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Stenka Razine 1
La chanson de Stenka Razine (Из-за острова на стрежень...)
interprétée en 1973 par Boris Chtokolov (Борис Штоколов)La chanson de Stenka Razine - Стенька Разин
L’histoire d’un héros devenu légendaire...
D’après un poème de Dimitri Sadovnikov (1883)
На стихи Дмитрия Николаевича Садовникова (1883 г.)Musique :
Mikhail Ippolitov-Ivanov (1908) Михаил Михайлович Ипполитов-ИвановLes paroles de cette chanson ont connu – comme nombre d’airs populaires russes – plusieurs variantes – certains vers ayant été modifiés, certains couplets déplacés ou tout simplement ignorés. J’ai mis entre parenthèses () les vers et strophes absents dans l’interprétation ci-dessus.
Из-за острова на стрежень,
На простор речной волны
Выплывают расписные
Стеньки Разина челны.
(Острогрудые челны.)
На переднем Стенька Разин
Обнявшись сидит с княжной,
Свадьбу новую справляет,
Сам весёлый и хмельной.Позади их слышен ропот:
"Нас на бабу променял,
Только ночь с ней провожжался,
Сам наутро бабой стал"Этот ропот и насмешки
Слышит грозный атаман,
И он мощною рукою
Обнял персиянки стан…(Брови чёрные сошлися,
Надвигается гроза.
Буйной кровью налилися
Атамановы глаза.)"Всё отдам не пожалею,
Буйну голову отдам!", -
Раздаётся голос властный
По окрестным берегам.А она, потупя очи,
Не жива и не мертва,
Молча слушает хмельные
Атамановы слова."Волга-Волга, Мать родная,
Волга - русская река!
Не видала ты подарка
От донского казака!"("Чтобы не было раздора
Между вольными людьми,
Волга, Волга, мать родная,
На, красавицу прими!")Мощным взмахом поднимает
Он красавицу княжну
И за борт её бросает
В набежавшую волну...("Что ж вы, братцы, приуныли?
Эй ты, Филька, чёрт, пляши!
Грянем песню удалую
На помин её души!..")Depuis l’île, au plus fort du courant,
Jusqu’au large, sur les vagues du fleuve,
Fondant les flots de leurs rames,
Courent les vaisseaux aux vives couleurs
De Stenka Razine.
(Les vaisseaux à la proue acérée.)A l’avant se tient Stenka Razine.
Enlaçant sa princesse assise à ses côtés,
Joyeux et tout grisé,
Il fête ses nouvelles noces.Derrière eux, un murmure se fait entendre :
"Il nous a échangés contre une femme,
Une seule nuit avec elle a suffi,
Et au matin le voilà lui-même devenu femme."Le redoutable ataman¹
Entendant ces murmures et ces moqueries
D'une main puissante
Saisit sa princesse persane...(Ses sourcils noirs se froncent,
Une tempête est à venir.
Les yeux de l’ataman
Se gorgent d’un sang violent.)"Je donnerai tout, sans regret,
J’offrirai ma tête impétueuse !", -
Sa voix puissante résonne
Le long des rives environnantes.Et elle, baissant les yeux,
Ni vivante ni morte,
Écoute en silence
Les paroles de l’ataman, pleines d’ivresse :"Volga-Volga, chère mère,
Volga - fleuve russe !
Tu n'as pas vu encore le cadeau
Que t’offre le Cosaque du Don !"("Pour éviter la discorde
Entre les hommes libres
Volga, Volga, chère mère,
Tiens, prends la belle !")Et d’un geste puissant il soulève
La belle princesse
Et la jette par-dessus bord
Dans le flot du courant…("Pourquoi donc, mes frères, êtes-vous tristes ?
Eh toi, Filka, mon ami, que diable, danse donc !
Entonnons une chanson
En mémoire de son âme !... ")1. Un ataman était un chef de guerre cosaque.Voici une autre version interprétée par les Chœurs de l’Armée rouge :
Alexeï Sergeev (Алексей Сергеев) et le chœur Alexandrov de l'Armée Rouge (1965)
Dimitri Sadovnikov (1847-1883) Un air sur des paroles originelles du poète Dimitri Sadovnikov :
Avec quelques différences mineures (et quelques raccourcis), la chanson reprend les paroles d'un poème de Dimitri Sadovnikov (Дмитри Николаевич Садовников) (1847-1883) - poète, folkloriste et ethnographe. Le poème, intitulé 'Chanson' (Песния) fut publié en 1883. L’auteur s’inspira de nombreux airs et récits populaires qui circulaient en Russie sur ce personnage quasi-mythique du XVII° siècle, ainsi que des ‘Chants dédiés à Stenka Razine’ (Песни о Стеньке Разине) écrits en 1826 par Alexandre Pouchkine.
La chanson de Stenka Razine (Песния), poème de Dimitri Sadovnikov (1883).
Lecture : Vladimir Antonik (Владимир Антоник)Песния
Из-за острова на стрежень,
На простор речной волны
Выбегают расписные,
Острогрудые челны.На переднем Стенька Разин,
Обнявшись с своей княжной,
Свадьбу новую справляет,
И весёлый и хмельной.А княжна, склонивши очи,
Ни жива и ни мертва,
Робко слушает хмельные,
Неразумные слова."Ничего не пожалею!
Буйну голову отдам!" –
Раздаётся по окрестным
Берегам и островам."Ишь ты, братцы, атаман-то
Нас на бабу променял!
Ночку с нею провозился –
Сам наутро бабой стал..."Ошалел... Насмешки, шёпот
Слышит пьяный атаман –
Персиянки полонённой
Крепко обнял полный стан.Гневно кровью налилися
Атамановы глаза,
Брови чёрные нависли,
Собирается гроза..."Эх, кормилица родная,
Волга-матушка река!
Не видала ты подарков
От донского казака!..Чтобы не было зазорно
Перед вольными людьми,
Перед вольною рекою, –
На, кормилица... возьми!"Мощным взмахом поднимает
Полонённую княжну
И, не глядя, прочь кидает
В набежавшую волну..."Что затихли, удалые?..
Эй ты, Фролка, чёрт, пляши!..
Грянь, ребята, хоровую
За помин её души!.."Chanson
Depuis l’île, au plus fort du courant,
Jusqu’au large, sur les vagues du fleuve,
Fondant les flots de leurs rames,
Courent les vaisseaux aux vives couleurs,
A la proue acérée.A l’avant se tient Stenka Razine.
Enlaçant sa princesse assise à ses côtés,
Joyeux et tout grisé,
Il fête ses nouvelles noces.Et la princesse, les yeux baissés,
ni vivante ni morte,
Écoute timidement
Les folles paroles de l’ataman ivre :"Je n’aurai aucun regret !
J’offrirai ma tête impétueuse !"
Ses mots résonnent alentour,
Sur les rives et jusqu’aux îles."Voyez donc, mes frères, comment l'ataman
Nous a échangés contre une femme !
Une petite nuit avec elle a suffi,
Et au matin, lui-même est devenu femme..."Il a perdu la tête... Voilà les railleries,
Les chuchotements qu’entend l’ataman ivre.
Et il enlace de toutes ses forces
La Persane captive aux formes généreuses.Les yeux de l’ataman
Débordent d’une colère sanguinaire,
Ses sourcils noirs se froncent,
Prémices de tempête..."Oh, douce nourrice,
Volga-Petite mère !
Tu n'as pas vu encore les présents
Que t’offre le Cosaque du Don ! .."Pour ne pas subir l’opprobre
De tous ces hommes libres,
L’opprobre de la rivière qui court librement -
Voilà, nourrice... prends-la !"Et d’un geste puissant il soulève
La princesse captive
Et, sans un regard, la précipite
Dans le flot du courant…"Pourquoi ce silence, mes braves ?...
Eh toi, Frol, mon frère²,
Que diable, danse donc !...
Grondez, les gars, chantez en chœur,
A la mémoire de son âme !..."2. Frol Razine était le frère cadet de Stenka Razine.Dimitri Sadovnikov écrivit par ailleurs un autre poème sur ce héros, 'L'ataman et le iessaoul' (Атаман и есаул). Lire (en russe)
Voici une version de la chanson interprétée par le Chœur des Cosaques du Don.
Chœur des Cosaques du Don Sergueï Jarov
(Хор донских казаков Сергея Жарова)Stenka Razine au cinéma :
Si l’imaginaire populaire s’est emparé très tôt de ce héros, dès son apparition en Russie le cinéma ne fut pas en reste. Ainsi, dès 1908, Stenka Razine fut porté à l’écran dans ce qui est considéré comme le premier film russe, réalisé par Vladimir Romachkov (Владимир Фёдорович Ромашков), sous le titre ‘La liberté en aval [de la Volga]’ (Понизовая вольница).
'La liberté sur la Volga' (Понизовая вольница) - 1908
Le film, muet, de moins d’une dizaine de minutes, projeté pour la première fois à Saint-Pétersbourg, bénéficia à sa sortie d’un accompagnement musical : la Chanson de Stenka Razine (Из-за острова на стрежень...), enregistrée pour l’occasion sur gramophone. Composé par Mikhail Ippolitov-Ivanov (Михаил Михайлович Ипполитов-Иванов), cet air était initialement destiné à une pièce de théâtre écrite par Vassili Goncharov (Василий Михайлович Гончаров).
Stenka Razine - affiche du film (1908) Ce fut là, en l’occurrence, le premier cas attesté de violation du droit d'auteur par un cinéaste. En effet, le producteur du film, Alexandre Drankov (Александр Осипович Дранков), n’avait conclu aucun contrat formel ni avec Vassili Goncharov, l'auteur du scénario original de la pièce de théâtre, ni avec Mikhail Ippolitov-Ivanov, le compositeur de la musique. Peut-être est-ce pour cela que, depuis, la Chanson de Stenka Razine est considérée, la plupart du temps, comme un air du répertoire folklorique et que le nom de son compositeur est passé sous silence. Voici ici que justice lui est rendue !
