Sur la longue route

Sur la longue route (Доро́гой дли́нною)
Interprétée par Alexandre Vertinsky (Александр Вертинский)
Version remastérisée

Sur la longue route - Доро́гой дли́нною

Musique : Boris Fomine - Музыка: Борис Фомин (1924)

Paroles : Alexandre Vertinsky — Слова: Александр Вертинский (1926)

Interprète : Alexandre Vertinsky - Исполнитель : Александр Вертинский

Е́здили на тро́йках с бубенца́ми,
А вдали́ мелька́ли огоньки́.
Мне б сейча́с, соко́лики, за ва́ми,
Ду́шу б мне разве́ять от тоски́!

Припе́в:

Доро́гой дли́нною, и но́чью лу́нною,
И с пе́сней той, что вдаль лети́т, звеня́,
И с той стари́нною, с той семистру́нною,
Что по ноча́м так му́чила меня́.

Так, живя́ без ра́дости, без му́ки
По́мню я уше́дшие года́.
И твои́ сере́бряные ру́ки
Тро́йке, улете́вшей навсегда́!

(Припе́в)

Дни иду́т, печа́ли умножа́я.
Мне так тру́дно про́шлое забы́ть.
Как-нибу́дь одна́жды, дорога́я,
Вы меня́ свезёте хорони́ть.

(Припе́в)

Séparateur 3

Nous allions en troïka au son des clochettes,
Et des lumières scintillaient au loin.
O compagnons, comme j’aimerais vous suivre à présent
Et pouvoir chasser de mon âme ce chagrin !

Refrain :

Sur cette longue route et par un clair de lune,
Avec cette chanson qui résonne et s'envole au loin,
Et cette vieille guitare à sept cordes,
Qui tant me tourmentait la nuit.

Alors, vivant sans joie, sans tourment
Je me souviens des années passées.
Et de tes mains argentées
Saluant la troïka s’enfuyant à jamais !

(Refrain)

Les jours s’enfuient, multipliant les chagrins.
C'est si difficile pour moi d'oublier le passé.
Un jour, chérie,
Vous me conduirez jusqu’à la tombe.

(Refrain)

Petites-nouvelles-russes - Alexandre Vertinsky
Alexandre Vertinsky (Александр Вертинский) en costume de Pierrot

Un air célèbre repris par différents paroliers...

Cette version, la première popularisée hors de Russie, diffère du texte originel. Il s’agit en effet d’une adaptation écrite et enregistrée à Paris en 1926 par Alexandre Vertinsky (Александр Николаевич Вертинский) (1889-1957). En effet, dès 1920, le célèbre artiste s’était exilé d’URSS et, après quelques pérégrinations, avait rejoint la France. (Il rentrera au pays en 1943 pour poursuivre sa carrière). C’est sûrement à Paris, dans un des cabarets fréquentés par l’immigration russe, qu’il dut entendre la chanson 'Sur la longue route' pour la première fois et l’interpréta, conservant à deux mots près le refrain original tout en modifiant les couplets.

Dès lors, sur cette mélodie se sont greffées d’innombrables versions textuelles (tant en russe qu’en différentes langues) dont je renonce ici à vouloir faire le catalogue des versions – lire (en russe).

En quête des paroles originelles...

Sur la longue route (texte de la première version)

Доро́гой дли́нною (стихи первой версии)
­

1924

Paroles : Constantin Podrevsky — Слова: Константин Подревский

Е́хали на тро́йке с бубенца́ми,
А вдали ме́лька́ли огоньки́.
Эх, когда́ бы мне тепе́рь за ва́ми,
Ду́шу бы разве́ять от тоски́!

Припе́в:

Доро́гой дли́нною, пого́дой [да но́чью]* лу́нною,
Да с пе́сней той, что вдаль лети́т, звеня́,
Да с той стари́нною, да семистру́нною,
Что по ноча́м так му́чила меня́.

