Alice – Ce qu’ont dit les dauphins (II.02)

Chapitre deux :
Ce qu’ont dit les dauphins

Глава вторая:
Что сказали дельфины

 

Episode deux - Второй эпизод

Petites-nouvelles-russes - Alice - Alice prend le taxi
Alice prend le taxi - Illustration d'Evguéni Migounov

Алиса взяла синюю сумку, спрятала туда миелофон, чтобы робот не стал задавать лишних вопросов, и пошла к Берте. По дороге она вела себя не лучшим образом. Во-первых, съехала с третьего этажа вниз по перилам; во-вторых, вызвала такси, хотя надо было пройти всего два квартала; в-третьих, пока ждала машину, съела две порции мороженого в автомате у подъезда.

Машина выскочила из-за угла, фыркнула, разгоняя воздушную подушку, и легла пузом на бетон.

Алиса уселась на белое сиденье и, вместо того чтобы набрать адрес Берты, наиграла кнопками сложный и длинный маршрут с таким расчётом, чтобы проехать мимо бассейна у Института времени, заглянуть в Кунцевский ботанический сад и посмотреть, смонтировали ли уже в Филях экспериментальные дорожки. О них говорила вчера дикторша Нина.

Был уже одиннадцатый час, и улицы почти опустели. Москвичи разошлись кто в детский сад, кто в институт, кто на работу, только на бульварах сидели бабушки и роботы с детскими колясками.

У марсианского посольства остановился длинный автобус с герметическими дверями. Марсианские туристы в нём надевали дыхательные маски, собираясь выйти на улицу. Один марсианин в маске стоял на земле и ждал, когда можно будет открыть дверь. Само посольство было похоже на мяч, зарытый до половины в землю. Там, под куполом, у марсиан свой воздух и свои растения. Когда Алиса была на Марсе, она тоже ходила в маске. Только богомолам всё равно, каким воздухом дышать.

Навстречу на четырёх автомобилях ехал свадебный кортеж. Машины были украшены разноцветными лентами и ехали медленно, покачиваясь на воздушных подушках. Невеста была в длинном белом платье, и на голове у неё была фата. Наверно, невеста из тех, кто пишет в газетах статьи, что надо возрождать добрые традиции, подумала Алиса.

В бассейне, несмотря на предупреждение дикторши Нины, что купаться холодно, было довольно много народа. Алиса и сама подумала, не выкупаться ли, но машина уже повернула к мосту, к Ботаническому саду. У сада Алиса остановила машину и заглянула в киоск у входа. Робот в венке из одуванчиков дал ей букет сирени, и Алиса положила его рядом с собой на сиденье. Один цветок, пяти лепестковый, Алиса оторвала и съела. На счастье.

Petites-nouvelles-russes - Mante martienne

Alice a pris son sac bleu, y a caché le myélophone, afin que le robot-gouvernante ne pose pas de questions inutiles, et se rend chez Bertha.

Sur le chemin, elle ne s'est pas comportée exactement comme il faut. D'abord, elle a grimpé sur la rampe de l’escalier et s’est laissée glisser du deuxième étage ; ensuite, elle a appelé un taxi, bien qu'elle n'ait eu que deux pâtés de maison à marcher puisque Bertha et elle sont voisines ; troisièmement, au distributeur à l’entrée de l’immeuble, elle s’est acheté deux esquimaux, qu’elle a mangés en attendant le taxi...

Le taxi arrive au coin de la rue et se pose sur le sol en béton, rejetant dans un ‘pfhhh’ l’air de ses coussins pneumatiques.

Alice monte et s’assoit sur le siège blanc du véhicule et, au lieu de composer l'adresse de Bertha sur le clavier, s’amuse à tapoter un itinéraire compliqué et long de manière à passer devant la piscine de l'Institut du Temps, de prendre le temps de s’arrêter au Jardin Botanique et d’en profiter pour aller jusqu’au parc Fili – afin de voir les nouveaux sentiers expérimentaux dont Nina lui a parlé hier.

Il est dix heures passées et les rues de Moscou sont presque désertes. Les jeunes enfants sont à la maternelle, les plus grands au collège ou à l’université, les adultes au travail. Seuls les grands-mères et les robots-nounous avec leur landau sont assis sur les bancs.

Un long bus aux portes hermétiquement closes s'est arrêté devant l'ambassade martienne. Les touristes venus de Mars qui sont à l’intérieur, avant de descendre, mettent leur masque respiratoire. A l’extérieur, un Martien, sous son masque, attend que la porte s’ouvre.

L'ambassade martienne ressemble à une sphère à moitié enfouie dans le sol. Là, sous son dôme, les Martiens et les plantes de leur planète peuvent y respirer leur propre atmosphère. Quand Alice était allée sur Mars, elle avait dû elle aussi porter un masque. Seules les mantes martiennes ne se soucient pas de l’air qu'elles respirent.

Sur le boulevard défile un cortège de quatre voitures décorées de rubans colorés qui roulent lentement, se balançant sur leur coussin d'air. Un mariage !!! La mariée est vêtue d'une longue robe blanche et porte un voile sur la tête.

« Le couple est probablement l'un de ceux qui écrivent des articles dans les journaux sur la nécessité de faire revivre les bonnes traditions d’antan, se dit Alice... »

En passant devant la piscine de l’Institut du Temps, malgré ce qu’avait annoncé Nina à propos de la météo (qu'il allait faire trop frais pour se baigner), il y a pas mal de monde. Alice songe à s’arrêter prendre un petit bain, mais le taxi déjà vient de tourner en direction du Jardin Botanique. Arrivée là, elle demande à la voiture de faire une halte. Dans un kiosque à l'entrée, un robot portant une couronne de pissenlit sur la tête lui offre un bouquet de lilas.

« Tiens ? remarque Alice, une fleur à cinq pétales... ». Elle la prend et la mange, pour la chance !¹

1- Voici une jolie coutume russe : les fleurs de lilas ayant habituellement quatre pétales, trouver une fleur à cinq pétales est exceptionnel. Un peu comme trouver un trèfle à quatre feuilles. Pour avoir de la chance, il suffit alors de manger la fleur ! (Ce que nous ne faisons pas avec la feuille de trèfle, que nous conservons précieusement, pour la chance...)