En 1939, Ivan Pravov (Иван Правов) et Olga Preobrajenskaïa (Ольга Преображенская) réalisèrent un long métrage ‘Stéphane Razine’ (Степан Разин), qui n’eut pas, semble-t-il, le succès escompté.
‘Stéphane Razine’ (Степан Разин) 1939, réalisé par
I. Pravov (И. Правов) et O. Preobrajenskaïa (О. Преображенская) -
Sur la longue route
Sur la longue route (Доро́гой дли́нною)
Interprétée par Alexandre Vertinsky (Александр Вертинский)
Version remastérisée
Sur la longue route - Доро́гой дли́нною
Musique : Boris Fomine - Музыка: Борис Фомин (1924)
Paroles : Alexandre Vertinsky — Слова: Александр Вертинский (1926)
Interprète : Alexandre Vertinsky - Исполнитель : Александр Вертинский
Е́здили на тро́йках с бубенца́ми,
А вдали́ мелька́ли огоньки́.
Мне б сейча́с, соко́лики, за ва́ми,
Ду́шу б мне разве́ять от тоски́!Припе́в:
Доро́гой дли́нною, и но́чью лу́нною,
И с пе́сней той, что вдаль лети́т, звеня́,
И с той стари́нною, с той семистру́нною,
Что по ноча́м так му́чила меня́.Так, живя́ без ра́дости, без му́ки
По́мню я уше́дшие года́.
И твои́ сере́бряные ру́ки
Тро́йке, улете́вшей навсегда́!(Припе́в)
Дни иду́т, печа́ли умножа́я.
Мне так тру́дно про́шлое забы́ть.
Как-нибу́дь одна́жды, дорога́я,
Вы меня́ свезёте хорони́ть.(Припе́в)
Nous allions en troïka au son des clochettes,
Et des lumières scintillaient au loin.
O compagnons, comme j’aimerais vous suivre à présent
Et pouvoir chasser de mon âme ce chagrin !Refrain :
Sur cette longue route et par un clair de lune,
Avec cette chanson qui résonne et s'envole au loin,
Et cette vieille guitare à sept cordes,
Qui tant me tourmentait la nuit.Alors, vivant sans joie, sans tourment
Je me souviens des années passées.
Et de tes mains argentées
Saluant la troïka s’enfuyant à jamais !(Refrain)
Les jours s’enfuient, multipliant les chagrins.
C'est si difficile pour moi d'oublier le passé.
Un jour, chérie,
Vous me conduirez jusqu’à la tombe.(Refrain)
Alexandre Vertinsky (Александр Вертинский) en costume de Pierrot Un air célèbre repris par différents paroliers...
Cette version, la première popularisée hors de Russie, diffère du texte originel. Il s’agit en effet d’une adaptation écrite et enregistrée à Paris en 1926 par Alexandre Vertinsky (Александр Николаевич Вертинский) (1889-1957). En effet, dès 1920, le célèbre artiste s’était exilé d’URSS et, après quelques pérégrinations, avait rejoint la France. (Il rentrera au pays en 1943 pour poursuivre sa carrière). C’est sûrement à Paris, dans un des cabarets fréquentés par l’immigration russe, qu’il dut entendre la chanson 'Sur la longue route' pour la première fois et l’interpréta, conservant à deux mots près le refrain original tout en modifiant les couplets.
Dès lors, sur cette mélodie se sont greffées d’innombrables versions textuelles (tant en russe qu’en différentes langues) dont je renonce ici à vouloir faire le catalogue des versions – lire (en russe).
En quête des paroles originelles...
Sur la longue route (Доро́гой дли́нною)
Interprété par les Chœurs de l’Armée Rouge
Sur la longue route (texte de la première version)
Доро́гой дли́нною (стихи первой версии)
1924
Paroles : Constantin Podrevsky — Слова: Константин Подревский
Е́хали на тро́йке с бубенца́ми,
А вдали ме́лька́ли огоньки́.
Эх, когда́ бы мне тепе́рь за ва́ми,
Ду́шу бы разве́ять от тоски́!Припе́в:
Доро́гой дли́нною, пого́дой [да но́чью]* лу́нною,
Да с пе́сней той, что вдаль лети́т, звеня́,
Да с той стари́нною, да семистру́нною,
Что по ноча́м так му́чила меня́.Да, выхо́дит, пе́ли мы зада́ром.
Понапра́сну ночь за но́чью жгли.
Е́сли мы поко́нчили со ста́рым,
Так и но́чи эти отошли́!(Припе́в)
В даль ину́ю [родну́ю]* — но́выми путя́ми —
Е́хать нам судьбо́ю суждено́!
[Нам отны́не е́хать суждено́!]*
Е́хали на тро́йке с бубенца́ми,
Да тепе́рь прое́хали давно́.(Припе́в)
[Никому́ тепе́рь уж не нужна́ я,
И любви́ было́й не вороти́ть,
Коль порвётся жизнь моя́ больна́я,
Вы меня́ вези́те хорони́ть.]**(Припе́в)
Nous allions en troïka au son des clochettes,
Et des lumières scintillaient au loin.
Oh, comme j'aimerais vous suivre maintenant,
Pour chasser le chagrin de mon âme !Refrain :
Sur cette longue route et par un ciel [une nuit]* de pleine lune,
Avec cette chanson qui résonne et s'envole au loin,
Et cette vieille guitare à sept cordes,
Qui tant me tourmentait la nuit.Mais il s'avère que nous avons chanté en vain,
Brûlant pour rien nuit après nuit.
Si nous en avons fini avec le temps ancien,
Ces nuits aussi sont derrière nous !(Refrain)
Vers un autre lointain [vers notre patrie lointaine]* – par de nouveaux chemins -
Nous sommes destinés [dès lors]* à nous rendre !
Nous allions en troïka au son des clochettes,
Il y a si longtemps à présent.(Refrain)
[Personne n'a plus besoin de moi
Et l’amour passé ne saura revenir,
Si le fil de ma vie malade est rompu,
Vous me conduirez pour qu’on m’enterre.]**(Refrain)
* Selon les versions.
** Ce dernier couplet est habituellement absent des versions enregistrées.Constantin Podrevsky (Константин Николаевич Подревский) (1888-1930) Un texte aujourd’hui repris mais tronqué et adapté…
L’auteur des paroles originales de la chanson 'Sur la longue route' fut Constantin Podrevsky (Константин Николаевич Подревский) (1888-1930). Mais dans le climat politique de l’époque, en Union soviétique, dès l'été 1929, ses œuvres furent interdites y compris cette célèbre romance, ses textes étant considérés comme ‘contre-révolutionnaires’. Constantin Podrevsky lui-même fut déclaré chanteur « nepman » (нэпман) — terme signifiant ‘bourgeois’. Cette déchéance et les nombreuses tracasseries qui s’en suivirent eurent raison de sa santé. Il décéda quelques mois plus tard, en février 1930. Depuis lors, la version de Podrevsky a été ‘réhabilitée’ et réenregistrée mais rarement dans son intégralité. Aujourd’hui, les interprètes russes, ‘mélangent’ allègrement les deux versions, celle de Vertinsky et celle de Podrevsky, puisant dans l’une et l’autre leurs paroles, les modifiant parfois.
Pour en savoir plus sur l’œuvre de Constantin Podrevsky : lire (en russe).
Voici, semble-t-il, la tout premier enregistrement sonore de la chanson ‘Sur la longue route’ interprétée en 1925 par Tamara Tsérétéli (Тамара Церетели)...
Sur la longue route (Доро́гой дли́нною)
Tamara Tsérétéli (Тамара Церетели), 1925Dans cette dernière interprétation, le premier couplet est omis, mais on peut entendre le dernier couplet – aux paroles légèrement différentes de l’édition originale (déjà !).
Paroles du dernier couplet :
Никому́ быть мо́жет не нужна́ я.
Ва́шу тро́йку мне не вороти́ть.
Бог поймёт, а жизнь моя́ больна́я.
Вы меня́ вези́те хорони́ть.Peut-être, personne n'a besoin de moi.
Je ne puis revenir en arrière.
Dieu comprendra, mais ma vie est souffrance.
Vous me conduirez pour qu’on m’enterre.Voici enfin, afin de prouver la ‘vitalité’ de cette romance, mais seulement pour les amateurs de heavy metal la version du groupe AZON (АЗОН) enregistrée en 2022. (J’avoue : c’est… ‘spécial’ 🤔 )...
Sur la longue route (Доро́гой дли́нною)
AZON (АЗОН), 2022Dalida : Le temps des fleurs (1968)
Au début des années 60, la chanson connaîtra à nouveau la renommée internationale, adaptée en anglais sous le titre ‘Those were the days' (Ainsi étaient les jours). En 1968, elle sera reprise en français sur des paroles d'Eddy Marnay, ce sera 'Le temps des fleurs'.
Le tintement des grelots (Слышен звон бубенцов)
Alekseï Vaciliev (Алексей Васильев)Le tintement des grelots - Слы́шен звон бубенцо́в
(Fin des années 1920 ?)
Musique : Vladimir* Bakaleïnikov - Музыка: Владимир Бакалейников
Paroles : Alexandre Koussikov — Слова: Александр Кусиков
* Selon certaines sources le compositeur en fut peut-être Nikolaï Bakaleïnikov, le frère de Vladimir.
Се́рдце бу́дто просну́лось пугли́во,
Пережи́того ста́ло мне жаль.