Да, выхо́дит, пе́ли мы зада́ром.
Понапра́сну ночь за но́чью жгли.
Е́сли мы поко́нчили со ста́рым,
Так и но́чи эти отошли́!

(Припе́в)

В даль ину́ю [родну́ю]* — но́выми путя́ми —
Е́хать нам судьбо́ю суждено́!
[Нам отны́не е́хать суждено́!]*
Е́хали на тро́йке с бубенца́ми,
Да тепе́рь прое́хали давно́.

(Припе́в)

[Никому́ тепе́рь уж не нужна́ я,
И любви́ было́й не вороти́ть,
Коль порвётся жизнь моя́ больна́я,
Вы меня́ вези́те хорони́ть.]**

(Припе́в)

Séparateur 3

Nous allions en troïka au son des clochettes,
Et des lumières scintillaient au loin.
Oh, comme j'aimerais vous suivre maintenant,
Pour chasser le chagrin de mon âme !

Refrain :

Sur cette longue route et par un ciel [une nuit]* de pleine lune,
Avec cette chanson qui résonne et s'envole au loin,
Et cette vieille guitare à sept cordes,
Qui tant me tourmentait la nuit.

Mais il s'avère que nous avons chanté en vain,
Brûlant pour rien nuit après nuit.
Si nous en avons fini avec le temps ancien,
Ces nuits aussi sont derrière nous !

(Refrain)

Vers un autre lointain [vers notre patrie lointaine]* – par de nouveaux chemins -
Nous sommes destinés [dès lors]* à nous rendre !
Nous allions en troïka au son des clochettes,
Il y a si longtemps à présent.

(Refrain)

[Personne n'a plus besoin de moi
Et l’amour passé ne saura revenir,
Si le fil de ma vie malade est rompu,
Vous me conduirez pour qu’on m’enterre.]**

(Refrain)

* Selon les versions.
** Ce dernier couplet est habituellement absent des versions enregistrées.
Petites-nouvelles-russes - Constantin Podrevsky
Constantin Podrevsky (Константин Николаевич Подревский) (1888-1930)

Un texte aujourd’hui repris mais tronqué et adapté…

L’auteur des paroles originales de la chanson 'Sur la longue route' fut Constantin Podrevsky (Константин Николаевич Подревский) (1888-1930). Mais dans le climat politique de l’époque, en Union soviétique, dès l'été 1929, ses œuvres furent interdites y compris cette célèbre romance, ses textes étant considérés comme ‘contre-révolutionnaires’. Constantin Podrevsky lui-même fut déclaré chanteur « nepman » (нэпман) — terme signifiant ‘bourgeois’. Cette déchéance et les nombreuses tracasseries qui s’en suivirent eurent raison de sa santé. Il décéda quelques mois plus tard, en février 1930. Depuis lors, la version de Podrevsky a été ‘réhabilitée’ et réenregistrée mais rarement dans son intégralité. Aujourd’hui, les interprètes russes, ‘mélangent’ allègrement les deux versions, celle de Vertinsky et celle de Podrevsky, puisant dans l’une et l’autre leurs paroles, les modifiant parfois.

Pour en savoir plus sur l’œuvre de Constantin Podrevsky : lire (en russe).

Voici, semble-t-il, la tout premier enregistrement sonore de la chanson ‘Sur la longue route’ interprétée en 1925 par Tamara Tsérétéli (Тамара Церетели)...

Dans cette dernière interprétation, le premier couplet est omis, mais on peut entendre le dernier couplet – aux paroles légèrement différentes de l’édition originale (déjà !).

Paroles du dernier couplet :

Никому́ быть мо́жет не нужна́ я.
Ва́шу тро́йку мне не вороти́ть.
Бог поймёт, а жизнь моя́ больна́я.
Вы меня́ вези́те хорони́ть.

Séparateur 3

Peut-être, personne n'a besoin de moi.
Je ne puis revenir en arrière.
Dieu comprendra, mais ma vie est souffrance.
Vous me conduirez pour qu’on m’enterre.

