais donc pas de bruit au-dessus de moi !
Qu’il fait bon dormir, dormir, dormir,
Au-dessus de moi, nul besoin que tu bruisses !
(Refrain)
Ah, la belle, chère jeune fille,
Tombe donc amoureuse de moi !
Qu’il fait bon dormir, dormir, dormir,
Sois donc amoureuse de moi !
(Refrain)
Voici une petite chanson bien russe, peut-être la plus célèbre entre toutes hors de Russie, que les Russes adorent reprendre en chœur en tapant dans leurs mains.
Cet air qui semble tout droit sorti des campagnes profondes, telle une chansonnette paysanne sans âge, n’a pourtant au départ rien de proprement folklorique. Elle fut écrite et composée en 1860 par Ivan Larionov (Иван Петрович Ларионов) (1830-1889), compositeur, écrivain, folkloriste, musicologue et chef de chœur. Il se serait, pour la musique, inspiré d’un chœur de l’opéra ‘Gromoboï’ (Громобой) du compositeur Alexeï Verstovsky (Алексей Николаевич Верстовский) (1799-1862) écrit quelques années plus tôt. On ne trouve, à ma connaissance, aucun extrait de cet air original sur le Net. (Voici, peut-être, ce qui pourrait s’en rapprocher : une interprétation symphonique : Ecouter sur Youtube.)
Quant aux paroles, naïves et simples, elles ont donné lieu à diverses interprétations. Ainsi, la baie de l’obier, la viorne (калина), évoquerait l’amour triste tandis que la framboise (малина) l’amour heureux. A chacun de s’en faire une idée…
Pour en savoir plus : Comment Kalinka est devenue la chanson russe la plus populaire.
En 1962, Les Compagnons de la Chanson interprètent une version française sur un arrangement de Miguel Barrios et Jean Broussolle.
Kalinka, Les Compagnons de la Chanson, 1962
Katioucha (Катюша) interprétée par Nadiejda Kadycheva
(Надежда Кадышева)
Katioucha - Катю́ша
Une chanson bien innocente...
Auteur : Mikhaïl Issakovsky - Автор слов: Михаил Исаковский
Compositeur : Matveï Blanter - Композитор: Матвей Блантер
(1938)
Расцвета́ли я́блони и гру́ши,
Поплыли́ тума́ны над реко́й.
Выходи́ла на́ берег Катю́ша,
На высо́кий бе́рег на круто́й.
Выходи́ла, пе́сню заводи́ла
Про степно́го си́зого орла́,
Про того́, кото́рого люби́ла,
Про того́, чьи письма́ берегла́.
Ой ты, пе́сня, пе́сенка деви́чья,
Ты лети́ за я́сным со́лнцем вслед:
И бойцу́ на да́льнем пограни́чье
От Катю́ши переда́й приве́т.
Пусть он вспо́мнит де́вушку просту́ю,
Пусть услы́шит, как она́ поёт,
Пусть он зе́млю бережёт родну́ю,
А любо́вь Катю́ша сбережёт.
Расцвета́ли я́блони и гру́ши,
Поплыли́ тума́ны над реко́й.
Выходи́ла на бе́рег Катю́ша,
На высо́кий бе́рег на круто́й.
Les pommiers et poiriers fleurissaient,
De la brume flottait sur la rivière.
Katioucha est apparue,
Sur la rive haute et escarpée.
En sortant, elle a commencé à chanter
Une chanson parlant de l'aigle bleu des steppes,
Une chanson à propos de celui qu’elle aimait,
De celui dont elle a conservé les lettres.
O toi, chanson, chansonnette de jeune fille,
Envole-toi après le clair soleil :
A celui qui combat sur la lointaine frontière
Porte-lui le bonjour de Katioucha.
Qu'il se souvienne d'une jeune fille simple,
Qu’il puisse entendre comme elle chante,
Qu'il prenne soin de notre terre natale,
Et Katioucha saura conserver leur amour.
Les pommiers et poiriers fleurissaient,
De la brume flottait sur la rivière.
Katioucha est apparue,
Sortant sur une rive haute et escarpée.
Composée en 1938 alors que se profilait la guerre à venir, la chanson évoque les combats, la séparation du soldat d’avec la fille qu’il a dû quitter, laissée loin derrière lui au pays. Une fille qui saura l’attendre et conserver leur amour. Katioucha devint durant la Grande guerre patriotique (1941-1945) ‘la’ chanson chère au cœur des soldats soviétiques, à l’instar de la célèbre ‘Lili Marleen’ allemande ou de ‘La Madelon’ pour les Poilus de la Première guerre mondiale.
Voici une version enregistrée par les Chœurs de l’Armée Rouge...
Katiocha, Les Chœurs de l’Armée Rouge
Les orgues de Staline...