Пусть же ко́ни с распу́щенной гри́вой
С бубенца́ми умча́т меня́ вдаль.Слы́шу звон бубенцо́в издалёка,
Э́то тро́йки знако́мый разбе́г.
А вокру́г расстели́лся широ́ко
Бе́лым са́ваном и́скристый снег.Пусть ямщи́к сно́ва пе́сню затя́нет,
Ве́тер бу́дет ему́ подпева́ть.
Что прошло́, никогда́ не наста́нет,
Так заче́м же, заче́м горева́ть.Слы́шу звон бубенцо́в…
Звон бубе́нчиков тре́петно мо́жет
Воскреси́ть позабы́тую тень.
Мою́ ру́сскую ду́шу встрево́жить
И встряхну́ть мою́ ру́сскую лень.Слы́шу звон бубенцо́в…
C'est comme si mon cœur se réveillait effrayé,
Désolé de ce que j’ai vécu.
Que puissent les chevaux aux crinières déliées
M'emporter au loin au son de leurs grelots.J'entends le tintement des grelots au loin,
Il s’agit de l’élan familier d’une troïka.
Et tout autour, s'étendant largement,
La neige scintille tel un linceul blanc.Que le cocher reprenne sa chanson,
Le vent chantera avec lui.
Le passé jamais ne reviendra,
Alors pourquoi, pourquoi s'affliger.J'entends le tintement des grelots...
Le tintement des grelots peut, frémissant,
Ressusciter une ombre oubliée,
Déranger mon âme russe,
Et bousculer mon indolence russe.J'entends le tintement des grelots...
Alexandre Koussikov (Александр Борисович Кусиков), 1896-1977 Une chanson en écho à ‘Sur la longue route’...
Cette chanson, composée au cours des années 1920, sonne, en quelque sorte, en écho avec la célèbre mélodie – écrite à la même époque - ‘Sur la longue route’ (Доро́гой дли́нною), devenue internationalement célèbre, d’abord auprès des nombreux émigrés ayant fuit l’URSS naissante.
Son parolier, le poète Alexandre Koussikov (Александр Борисович Кусиков) (1896-1977), émigré lui-aussi dès 1922, restera, durant son exil, toujours proche du nouveau régime soviétique. C’est ainsi qu’en 1924 il crée à Paris la « Société des Amis de la Russie ». Loin de ses racines, craignant de rentrer dans son pays, sa verve créatrice se tarit dès les années 30. Il décédera à Paris, en 1977 sans jamais avoir revu sa terre natale.
Pour en savoir plus sur la chanson et ses auteurs : lire (en russe).
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Sur le chemin de Mourom
Sur le chemin de Mourom (По му́ромской доро́жке)
Interprété par Valentina Gotovtseva (Валентина Готовцева)Sur le chemin de Mourom
По (или На) му́ромской доро́жке
Sur un air du compositeur : Mikhaïl Obytchaïko
На мелодию композитора: Михаил Обычайко)
1908 ?Auteur des paroles : inconnu- Автор текста: неизвестно
Sur le chemin de Mourom il y avait trois pins...
По Му́ромской доро́жке
Стоя́ли три сосны́.
Проща́лся со мной ми́лый
До бу́дущей весны́.Он кля́лся и божи́лся
Одну́ меня́ люби́ть.
На да́льней на сторо́нушке
Меня́ не позабы́ть.Он на коня́ сади́лся,
Умча́лся ми́лый вдаль.
Оста́вил мне на се́рдце
Тоску́ лишь, да печа́ль.[Я до́лго тоскова́ла,
Все но́чи не спала́,
Я пла́кала, рыда́ла,
Всё ми́лого ждала́.]*Одна́жды мне присни́лся
Тяжёлый стра́шный сон,
Мой ми́ленький жени́лся,
Наруши́л кля́тву он.Но я над сном смея́лась
При я́рком све́те дня.
Не мо́жет того́ сбы́ться,
Чтоб мил забы́л меня́!Но ско́ро сон мой сбы́лся.
И ра́ннею весно́й
Мой ми́лый возврати́лся
С краса́вицей жено́й.Я у воро́т стоя́ла,
Когда́ он проезжа́л,
Меня́ в толпе́ наро́да
Он взгля́дом отыска́л.Уви́дел мои́ слёзы,
Глаза́ вниз опусти́л.
Он по́нял, что наве́ки
Он се́рдце мне разби́л.По Му́ромской доро́жке
Стоя́ли три сосны́.
Проща́лся па́рень с де́вушкой
До бу́дущей весны́.Sur le chemin de Mourom,
Il y avait trois pins.
Mon aimé m’a fait ses adieux
Jusqu'au printemps prochain.Il a juré et promis
De n'aimer que moi seule,
Et dans quelque pays lointain où il serait
De ne jamais m'oublier.Mon aimé a pris son cheval,
Et disparu dans le lointain,
Ne me laissant au cœur
Que tristesse et chagrin.[J'ai longtemps soupiré
Toutes ces nuits je suis restée sans dormir,
J'ai pleuré, j'ai sangloté
J’ai toujours attendu mon aimé.]*Une fois j’ai fait un rêve,
Un rêve terrible et lourd :
Mon amoureux s’était marié,
Rompant ainsi son serment.Mais j'ai ri de mon rêve
Au matin, à la clarté du jour.
Cela ne se peut pas
Que mon aimé m’oublie !Mais bientôt mon rêve est devenu réalité.
Et au début du printemps
Mon amour était de retour
Aux bras d’une belle épouse.Je me tenais près de la porte
Quand il est passé,
Et dans la foule
Du regard il m'a cherchée.Voyant mes larmes
Il a baissé les yeux.
Et a compris que pour toujours
Il m’avait brisé le cœur.Sur le chemin de Mourom
Il y avait trois pins,
Et un gars disant adieu à une fille
Jusqu'au printemps prochain.* Cette strophe ne figure pas dans la version interprétée ci-dessus.
Mourom à la fin du XVIIIe siècle Mourom (Муром) est une ville parmi les plus anciennes de Russie (son nom est déjà mentionné dès l’an 862 !), située dans la région de Vladimir, sur la rivière Oka, à environ 300 kilomètres à l’est de Moscou.
'Mélancolie' (Тоска), valse Un auteur inconnu et un compositeur aujourd’hui largement ignoré :
Malgré de nombreuses (et infructueuses) recherches le nom de l’auteur des paroles de la chanson ‘Sur le chemin de Mourom’ reste inconnu. Le compositeur, par contre, semblerait être Mikhaïl Obytchaïko (Михаил Георгиевич Обычайко) (1862—1944) qui, en 1908 (?), écrivit une valse, célèbre à son époque : ‘Mélancolie’ (Тоска). Même si beaucoup persistent à affirmer qu’il s’agit là d’un air populaire savamment repris par ce compositeur.
Sur un air de valse triste...
Depuis qu’on chante des chansons, c’est-à-dire depuis toujours, certaines racontent encore et encore le désespoir et le chagrin de femmes trahies par l’homme qu’elles ont aimé, aimé à en ‘perdre la tête’. Dans la même veine, écouter ‘Le Malheur’ (Беда), magnifique chanson de Vladimir Vyssotski.
‘Sur le chemin de Mourom’, depuis des lustres passé dans le répertoire populaire, a connu de nombreuses versions, plus ou moins longues et… parfois plus tragiques encore. Dans une des variantes résonnent les vers : ‘Je vais aller dans la forêt de chênes. Là où coule une rivière. Elle me prendra dans ses froides étreintes…’ (Пойду я в лес-дубраву. Там реченька течёт. В холодные объятья она меня возьмёт.) C’est peu dire !
'Sur le chemin de Mourom'... 'Sur le Chemin de Mourom' (На Муромской Дорожке), 1993 "Sur le chemin de Mourom" (На Муромской Дорожке), 1993 :
En 1993, le film éponyme, "Sur le chemin de Mourom" (На Муромской Дорожке), réalisé par Fiodor Pétroukhine (Фёдор Федорович Петрухин) reprend le thème musical de la chanson : Voir le film dans son intégralité (en russe) sur Youtube.
La chanson ‘Sur le chemin de Mourom’ faisait partie du répertoire de Lidia Rouslanova (Лидия Андреевна Русланова) (1900-1973), célèbre, en particulier, pour ses interprétations des airs folkloriques russes. C’est elle qui, en Union soviétique, aura initié la popularité de cette triste rengaine. Ecouter et voir sur Youtube les images du film de Fiodor Pétroukhine.
Byline d'Ilya Mouromets Sur le chemin de Mourom…
La chanson nous dit qu’une jeune femme y attend près de trois pins jusqu’au printemps suivant son amoureux. Peut-être y croisera-t-elle Ilya Mouromets (Илья Муромец), héros légendaire des contes de la vieille Russie partant sur la route de Kiev ? Mais ceci est une autre histoire…
Voici, enfin, pour la route, une dernière version de la chanson interprétée par Nadiejda Kadycheva et l'ensemble 'Zolotoe Koltso' (Надежда Кадышева и Ансамбль "Золотое Кольцо")...
Sur le chemin de Mourom, Nadiejda Kadycheva (Надежда Кадышева)...
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Les douze brigands
Les douze brigands (Бы́ло двена́дцать разбо́йников…),
interprété par le Chœur des Cosaques du Don (Хор донских казаков Сергея Жарова)Les douze brigands
Бы́ло двена́дцать разбо́йников…D’après un poème de Nikolaï Nekrassov (Николай Некрасов), 1876/77
Compositeur : Nicolaï Manykine-Nevstrouev (?)
Музыка: Николай Маныкин-Невструев (?)Crimes et châtiment - crimes et rédemption...