Voici enfin, afin de prouver la ‘vitalité’ de cette romance, mais seulement pour les amateurs de heavy metal la version du groupe AZON (АЗОН) enregistrée en 2022. (J’avoue : c’est… ‘spécial’ 🤔 )...

Dalida : Le temps des fleurs (1968)

Au début des années 60, la chanson connaîtra à nouveau la renommée internationale, adaptée en anglais sous le titre ‘Those were the days' (Ainsi étaient les jours). En 1968, elle sera reprise en français sur des paroles d'Eddy Marnay, ce sera 'Le temps des fleurs'.

Le tintement des grelots (Слышен звон бубенцов)
Alekseï Vaciliev (Алексей Васильев)

Le tintement des grelots - Слы́шен звон бубенцо́в

(Fin des années 1920 ?)
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Musique : Vladimir* Bakaleïnikov - Музыка: Владимир Бакалейников

Paroles : Alexandre Koussikov — Слова: Александр Кусиков
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* Selon certaines sources le compositeur en fut peut-être Nikolaï Bakaleïnikov, le frère de Vladimir.

Се́рдце бу́дто просну́лось пугли́во,
Пережи́того ста́ло мне жаль.
Пусть же ко́ни с распу́щенной гри́вой
С бубенца́ми умча́т меня́ вдаль.

Слы́шу звон бубенцо́в издалёка,
Э́то тро́йки знако́мый разбе́г.
А вокру́г расстели́лся широ́ко
Бе́лым са́ваном и́скристый снег.

Пусть ямщи́к сно́ва пе́сню затя́нет,
Ве́тер бу́дет ему́ подпева́ть.
Что прошло́, никогда́ не наста́нет,
Так заче́м же, заче́м горева́ть.

Слы́шу звон бубенцо́в…

Звон бубе́нчиков тре́петно мо́жет
Воскреси́ть позабы́тую тень.
Мою́ ру́сскую ду́шу встрево́жить
И встряхну́ть мою́ ру́сскую лень.

Слы́шу звон бубенцо́в…

Séparateur 3

C'est comme si mon cœur se réveillait effrayé,
Désolé de ce que j’ai vécu.
Que puissent les chevaux aux crinières déliées
M'emporter au loin au son de leurs grelots.

J'entends le tintement des grelots au loin,
Il s’agit de l’élan familier d’une troïka.
Et tout autour, s'étendant largement,
La neige scintille tel un linceul blanc.

Que le cocher reprenne sa chanson,
Le vent chantera avec lui.
Le passé jamais ne reviendra,
Alors pourquoi, pourquoi s'affliger.

J'entends le tintement des grelots...

Le tintement des grelots peut, frémissant,
Ressusciter une ombre oubliée,
Déranger mon âme russe,
Et bousculer mon indolence russe.

J'entends le tintement des grelots...

Petites nouvelles russes - Alexandre Koussikov
Alexandre Koussikov (Александр Борисович Кусиков), 1896-1977

Une chanson en écho à ‘Sur la longue route’...

Cette chanson, composée au cours des années 1920, sonne, en quelque sorte, en écho avec la célèbre mélodie – écrite à la même époque - ‘Sur la longue route’ (Доро́гой дли́нною), devenue internationalement célèbre, d’abord auprès des nombreux émigrés ayant fuit l’URSS naissante.

Son parolier, le poète Alexandre Koussikov (Александр Борисович Кусиков) (1896-1977), émigré lui-aussi dès 1922, restera, durant son exil, toujours proche du nouveau régime soviétique. C’est ainsi qu’en 1924 il crée à Paris la « Société des Amis de la Russie ». Loin de ses racines, craignant de rentrer dans son pays, sa verve créatrice se tarit dès les années 30. Il décédera à Paris, en 1977 sans jamais avoir revu sa terre natale.

Pour en savoir plus sur la chanson et ses auteurs : lire (en russe).

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