Si Katioucha (Катюша) est le diminutif affectif du prénom Katia (lui-même diminutif d’Ekaterina), elle deviendra, au pluriel, durant la Grande guerre patriotique, le surnom donné par les Soviétiques à ce que les troupes allemandes nommeront de leur côté ‘les orgues de Staline’ (Stalinorgel) : des batteries de lance-roquettes multiples destinées aux tirs de barrage contre l’ennemi.
Katioucha, comme hymne russe de substitution ?
Au-delà des paroles, qui somme toute restent bien innocentes, la chanson Katioucha est aujourd’hui chargée en Russie et alentour d’une forte connotation politique, patriotique, voire ‘nationaliste’. Ainsi, en 2021, la Russie demande au Tribunal arbitral du sport (TAS) de pouvoir jouer la chanson en lieu et place de l’hymne russe, interdit lors de toute compétition internationale - à l’époque, à cause des sanctions pour cause de dopage généralisé des athlètes soviétiques – pardon : russes. Demande qui fut rejetée. Lire : '«Katioucha» ne peut pas remplacer l’hymne russe'.
* * *
Kasatchok - Казачо́к
Auteur : Boris Roubachkine
Автор слов: Борис Семёнович Рубашкин
Sur la mélodie de Matveï Blanter
(Матвей Блантер)
Казачо́к, Казачо́к,
Казачо́к, Раз, два, три!
Как услы́шу "Казачка́" я зву́ки,
На душе́ стано́вится легко́
Забыва́ю ско́рби я и му́ки,
Ах, друзья́, как э́то хорошо́!
Забыва́ю ско́рби я и му́ки,
Ах, друзья́, как э́то хорошо́!
Припе́в:
"Казачо́к" - подпрыгива́ют но́ги,
Ах, Таню́ша, как ты хороша́!
"Казачо́к" танцу́ем без трево́ги,
Ах, Таню́ша, ми́лая, целу́й меня́!
Раз, два, три!
Казачо́к, казачо́к,
Казачо́к, раз, два, три!
С "Казачко́м" живётся веселе́е,
А с буты́лкой - ещё веселе́й!
Эй, бра́ток, нале́й-ка поскоре́е,
Во́дочки, нале́й, нале́й, нале́й!
(Два ра́за)
(Припе́в)
Раз, два, три!
(Инструмента́льная мелодия : Эй, у́хнем!)
Как услы́шу "Каза́чка" я зву́ки,
На душе́ стано́вится легко́
Забыва́ю ско́рби я и му́ки,
Ах, друзья́, как э́то хорошо́!
Забыва́ю ско́рби я и му́ки,
Ах, друзья́, как э́то хорошо́!
(Припе́в два ра́за)
Ла, ла, ла, дава́й Ва́ня,
Кружи́ нале́во, а напра́во немно́го!
Ха-ха-ха...
Хоп! Хоп! Хоп! Хоп! Хоп!..
Danse cosaque, cosaque,
Cosaque, Un, deux, trois !
Quand j'entends cette danse cosaque,
Je me sens l’âme légère,
J'oublie chagrins et tourments,
Oh, les amis, comme c'est bon !
J'oublie chagrins et tourments,
Oh, les amis, comme c'est bon !
Refrain:
Danse cosaque - mes jambes font des bonds,
Oh, Tanioucha¹, comme tu es douce !
Danse cosaque - on danse sans souci,
Oh, Tanioucha, ma chérie, embrasse-moi !
Un deux trois !
Danse cosaque, cosaque,
Cosaque, un, deux, trois !
La vie est plus amusante accompagnée d’une danse cosaque,
Et avec une bouteille elle est plus drôle encore.
Hé, frère, verse-moi vite
Une petite vodka, verse, verse, verse !
(bis)
(Refrain)
Un deux trois !
(Instrumental sur le thème des ‘Bateliers de la Volga’)
Quand j'entends cette danse cosaque,
Je me sens l’âme légère,
J'oublie chagrins et tourments,
Oh, les amis, comme c'est bon !
J'oublie chagrins et tourments,
Oh, les amis, comme c'est bon !
(Refrain deux fois)
La, la, la, allez Vania,
Danse et tourne un peu à gauche et puis à droite !
Ha, ha, ha...
Hop ! Hop ! Hop ! Hop ! Hop !
La chanson 'Katioucha' connaîtra une nouvelle popularité internationale à la fin des années 60, sous le titre ‘Kasatchok’ (Казачок) – La danse cosaque – réarrangée et interprétée par Boris Roubachkine (Борис Семёнович Рубашкин) (1932-2022), chanteur d'opéra (et de variétés) naturalisé autrichien, né à Sofia en Bulgarie dans une famille de Cosaques du Don qui avait fui l'URSS lors de la Guerre civile.
La notoriété de ses reprises des airs russes populaires lui permit, en 1989, d’être le premier des chanteurs auparavant interdits de scène en URSS à donner une série de concerts à Moscou.
En 1969, la chanteuse Rika Zaraï (dont le père était russe) en offre une version française, sous le même titre : ‘Kasatchok’, sur des paroles de Tony Perdone.
Rika Zaraï, Kasatchok, 1969