Припе́в:
Го́споду Бо́гу помо́лимся,
Дре́внюю быль возвести́м!
Так в Соло́вках нам расска́зывал
Ино́к свято́й Питири́м.Жи́ло двена́дцать разбо́йников,
Жил Кудея́р атама́н.
Мно́го разбо́йники про́лили
Кро́ви честны́х христиа́н!(Припе́в)
[Мно́го добра́ понагра́били,
Жи́ли в дрему́чем лесу́.
Сам Кудея́р, из-под Кие́ва
Вы́вез деви́цу красу́.]*Днём с полюбо́вницей те́шился,
Но́чью набе́ги твори́л.
Вдруг у разбо́йника лю́того
Со́весть Госпо́дь пробуди́л.(Припе́в)
Бро́сил свои́х он това́рищей,
Бро́сил набе́ги твори́ть;
Сам Кудея́р в монасты́рь пошёл
Бо́гу и лю́дям служи́ть!(Припе́в)
Refrain :
Prions le Seigneur Dieu,
Proclamons l'histoire ancienne !
Voici ce qu’à Solovki¹ nous a raconté
Le saint moine Pitirim².Il y avait douze brigands
Et, à leur tête, l’ataman Koudeyar³.
Et ces brigands versèrent
Beaucoup de sang d’honnêtes Chrétiens !(Refrain)
[Détroussant et volant beaucoup de biens,
Ils vivaient dans une forêt dense.
Koudeyar lui-même, tout près de Kiev
Enleva, dit-on, une jolie fille.]*Le jour, il profitait de sa maîtresse,
La nuit, il partait faire ses coups.
Quand soudain le Seigneur
Vint éveiller sa conscience.(Refrain)
Alors il abandonna ses acolytes,
Il cessa ses mauvais coups ;
Et Koudeyar lui-même se fit moine
Pour servir Dieu et les hommes !(Refrain)
* Cette strophe ne figure pas dans la version interprétée ci-dessus.1. Les îles Solovki (Соловецкие Острова) forment un archipel au nord-ouest de la Russie dans la mer Blanche.
2. Pitirim (Питирим), du nom de l’évêque Pitirim (1645-1698), saint homme qui n’hésitait pas à s’engager à l’édification de ses ouailles et à la conversion des infidèles.
3. Voir explication détaillée ci-dessous.Comme de nombreuses chansons passées dans le répertoire traditionnel russe, on trouvera des versions plus ou moins longues et… plus ou moins ‘arrangées' des Douze brigands (Lire – en russe).
Pourtant, il s’agit bien (là aussi) d’une œuvre dont on connaît l’auteur des paroles : Le poète Nikolaï Nekrassov. (Même si son compositeur, quant à lui, reste incertain – le nom du compositeur et poète Nicolas Manykine-Nevstrouev (Николай Александрович Маныкин-Невструев) (1869-1920 ?) étant la plupart du temps cité.)
Nikolaï Nekrassov (1821-1877) A l’origine, un poème de Nikolaï Nekrassov :
Nikolaï Nekrassov (Николай Алексеевич Некрасов) 1821-1877, fut aussi, entre autre, l’auteur des paroles de la chanson ‘La petite boîte’ (Lire et écouter). Page où figure une courte présentation de l’auteur.
Les paroles de la chanson des ‘Douze brigands’ (Было двенадцать разбойников…) sont directement tirées de son poème ‘A propos de deux grands pécheurs’ (О двух великих грешниках) – Lire (en russe) - , extrait du cycle ‘Pour qui fait-il bon vivre en Russie’ (Кому на Руси жить хорошо) – Lire (en russe) dans son intégralité -, œuvre restée inachevée, sur laquelle l’auteur travailla de 1860 jusqu’à sa mort, en 1877, et qui raconte le voyage de sept paysans à travers le pays afin d’y trouver au moins une personne heureuse.
La parabole des deux grands pécheurs :
Dans la suite du poème de Nékrassov, qui se présente comme une parabole, Koudeyar (Кудеяр), bandit de grand chemin repenti, se retire en ermite dans la forêt. Afin d’expier ses péchés, il se verra confier par un ange la tâche irréalisable, à l’aide de la lame du couteau qui lui avait servi à tuer tant de gens, d’abattre un grand chêne. L’arbre s’effondrera le jour où Koudeyar aura, dans un accès de colère, poignardé un ‘pan’ – un grand seigneur - qui le narguait en se targuant, quant à lui, de n’avoir jamais eu de remords, malgré ses nombreuses cruautés envers ses pauvres gens.
Le poème s’achève sur ces deux strophes :
Un vieil ermite russe То́лько что пан окрова́вленный
Пал голово́й на седло́,
Ру́хнуло дре́во грома́дное,
Э́хо весь лес потрясло́.Ру́хнуло дре́во, скатило́ся
С и́нока бре́мя грехо́в!..
Го́споду Бо́гу помо́лимся:
Ми́луй нас, тёмных рабо́в!Juste au moment ou la tête du pan sanguinaire
S’écroula sur la selle de son cheval,
L’immense arbre s'effondra,
Et son écho secoua toute la forêt.L'arbre s’écroula, emportant dans sa chute
Le fardeau des péchés de l’ermite ! ..
Prions le Seigneur Dieu :
Qu’il ait pitié de nous, sombres esclaves !Deux grand pécheurs donc, l’un qui sera pardonné et l’autre envoyé en Enfer :
Si Koudeyar, le bandit de grand chemin, se verra pardonner ses péchés, malgré ses nombreux crimes et sa vie dissolue, le grand seigneur subira un juste châtiment, car ses crimes paraissent impardonnables (‘imprescriptibles’ dirions-nous de nos jours)...
Nous n’épiloguerons pas ici sur la ‘morale’ chrétienne de cette ‘étonnante’ rédemption des péchés en ‘récompense’ un crime commis 'au nom de la Justice divine’. (Lire à ce propos (en russe) l’analyse qu'en donne le philologue Vladimir Melnik (В. И. Мельник)).
Peut-être faut-il mieux y percevoir le germe de la révolte (восстание), voire de la révolution à venir, celle du peuple russe opprimé, marqué par des siècles de servitude et avide de Justice en ce bas-monde ? (Lire en russe : Lit.ukrvory.ru).
Pour en savoir plus (en russe) : "’Des deux grands pécheurs’, analyse d’une légende".
L'ataman Koudéyar : 'soi général, soi mort !', illustration d’A. Nojkine (А. Ножкин) Le légendaire ataman Koudeyar :
ATAMÁN (АТАМА́Н) ; nom masculin (féminin : Атама́нша) – 1. Chez les Cosaques : chef d’une unité administrative / territoriale (village, ferme, etc.) ou au sein de l’armée cosaque. 2. Meneur, chef de gang, leader d’une bande de brigands.
Dans notre ‘épopée’, ici, c’est par la seconde acception du terme qu’il faut comprendre ‘Ataman’.
Koudeyar (Кудеяр) - du persan Khoudāyār « Bien-aimé de Dieu » ou bien signifiant « Le plus fort des sorciers » - est un brigand légendaire, personnage du folklore russe depuis le XVIe siècle. Dans certaines versions on dit même qu’il aurait été le frère du tsar Ivan le Terrible !
Sa légende alors circulait dans toutes les provinces du sud et du centre de la Russie. Il aurait peut-être vécu avant le Temps des Troubles (Смутное Время) précédant l’avènement au trône de Michel Iᵉʳ Romanov, en 1613. Aujourd’hui encore son nom est associé à quelques lieux géographiques de la Vieille Russie (Русь).
On raconte aussi qu’il aurait quelque part dissimulé une partie de ses rapines, et ces trésors sont depuis le XIX° siècle activement recherchés… sans résultat apparemment (à moins que...)
Lire (en russe) à ce sujet : Koudeyar Vasiliévitch et ses trésors.
Les douze, Alexandre Blok, 1918 ‘Les douze’ d’Alexandre Blok, une réminiscence du poème de Nekrassov ?
Il serait enfin tentant de rapprocher le poème de Nicolaï Nekrassov de celui, écrit en 1918, par Alexandre Blok (Александр Александрович Блок) (1880-1921) : ‘Les Douze’ (Двенадцать) (Lire en russe) où, dans la nuit noire, dans la tourmente et le blizzard douze soldats de l’Armée rouge avancent tels des brigands, pillent, assassinent et se soûlent, ivres d’une liberté « sans croix ni loi », abjurant le vieux monde et la Sainte-Russie.
Mais même si cette réminiscence est parfois évoquée, selon les exégètes ce rapprochement est plus qu’incertain…
Voici, pour terminer, une version des 'Douze brigands' interprétée par une basse-profonde...
Les douze brigands (Бы́ло двена́дцать разбо́йников…)
soliste Mikhaïl Krouglov (Михаил Круглов) -
La petite boîte
Le colporteur, Rostov-sur-le-Don, Dmitri Lyndine (Дмитрий Васильевич Лындин), 2006 La petite boîte (Les colporteurs)
Коробушка (Коробе́йники)D’après un poème de Nikolaï Nekrassov (Николай Алексеевич Некрасов), 1861
Arrangement musical de Yakov Prigoji (Яков Фёдорович Пригожий) 1888
Voici la chanson des ‘Colporteurs’ (Коробе́йники) qui allaient, au temps de la Russie prérévolutionnaire, de village en village proposer leurs articles bien rangés dans une petite boîte (kоробушка) qu’ils portaient en bandoulière. Celui de la chanson saura-t-il séduire la belle paysanne ?...
Ой полным полна моя коробушка
Есть и ситец и парча.
Пожалей, душа-зазнобушка,
Молодецкого плеча.Выйду, выйду в рожь высокую,
Там до ночки погожу,
Как завижу черноокую,
Все товары разложу.Цены сам платил немалые,
Не торгуйся, не скупись,
Подставляй-ка губки алые,
Ближе к молодцу садись.Вот уж пала ночь туманная,
Ждёт удалый молодец...
Чу, идёт! - пришла желанная,
Продаёт товар купец.Катя бережно торгуется,
Всё боится передать,
Парень с де́вицей целуется,
Просит цены набавлять.Знает только ночь глубокая,
Как поладили они.
Распрямись ты, рожь высокая,
Тайну свято сохрани!Ой, легка, легка коробушка,
Плеч не режет ремешок!
А всего взяла зазнобушка
Бирюзовый перстенёк.Дал ей ситцу штуку целую,
Ленту алую для кос.
Поясок - рубаху белую
Подпоясать в сенокос.Всё поклала ненаглядная
В короб кроме перстенька:
"Не хочу ходить нарядная
Без сердечного дружка!Hé là, ma caisse est si pleine,
J'ai de l’étoffe indienne et du brocart.
Prends pitié, ô ma douce,
De l'épaule du jeune homme que voilà.J'irai, j'irai dans les grands seigles,
J'attendrai là jusqu'à ce que vienne la nuit,
Et quand j'apercevrai la jeune fille aux yeux noirs,
Je déballerai tous mes articles.Je ne les ai pas payés peu cher,
Alors ne marchande pas et ne sois pas avare,
Approche tes lèvres écarlates,
Assieds-toi plus près du jeune homme que voilà.La nuit brumeuse est déjà là,
Le jeune homme audacieux l’attend,
Oyez, c'est elle ! Sa désirée est venue,
Et le marchand lui fait l’article.Katia négocie avec soin,
Elle a peur de payer trop cher,
Le jeune homme couvre la belle de baisers,
Et lui demande un prix plus grand encore.Seule la nuit profonde sait
Quel fut leur accord.
Redressez-vous maintenant, vous les hauts seigles,
Et gardez rien que pour vous leur secret !Hé, ma caisse est légère, si légère,
La lanière de ma bandoulière ne me déchire plus l'épaule !
Alors que tout ce que la belle y a pris
C'est seulement une bague ornée de turquoise.Je lui avais donné tout un coupon d'étoffe,
Et pour ses tresses un ruban écarlate.
Une petite ceinture pour sa chemise blanche
Afin qu’elle la porte aux fenaisons.Mais la gentille a tout remis
Dans la boîte, à part l'anneau :
"Je ne sortirai parée
Qu’avec mon amoureux !"Voici une autre version de la chanson, plus dynamique encore, suivie d'autres refrains tout aussi entraînants...
Les Colporteurs (Коробе́йники)
Ensemble Svoï Lioudi (Ансамбль «Свои люди» )La petite boîte du colporteur amoureux :
‘Les Colporteurs’ (Коробе́йники) est une chanson russe (aussi intitulée 'La petite boîte' - Коробушка) basée sur un poème du même nom écrit en 1861 par Nikolaï Nekrassov (Николай Алексеевич Некрасов) : lire (en russe) le poème original.
Si en ‘Occident’ et dans le reste du monde, les paroles de cette chanson très populaire en Russie – qui a connu de nombreuses variantes au cours de l’histoire mouvementée du pays – sont ignorées, c’est son thème musical qui, tel un colporteur, a voyagé et est parvenu jusqu’à nous.
Le jeune colporteur, Ivanovo,
Dmitri Gorbounov (Дмитрий Горбунов), 2022De ‘La petite boîte’ à la première Game-Boy© :
« Voici la chanson russe, évidemment, la plus connue (et sans doute la seule connue pour les gens de ma génération) : elle est issue d'un jeu vidéo des années 90 extrêmement populaire. Il n'y a pas une seule personne de mon âge en France qui n'a pas joué à ce jeu pendant des heures… »
(Magali Z. L., lectrice)En 1989, un siècle après sa création, cet air entraînant fut adapté par le compositeur japonais Hirokazu Tanaka pour servir de thème à l’un des plus célèbres jeux vidéo ‘ambulants’ proposé sur la première Game-Boy© de Nitendo.
Cette console portative proposait à ses débuts comme seul jeu une sorte de puzzle animé : le Tétris (Тетрис). Un casse-tête imaginé en 1984 par l’ingénieur de l'Académie des sciences de l'URSS Alekseï Pajitnov (Алексей Леонидович Пажитнов). Un jeu chronophage que les autorités soviétiques s’empressèrent à l’époque de diffuser internationalement avec le slogan ‘From Russia with fun’.
Sur la Game-Boy, l'air de 'La petite boîte', réarrangé pour l'occasion, obsédant, jouait, jouait, et rejouait encore sans discontinuer...
Voici une version 'destroy' du jeu Tétris...
Et l'adaptation obsédante de 'La petite boîte' par Hirokazu TanakaAu XXe siècle, le thème musical de ‘La petite boîte’ a été repris (et réarrangé) dans de nombreux films, tant russes qu’étrangers, tel Snatch, de Tommy Richie (2000).
Un air internationalement connu...
Yakov Prigoji (Яков Фёдорович Пригожий) (1840 – 1920) fut, en son temps, un compositeur à succès et fort prolifique : il composa plus de 200 romances, chansons et valses, dont ‘Le sacré gaillard de marchand’ (Ухарь-купец), sur des paroles du poète Yvan Nikitine (Иван Саввич Никитин) reprenant le thème du marchand de passage qui séduit une jeune fille. Ecoutez sur Youtube.
Nikolaï Nekrassov (1821-1877) ...mais des paroles originales ignorées :
Contrairement à la mélodie, les paroles de 'La petite boîte' sont méconnues hors de Russie. Pourtant, leur auteur, Nikolaï Nekrassov (Николай Алексеевич Некрасов) 1821-1877, fut un poète et écrivain célébré en son temps.
Promoteur de talents, il publia Dostoïevski, Tourguéniev, et Léon Tolstoï, et les traductions en russe de (entre autres) Balzac, George Sand et Flaubert. Il fut le codirecteur du magazine littéraire ‘Le contemporain’ (Современник), revue fondée par Pouchkine en 1836 qui cessera de paraître en juin 1866, après l'attentat contre le tsar Alexandre II.
Nikolaï Nekrassov est l'auteur du fameux poème ‘Les femmes de Russie’ (Русские женщины) – Lire en russe. Sa verve se veut populaire, parfois satirique et mordante, souvent le reflet de la misère du petit peuple russe. Il fut aussi un ardent opposant au servage, qui n’a été aboli en Russie qu’en 1861. (Rappelons qu’en France l’esclavage, dans les colonies, ne fut définitivement aboli qu’en 1848).
Три тяжкие доли имела судьба,
И первая доля: с рабом повенчаться,
Вторая — быть матерью сына раба,
А третья — до гроба рабу покоряться,
И все эти грозные доли легли
На женщину русской земли.‘Il y a trois grands malheurs : épouser une esclave, être mère d’esclaves, se soumettre à un esclave jusqu’à la tombe, et les trois malheurs pèsent sur la femme de la terre russe.’
(Extrait de ‘Gel, le nez rouge’ – 1863 - Lire en français / 'Мороз, красный нос’ - Lire en russe.)
Les Cosaques
En France, c’est sur des paroles de Maurice Blanchot et Gérard Mouton (paroles qui n’ont rien à voir avec le texte original russe) que ce chant - scout d’abord (Lire et écouter ) - fut repris et adapté. Cette chanson étant aussi fort appréciée de la gente militaire...
Les Colporteurs (Коробе́йники)
Interprété par Lidia Rouslanova (Лидия Русланова) en 1943 -
Page classique – Rimsky-Korsakov – Sadko (extrait)
La Chanson du marchand indien, interprétée par David Mossoulikhine (Давид Посулихин)
accompagné par par l'Orchestre Symphonique du Collège Gnessin, 2012La Chanson du marchand indien
Extrait de de l'opéra 'Sadko’
Пе́сня Инди́йского Го́стя из о́перы 'Са́дко'
Livret et musique : Nikolaï Rimsky-Korsakov
Либретто и музыка: Николай Римский-Корсаков
(1896)
On ne compte plus les diamants...
Extrait de l’ ‘opéra-byline’ ‘Sadko’ (Садко) de Nikolaï Rimsky-Korsakov (Николай Андреевич Римский-Корсаков) (1844 — 1908), inspirée de légendes russes narrant les aventures de Sadko, troubadour chassé de Novgorod qui, devenu riche, partit naviguer sur les mers du globe. Pour en savoir plus : Sadko-argument.
Не счесть алма́зов в ка́менных пеще́рах,
Не счесть жемчу́жин в мо́ре полудённом
Далёкой И́ндии чуде́с.Есть на тёплом мо́ре чу́дный ка́мень я́хонт;
На том ка́мне Фе́никс, пти́ца с ли́ком де́вы,
Ра́йские всё пе́сни сла́дко распева́ет,
Пе́рья распуска́ет, мо́ре закрыва́ет.
Кто ту пти́цу слы́шит, всё позабыва́ет.Не счесть алма́зов в ка́менных пеще́рах,
Не счесть жемчу́жин в мо́ре полуде́нном
Далёкой И́ндии чуде́с.On ne compte plus les diamants dans les cavernes de pierre,
Ni les innombrables perles dans les mers méridionales
De l'Inde lointaine des merveilles.Il est dans ces mers chaudes un rubis merveilleux ;
Sur cette pierre se trouve le Phénix, un oiseau au visage de jeune fille,
Il chante avec douceur toutes les chansons célestes,
Il étend son plumage et la mer se referme.
Celui qui entend cet oiseau oublie tout.On ne compte plus les diamants dans les cavernes de pierre,
Ni les innombrables perles dans les mers méridionales
De l'Inde lointaine des merveilles.En 1952, sort le film ‘Le tour du monde de Sadko’ (Садко) – voir la version française -, réalisé par Alexandre Ptouchko (Александр Лукич Птушко) (1900-1973), où l’on peut entendre, ici et là, quelques passages de l’opéra de Rimsky-Korsakov – en particulier, vers la 60ième minutes l’évocation de la mélodie du marchand indien. (Visionner la version russe du film.)
En 1955, en collaboration avec Pierre Spiers, Tino Rossi enregistre une version française sous le titre "Les diamants chez nous sont innombrables".
Voici, enfin, une version remixée, ‘à l’indienne’, sur des images du film ‘Le tour du monde de Sadko’ (Садко)...
La Chanson du marchand indien, interprétée par Sergueï Perminov (Сергей Перминов), 2005
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Page classique – Borodine – Les Danses Polovtsiennes
Les Danses Polovtsiennes – extrait de l’opéra ‘Le Prince Igor’, sous la direction d'Artiom Makarov (Артём Макаров)
Les Danses Polovtsiennes
Extrait de de l'opéra 'Le Prince Igor’
Полове́цкие пля́ски из о́перы 'Князь И́горь'
Livret et musique : Alexandre Borodine
Либретто и музыка: Александр Бородин
(1890)
Envole-toi sur les ailes du vent...
Voici, je pense, un air d’opéra russe parmi les plus connus hors de Russie, peut-être, en particulier, grâce au cinéma américain...
L'intrigue s'inspire d'événements historiques décrits dans le poème épique médiéval ‘Le Dit de la campagne d'Igor’ (Слово о полку Игореве) narrant l’expédition infructueuse de 1185 des princes russes contre les Polovtsiens (ou Coumans, population nomade turcophone).
Nota : il existe plusieurs versions légèrement différente du livret, nous avons retranscrit ici les paroles de la version vidéo ci-dessus.
Пе́сня нево́льниц:
Улета́й на крылья́х ве́тра
Ты в край родно́й, родна́я пе́сня на́ша,
Туда́, где мы тебя́ свобо́дно пе́ли,
Где бы́ло так приво́льно нам с тобо́ю.
Там, под зно́йным не́бом,
Него́й во́здух по́лон,
Там под го́вор мо́ря
Дре́млют го́ры в облака́х.Там так я́рко со́лнце све́тит,
Родны́е го́ры све́том залива́я,
В доли́нах пы́шно ро́зы расцвета́ют.
И соловьи́ пою́т в леса́х зелёных,
И сла́дкий виногра́д растёт.
Там тебе́ приво́льней, пе́сня,
Ты туда́ и улета́й.(Пля́ска ма́льчиков)
Пе́сня мужчи́н с хо́ром:
По́йте пе́сни сла́вы Ха́ну! Пой!
Сла́вьте си́лу, до́блесть Ха́на! Славь!
Сла́вен Хан! Хан!
Сла́вен он, Хан наш!Бле́ском сла́вы со́лнцу ра́вен Хан!
Не́ту ра́вных сла́вой Ха́ну! Нет!
Ча́ги1 Ха́на сла́вят Ха́на. Ха́на своего́.Хан Конча́к разгова́ривает со свои́м го́стем:
- Ви́дишь ли пле́нниц ты с мо́ря да́льнего,
Ви́дишь краса́виц мои́х из-за Ка́спия?
О скажи́, друг, скажи́ то́лько сло́во мне,
Хо́чешь, любу́ю из них я тебе́ подарю́.Пе́сня мужчи́н с хо́ром:
По́йте пе́сни сла́вы Ха́ну! Пой!
Сла́вьте ще́дрость, сла́вьте ми́лость!
Славь!
Для враго́в Хан гро́зен, он, Хан наш!
Кто же сла́вой ра́вен Ха́ну, кто?
Бле́ском сла́вы со́лнцу ра́вен он!(Пля́ска ма́льчиков.)
Песня мужчин с хором:
Сла́вой де́дам ра́вен Хан наш,
Хан, Хан Конча́к.
Сла́вой де́дам ра́вен он,
Гро́зный Хан, Хан.
Сла́вен Хан! Хан Конча́к!
Сла́вен он, Хан наш!
Хан Конча́к!Пою́т нево́льницы и нево́льники:
Там так я́рко со́лнце све́тит,
Родны́е го́ры све́том озаря́я,
В доли́нах пы́шно ро́зы расцвета́ют.
И соловьи́ пою́т в леса́х зелёных,
И сла́дкий виногра́д растёт.
Там тебе́ приво́льней, пе́сня,
Ты туда́ и улета́й.Песня мужчин с хором:
Сла́вой де́дам ра́вен Хан наш,
Хан, Хан, Конча́к!
Сла́вой де́дам ра́вен он!
Гро́зный Хан! Хан Конча́к!
Сла́вен Хан, Хан Конча́к!
Сла́вен Хан, Хан Конча́к!
Хан Конча́к!О́бщая пля́ска и хор:
Пля́ской ва́шей те́шьте Ха́на!
Пля́ской те́шьте Ха́на, ча́ги,
Ха́на своего́.
Пля́ской те́шьте Ха́на, ча́ги,
Ха́на своего́.
Пля́ской ва́шей те́шьте Ха́на!
Пля́ской те́шьте!
Наш Хан Конча́к !(За́навес)
L’air des femmes esclaves :
Envole-toi sur les ailes du vent
Vers le pays où nous sommes nées, toi notre chanson bien-aimée,
Là-bas où nous chantions en toute liberté,
Et où nous vivions sans contrainte.
Là-bas, sous un ciel brûlant,
L'air y est si délicieux,
Là-bas où, dans le murmure des vagues,
Songent les montagnes, au sein des nuages.Là-bas où le soleil brille si fort
Qu'il emplit nos montagnes natales de lumière,
Et où dans leurs vallées les roses fleurissent magnifiquement,
Là où dans ces vertes forêts chantent les rossignols,
Оù mûrit le doux raisin.
Là-bas, tu vivras sans contrainte, chanson,
Envole-toi là-bas !(La danse des jeunes Polovtsiens)
Chant des hommes et du chœur :
Chantons la gloire du Khan ! Chantons !
Gloire à la puissance, à la vaillance de notre Khan ! Gloire !
Gloire au Khan ! au Khan !
Gloire à lui, notre Khan !L'éclat de sa gloire égale celle du soleil !
Rien ne surpasse la gloire du Khan ! Non !
Les tchagui¹ du Khan glorifient le Khan. Leur Khan.Le Khan Konchak s’adressant à son hôte :
- Vois-tu mes captives ramenées de la mer lointaine,
Vois-tu ces beautés venues de l'autre bout de la Caspienne ?
Oh dis-moi, mon ami, dis-moi juste un mot,
Si tu le veux, je te donnerai n'importe laquelle d'entre elles.Chant des hommes et du chœur :
Chantons la gloire du Khan ! Chantons !
Louons sa générosité, louons sa miséricorde !
Gloire à lui !
Le redoutable Khan face à ses ennemis, lui, notre Khan !
Qui est égal en gloire à notre Khan, qui ?
L'éclat de sa gloire n’est comparable qu’à celle du soleil !(La danse des jeunes Polovtsiens)
Chant des hommes et du chœur :
Notre Khan est à la hauteur de la gloire de ses aïeux,
Notre Khan, le Khan Kontchak.
A la hauteur de la gloire de ses aïeux,
Le terrible Khan, notre Khan.
Le glorieux Khan ! Kontchak le Khan !
Gloire à lui, notre Khan !
Le Khan Konchak !Chant des esclaves, hommes et femmes :
Là-bas où le soleil brille si fort
Qu'il illumine nos montagnes natales,
Et où dans leurs vallées les roses fleurissent magnifiquement,
Là où dans ces vertes forêts chantent les rossignols,
Là-bas où mûrit le doux raisin.
Là-bas, tu vivras sans contrainte, chanson,
Envole-toi là-bas !Chant des hommes et du chœur :
Notre Khan est à la hauteur de la gloire de ses aïeux,
Notre Khan, le Khan Konchak !
A la hauteur de la gloire de ses aïeux,
Le terrible Khan ! Konchak le Khan !
Gloire à lui, Konchak le Khan !
Gloire à lui, Konchak le Khan !
Le Khan Konchak !Danse générale et chœur :
Dansez pour divertir le Khan !
Vos danses pour divertir le Khan, Tchagui !
Votre Khan.
Dansez pour divertir le Khan, Tchagui !
Votre Khan.
Vos danses pour divertir le Khan.
Dansez pour le divertir !
Lui, notre Khan Konchak !(Rideau)
1- Tchaga (Чага) : ici, mot emprunté au turc, synonyme d’esclave femme.
Alexandre Borodine (Александр Бородин), 1833-1887 Cette suite spectaculaire d’airs et de danses est extraite de l’opéra d’Alexandre Borodine (Александр Порфирьевич Бородин) (1833-1887) ‘Le Prince Igor’ (Князь Игорь), un opéra auquel le compositeur consacra plus d’une dizaine d’années et qu’il laissa inachevé. Après sa mort, les compositeurs Alexandre Glazounov (Александр Константинович Глазунов) (1865-1936) et Nikolaï Rimski-Korsakov (Николай Андреевич Римский-Корсаков) (1844 — 1908) compléteront l’œuvre. Il existe donc plusieurs versions de l’opéra et de son livret.
Pour en savoir plus (en français) : ‘A propos du Prince Igor de Borodine’.
En 1955, sort le film musical ‘L'Étranger au paradis’ (Kismet en anglais) réalisé par Vincente Minnelli où l’on entend l’adaptation (très américanisée) du premier air des Danses Pololstiennes.
La chanson sera alors reprise et adaptée en français, sur des paroles de Francis Blanche, par Luis Mariano, Dario Moreno, Gloria Lasso et d’autres...
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Le chant des bateliers de la Volga
Le chant des bateliers de la Volga (Эй, ухнем !)
interprété en 1965 par Les Chœurs de l'Armée Rouge - basse : Leonid Kharitonov
(Ансамбль им. Александрова - Бас: Леонид Харитонов)Le chant des Bateliers de la Volga - Эй, ухнем!
Un long gémissement de corps endoloris...
Auteur et compositeur inconnus
Слова и музыка неизвестных авторов
Cette chanson russe traditionnelle était chantée par les haleurs qui tractaient les barges le long des fleuves russes, tels que la Volga, à l'époque de la Russie impériale. Elle fut pour la première fois recueillie par le compositeur Mili Balakirev (Милий Алексеевич Балакирев) (1836-1910) et publiée dans le recueil de chansons folkloriques qu’il publia en 1866.
Эй, ухнем!
Эй, ухнем!
Ещё разик, ещё да раз!
Эй, ухнем!
Эй, ухнем!
Ещё разик, ещё да раз!Разовьём мы берёзу,
Разовьём мы кудряву!*
Ай-да, да ай-да,
Aй-да, да ай-да,
Разовьём мы кудряву.Мы по бережку идём,
Песню солнышку поём.
Ай-да, да ай-да,
Aй-да, да ай-да,
Песню солнышку поём.Эй, эй, тяни канат сильней!
Песню солнышку поём.
Эй, ухнем!
Эй, ухнем!
Ещё разик, ещё да раз!Эх ты, Волга, мать-река,
Широка и глубока,
Ай-да, да ай-да,
Aй-да, да ай-да,
Волга, Волга, мать-рекаHé, ho hisse !
Hé, ho hisse !
Encore un petit effort, encore une fois.
Hé, ho hisse !
Hé, ho hisse !
Encore un petit effort, encore une fois.Nous détresserons le bouleau,
Démêlerons ses frisures !*
Ah oui, oui, ah oui !
Ah oui, oui, ah oui !
Nous démêlerons ses frisures.Nous marchons le long de la berge,
Entonnant un chant au soleil.
Ah oui, oui, ah oui !
Ah oui, oui, ah oui !
Entonnant un chant au soleil.Hé, hé, halons de toutes nos forces !
Entonnant un chant au soleil.
Hé, ho hisse !
Hé, ho hisse !
Encore un petit effort, encore une fois.Eh toi, Volga, fleuve-rivière, notre mère,
Immense et profonde.
Ah oui, oui, ah oui !
Ah oui, oui, ah oui !
Volga, Volga, fleuve-rivière, notre mère.___
* Ce vers reste, pour les Russes eux-mêmes, bien mystérieux. Peut-être fait-il référence à une tradition ancienne, où le jeudi précédant la fête de Pentecôte (День Святой Троицы), les jeunes filles choisissaient un bouleau pleureur et tressaient ses branches, les paraient de rubans pour, quelques jours après - à la Pentecôte -, venir les détresser et offrir ces parures à la rivière... (Lire (en russe) : Rites, traditions, don de la fête de la Trinité.). Ici, ce seraient les haleurs qui s'imagineraient pratiquer ce 'dénouement'... C’est dans ce sens que j'ai traduit ou plutôt interprété ce passage .Le folklore ‘bourlatsky’ :
Pendant des siècles, avant l'avènement de la vapeur, les haleurs (бурлацие) servirent de force de traction indispensable dans le transport des marchandises le long des voies fluviales du pays. Les chansons qui accompagnaient leur labeur acharné reflétaient leur vie morne, leur destin, leur humeur. Il y avait aussi des refrains espiègles et des chants plus joyeux.
Lire à ce sujet (en russe) : Fédor Rodin, Le folklore bourlatsky, 1975
Des interprétations plus ‘modernes’ du 'chant des haleurs de la Volga' (plutôt que des 'bateliers') sont disponibles sur le Net, par exemple celle (plus ‘hard rock’) d’Alexandre Pouchnoï (Александр Пушной) - 2019 : écoutez sur Youtube.
A ma connaissance, aucun artiste français ne s’est lancé dans l’interprétation de cette chanson (destinée à des voix de basses profondes, peu courantes dans notre pays). Seule Marie Laforêt en fit une (courte) interprétation (en russe) en 1959.
Ilya Ripine, Les bateliers de la Volga, vers 1870 Les bateliers de la Volga peints par Ilya Ripine :
Cette chanson aurait inspiré directement le peintre russe Ilia Répine (Илья Ефимович Репин) (1844-1930) qui, au début des années 1870, peignit son célèbre tableau ‘Les Bateliers de la Volga’ (Бурлаки на Волге). Toile que l’on peut admirer au Musée russe de Saint-Pétersbourg.
Les bateliers de la Volga, film de Victor Tourjansky, 1959 Les bateliers de la Volga au cinéma :
Le tableau, autant que la chanson, semble avoir inspiré le cinéma, comme le montre, par exemple, une scène du film (muet) de Cecil B De Mille : 'Le batelier de la Volga' (The Volga Boatman) datant de 1926, ou encore l'affiche du film français de Victor Tourjansky, ‘Les bateliers de la Volga’ sorti en 1959, avec en vedette Marina Vlady.
The Volga Boatman, Cecil B De Mille 1926 -
Chansonnettes boréales
Пингви́ны - Les pingouins
(1964)
Автор слов: Анатолий Горохов - Auteur des paroles : Anatoly Gorokhov
Музыка: Виктор Купревич - Musique : Victor Kouprévitch
Исполняет: Вокальный квартет «Аккорд»
Interprété par le Quartet vocal « Akkord »В Антаркти́де льди́ны зе́млю скры́ли,
Льди́ны в Антаркти́де замела́ пурга́.
Здесь одни́ пингви́ны пре́жде жи́ли,
Ревни́во охраня́я свои́ снега́.
Ревни́во охраня́я свои́ снега́.Как-то раз пингви́ны в по́лном сбо́ре
К мо́рю на рыба́лку побрели́ гурьбо́й.
Стра́нную карти́ну ви́дят в мо́ре —
Огро́мный чёрный а́йсберг дыми́т трубо́й.
Огро́мный чёрный а́йсберг дыми́т трубо́й.Стру́сили пингви́ны, что же бу́дет,
И откуда́ ве́тер к ним пригна́л госте́й.
Ви́дят, как на льди́ну схо́дят лю́ди,
Впервы́е повстреча́ли они́ люде́й.
Впервы́е повстреча́ли они́ люде́й.Лю́ди их спугну́ли пе́сней зво́нкой,
Тишины́ разру́шив многоле́тний плен.
Не́бо затяну́ли се́тью то́нкой,
Разве́сив паути́ну свои́х анте́нн.
Разве́сив паути́ну свои́х анте́нн.Но тепе́рь в пингви́нах не́ту стра́ха,
Ра́дио послу́шать и они́ хотя́т,
Вечера́ми чи́нно в чёрных фра́ках
Часа́ми у посёлка они́ стоя́т.
Часа́ми у посёлка они́ стоя́т.Хо́дят стро́ем дли́нным, вы́гнув спи́ны,
Заня́ты гимна́стикою по утра́м.
А пото́м пингви́ны чи́стят льди́ну,
Танцу́я вальс стари́нный по вечера́м.
Танцу́я вальс стари́нный по вечера́м.Всё на све́те зна́ет э́та ста́я,
Ши́рятся их зна́ния и кругозо́р.
Джаз пингви́ны зна́ют, Ба́ха зна́ют,
Стихи́ пингви́ны зна́ют и зна́ют спорт.
Стихи́ пингви́ны зна́ют и зна́ют спорт.И с людьми́ пингви́ны хо́дят ря́дом,
Слу́шают усе́рдно ка́ждый день эфи́р.
И тепе́рь пингви́ны лю́дям ра́ды,
Ведь лю́ди для пингви́нов откры́ли мир.
Ведь лю́ди для пингви́нов откры́ли мир.
Ведь лю́ди для пингви́нов откры́ли мир.En Antarctique, les glaces cachaient la terre,
En Antarctique, une tempête de neige recouvrait la banquise.
Seuls les pingouins vivaient ici,
Protégeant jalousement leurs neiges.Un beau jour, les pingouins au grand complet
S’en allèrent en mer pour pêcher.
Ils virent une étrange chose sur les flots -
Un énorme iceberg noir crachant de la fumée par un tuyau.Les pingouins prirent peur : qu’allait-il se passer,
Et d'où le vent leur amenait-il ces invités ?
Ils observent comment des hommes prennent pied sur la banquise :
C'est la première fois qu’ils voyaient des humains.Les gens les effrayaient de chants retentissants
Brisant le silence de leurs longues années de solitude,
Couvrant le ciel de minces fils d’antenne
Qui s’étendaient en toile d’araignéeMais maintenant, les pingouins n'ont plus peur,
Ils désirent eux aussi écouter la radio
Et ils passent leurs soirées, dignement, en frac noir,
Des heures durant près des baraquements.Les pingouins marchent en longue file, courbant le dos,
Occupés le matin à faire leur gymnastique.
Puis , tout en glissant, ils astiquent la banquise
La soirée en dansant sur une vieille valse.Cette troupe de pingouins connaît tout sur tout,
Ils élargissent leur savoir et leur horizon.
Ils connaissent le jazz et Jean-Sébastien Bach,
Ils connaissent la poésie et la pratique du sport.Et depuis les pingouins marchent de concert avec les humains,
Attentivement, ils écoutent chaque jour la radio.
A présent, les pingouins sont contents de ces nouveaux arrivants,
Après tout, c’est grâce à eux qu’ils ont découvert le monde."Notre temps est venu !" Песенка про любовь
Chansonnette d’amour
(Auteur et compositeur inconnus)
Une 'drôle' de chansonnette évoquée dans le récit poignant de Xénia Grouchevaïa 'Je ne peux rien oublier' (1982) - Lire.
Раз видал дельфинов пару
Посреди полярных вод.
Он пылал любовным жаром,
А она наоборотПолюбив её ужасно,
Невзирая на мороз,
Подносил ей ежечасно
Он букет из снежных роз.Припев
Так и в стужу ледяного края
Где в жилах застывает кровь.
Ярче северных сияний, дорогая,
Горит любовь.Но она к нему не льнула.
Говорила - всё обман.
И вмешалась здесь акула
В неудачливый роман.Рвут любимую на части
У дельфина на глазах.
Сколько муки, сколько страсти
Всё лицо его в слезах.Je viens de voir un couple de dauphins
Au milieu des eaux polaires.
Lui brûlait de chaleur et d’amour,
Et elle pas du tout !Il était terriblement amoureux d’elle,
Et malgré le froid,
A toute heure il lui offrait
Des bouquets de roses des neiges.Refrain
Dans ce froid de canard, au bord de la banquise,
Où le sang gèle dans les veines,
Plus lumineux que les aurores boréales,
Ma chérie, je brûle d’amour !Mais elle n’avait pas le béguin pour lui.
Ce n’est là, disait-elle, que des paroles en l’air...
Et voilà qu’ici un requin se mêla
A cette romance sans issue.Le dauphin vit de ses yeux
Sa bien-aimée déchiquetée en morceaux.
Ô combien de tourments, combien de passion
Coulèrent de son visage plein de larmes !Illustration d'Evguéni Migounov Cette vieille chanson est extraite du film 'Rêver ne fait pas de mal' (Мечтать не вредно /Шнек ). Réalisé par Evguéni Lavrentiev (Евгений Лаврентьев) en 2005 Visionner sur Youtube.
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Sur le fleuve Amazone et Dans l’Afrique brûlante
На далёкой Амазо́нке
Sur le lointain fleuve Amazone
(1981)
Музыка: Виктор Берковский и Морис Синельников
Musique : Victor Berkovsky et Maurice Sinelnikov
Из перевода Самуила Маршака (1944),
оригинального стихотворения Редьярда Киплинга (1902)D’après une traduction de Samuel Marchak (1944),
sur un poème original de Rudyard Kipling (1902)
Исполнители: Сергей и Татьяна Никитины
Interprété par Sergueï et Tatiana NikitineНа далёкой Амазо́нке не быва́л я никогда́.
Никогда́ туда́ не хо́дят иностра́нные суда́.
То́лько «Дон» и «Магдали́на», быстрохо́дные суда́,
То́лько «Дон» и «Магдали́на» хо́дят по́ морю туда́.Припе́в:
Из Ли́верпульской га́вани, всегда́ по четверга́м,
Суда́ ухо́дят в пла́ванье к далёким берега́м.
Плыву́т они́ в Брази́лию, Брази́лию, Брази́лию,
И я хочу́ в Брази́лию — к далёким берега́м!
То́лько «Дон» и «Магдали́на», то́лько «Дон» и «Магдалина»,
Только́ «Дон» и «Магдали́на» хо́дят по́ морю туда́.Никогда́ вы не найдёте в на́ших се́верных леса́х
Длиннохво́стых ягуа́ров, бронено́сных черепа́х.
Но в со́лнечной Брази́лии, Брази́лии мое́й,
Тако́е изоби́лие неви́данных звере́й.(Припе́в)
Но в со́лнечной Брази́лии, Брази́лии мое́й,
Тако́е изоби́лие неви́данных звере́й!
Увижу́ ли Брази́лию, Брази́лию, Брази́лию,
Увижу́ ли Брази́лию до ста́рости мое́й?(Припе́в)
Je n’ai jamais navigué sur le lointain fleuve Amazone.
Les navires étrangers n’y vont jamais.
Seuls le "Don" et la "Magdalena", navires à grande vitesse,
Seuls le "Don" et la "Magdalena" y remontent par la mer.Refrain:
Depuis le port de Liverpool, toujours le jeudi,
les navires mettent le cap sur des rivages lointains.
Ils naviguent vers le Brésil, le Brésil, le Brésil,
Et je veux aller au Brésil - vers des rivages lointains !
Seuls le "Don" et la "Magdalena",
Seuls le "Don" et la "Magdalena" y remontent par la mer.Vous ne trouverez jamais
de jaguars à longue queue, de tortues cuirassées dans nos forêts du nord.
Mais sous le soleil du Brésil, mon Brésil,
Il y a une telle abondance d'animaux jamais vus.(Refrain)
Et sous le soleil du Brésil, mon Brésil,
Il y a une telle abondance d'animaux jamais vus !
Vais-je voir le Brésil, le Brésil, le Brésil,
Vais-je voir le Brésil avant mes vieux jours ?(Refrain)
La chanson apparaît au générique du dessin animé ‘Le Hérisson et la Tortue’ (Ёжик плюс черепаха), réalisé en 1981 par Ivan Oufimtsev (Иван Васильевич Уфимцев) 1928-2010, basé sur le conte de Rudyard Kipling : ‘D’où viennent les Tatous’ (The Beginning of the Armadillos) – Lire en anglais - , septième chapitre des ‘Histoires comme ça’ (Just So Stories for Little Children) publiées en 1902. Le poème ‘Je n’ai jamais navigué sur le lointain fleuve Amazone...’ (I’ve never sailed the Amazon…) se trouve en conclusion de la petite histoire. Il fut traduit en russe en 1944 par Samuel Marchak (Самуил Яковлевич Маршак), 1887-1964. Lire (en russe) ‘На далекой Амазонке’ (Sur le lointain fleuve Amazone).
Samuel Marchak écrivit durant sa vie de nombreux poèmes pour enfants. Lire (en russe).
Le Hérisson et la Tortue (Ёжик плюс черепаха), 2005
Что случи́лось в А́фрике
Que s’est-il passé en Afrique ?
Владимир Высоцкий - Vladimir Vyssotski
(1968)
« Il n'y a pas d'amour heureux » L. Aragon
В жёлтой жа́ркой А́фрике,
В центра́льной её ча́сти,
Как-то вдруг, вне гра́фика,
Случи́лося несча́стье.
Слон сказа́л, не разобра́в:
— Ви́дно, быть пото́пу!..-
В о́бщем так: оди́н Жира́ф
Влюби́лся в Антило́пу.Припе́в:
Тут поднялся́ галдёж и лай,
И то́лько ста́рый Попуга́й
Гро́мко кри́кнул из ветве́й:
— Жира́ф большо́й — ему́ ви́дней!— Что же, что рога́ у ней? —
Крича́л Жира́ф любо́вно. -
Ны́нче в на́шей фа́уне
Равны́ все поголо́вно!
Е́сли вся моя́ родня́
Бу́дет ей не ра́да, -
Не пеня́йте на меня́ -
Я уйду́ из ста́да!(Припе́в)
Па́пе антило́пьему
Заче́м тако́го сы́на?
Всё равно́ — что в лоб ему́,
Что по́ лбу — всё еди́но.
И жира́фов зять брюзжи́т:
— Вида́ли остоло́па? -
И ушли́ к бизо́нам жить
С Жира́фом Антило́па.(Припе́в)
В жёлтой жа́ркой А́фрике
Не ви́дать иди́ллий.
Льют Жира́ф с Жира́фихой
Слёзы крокоди́льи.
То́лько го́рю не помо́чь —
Нет тепе́рь зако́на.
У Жира́фов вышла́ дочь
Заму́ж за Бизо́на.Пусть Жира́ф был непра́в,
Но вино́вен не Жира́ф,
А тот, кто кри́кнул из ветве́й:
— Жира́ф большо́й — ему́ ви́дней!Dans l'Afrique brûlante
Au cœur-même de l’Afrique,
D'un coup, à l'improviste,
Survint un malheur.
L'éléphant dit sans comprendre :
« Sûrement, il doit s’agir du déluge ! »
En deux mots : un girafon
S’était amouraché d’une antilope.Refrain :
Puis ce fut un concert de clameurs et aboiements,
Et seul un vieux perroquet
S’écria fort depuis les branches :
« Le girafon est grand, il voit bien ce qui est bon pour lui !»« Eh bien, quelle importance que l’antilope ait des cornes ou pas ?
Blatéra amoureusement le girafon.
Aujourd'hui dans notre faune
Tous sont égaux !
Et si ma famille
n’est pas contente,
Ne m’en faites pas le reproche :
Je quitterai le troupeau ! »(Refrain)
Pourquoi le papa de la petite antilope
Aurait-il besoin de s’encombrer d’un tel beau-fils ?
Peu importe pour lui,
Corne ou pas corne, c’est du pareil au même.
Quant au beau-frère du girafon, il grogne :
« Avez-vous vu pareil imbécile !? »
Et chez les bisons, le jeune couple
S’en alla vivre.(Refrain)
Dans l'Afrique brûlante
Il n’y a pas d’heureuses idylles.
Le père Girafe et son épouse versent
Des larmes de crocodile.
Mais le chagrin n’aide en rien -
Il n'y a plus de règle maintenant :
Les girafes ont une fille
Qui vient d’épouser un bison.Que le girafon ait pu s’être trompé
Ce n'est pas de sa faute,
Mais de celui qui criait depuis les branches :
« Le girafon est grand, il voit bien ce qui est bon pour lui !»