Par les vallées et les collines – 2

Petite histoire d’une chanson :

 

Par les vallées et les collines

По долинам и по взгорьям

Suite

L’Hymne des Partisans (1922)

Партиза́нский гимн

Ce chant fut presque immédiatement ‘récupéré’ par les partisans bolcheviques. Les paroles de la version ‘rouge’ ont été écrites par Piotr Parfionov (Пётр Семёнович Парфёнов) en 1920, puis remaniées par lui en 1922 pour célébrer les victoires sur le front de l’Extrême-Orient contre les Russes blancs. C'est cette version, plus ou moins remaniée, qui fut chantée tout au long de l'ère soviétique.

По доли́нам и по взго́рьям
Шла диви́зия вперёд
Что́бы с бо́ем взять Примо́рье -
Бе́лой а́рмии опло́т

Налива́лися знамёна
Кумачо́м после́дних ран
Шли лихи́е эскадро́ны
Приаму́рских партиза́н

Э́тих дней не смо́лкнет сла́ва
Не поме́ркнет никогда́
Партиза́нские отря́ды
Занима́ли города́

И оста́нутся как в ска́зке
Как маня́щие огни́
Штурмовы́е но́чи Спа́сска
Волоча́евские дни

Разгроми́ли атама́нов
Разогна́ли воево́д
И на Ти́хом океа́не
Свой зако́нчили похо́д

Par les vallées et les collines
La division allait de l'avant
Pour prendre d’assaut le Primorié (1)
(Ultime) rempart de l'armée blanche

Les bannières saignaient
De l’étoffe de leurs récentes blessures
Ils avançaient, les vaillants escadrons
Des Partisans de l'Amour (2)

La gloire de ces journées ne s'éteindra pas
Jamais elle ne se pâlira
Les bataillons des partisans
Occupèrent les villes

Et resteront dans la légende
Telles des lumières étincelantes
Les nuits d'assaut sur Spassk (3)
Et les jours de combat de Volotchaev (4)

Les atamans (5) furent vaincus
Et le voïvode chassé (6)
C’est sur les rivages de l’Océan Pacifique
Qu’ils achevèrent leur campagne

Notes :
1. Le Primorié est une région de l’Extrême-Orient russe – Capitale : Vladivostok ;
2. Ici, il s’agit du fleuve Amour marquant la frontière entre la Russie et la Chine ;
3. Spassk-la-Lointaine : ville de l’Extrême-Orient russe, dernière poche de résistance des Russes blancs ;
4. En 1922, près du village Volotchaevska eut lieu une bataille décisive de la fin de la guerre civile ;
5. Atamans : chefs militaires cosaques ;
6. Voïvode : gouverneur militaire et administratif de l’ancienne Russie tsariste.

Différentes variantes furent par la suite écrites, sous l'ère soviétique. Lire (en russe) : По долинам и по взгорья. История песни, alimentant l'exaltant souvenir des héros de la Révolution bolchevique.

Une histoire (une propagande diront certains) que se devait de connaître tout bon citoyen soviétique... y compris les enfants ; et pour cela : quoi  de mieux qu'un petit dessin animé ?

***

Mais changeons d'époque...

L’Hymne de l’Armée de Libération Russe (1943)

Гимн Русской Освободительной Армии

Lors de la Grande Guerre Patriotique, en juillet 1942, Andreï Vlasov - Андрей Андреевич Власов - (ci-dessus, haranguant ses troupes), commandant de la 2ème armée de choc de l'Armée rouge, est capturé par les Allemands, il trahit et se range ouvertement aux côtés de l’agresseur nazi. Il forme quelque mois plus tard la ‘ROA’ - ‘Armée de libération russe’ (en russe 'РОА'). L’auteur Anatole Iakoblevitch Flaume (Анатолий Яковлевич Флауме) écrit en 1943 deux nouvelles versions sur l’air de ‘Par les vallées et les collines’, aux paroles farouchement anti-bolcheviques.

(Première version - Первая версия)

Мы идём широ́кими поля́ми.
На восхо́де у́тренних луче́й,
Мы идём на бой с большевика́ми
За свобо́ду Ро́дины свое́й.

Припев:

Марш вперёд, желе́зными ряда́ми,
В бой за Ро́дину, за наш наро́д!
То́лько ве́ра дви́гает гора́ми,
То́лько сме́лость города́ берёт

Мы идём вдоль тле́ющих пожа́рищ,
В го́ды тя́жких бе́дствий и войны́ -
Приходи́ и ты к нам в полк, това́рищ,
Е́сли лю́бишь Ро́дину, как мы.

Мы идём, нам да́льний путь не стра́шен,
Не страшна́ суро́вая война́,
Твёрдо ве́рим мы в побе́ду на́шу,
И твою́, люби́мая страна́!

Мы идём, над на́ми флаг трёхцве́тный,
Льётся пе́сня по родны́м поля́м...
Наш напе́в подхва́тывают ве́тры
И несу́т к моско́вским купола́м.

Nous marchons dans de vastes champs.
Au lever des rayons du matin,
Nous allons au combat contre les Bolcheviks
Pour la liberté de notre Patrie.

Refrain :

En avant, avec les bataillons de fer !
Au combat pour la Patrie et pour le peuple !
Seule la foi déplace les montagnes,
Seul le courage fait tomber les villes !

Nous marchons parmi les incendies qui couvent,
Dans ces années de misères et de guerre.
Et toi aussi, rejoins notre régiment, camarade,
Si comme nous tu aimes ta Patrie.

Nous marchons, sans craindre le long chemin,
Sans craindre la dureté de la guerre,
Nous croyons fermement en notre victoire,
Et en Toi, ô pays bien-aimé !

Nous marchons, sous notre bannière tricolore
Notre chant vole à travers nos champs ...
Les vents reprennent notre chanson
Et la portent jusqu’aux coupoles de Moscou.

(Seconde version - Вторая версия)

Боевы́м желе́зным ша́гом
За полка́ми шли полки́
И под сла́вным ру́сским фла́гом
Бле́щут гро́зные штыки́

Ча́стым ле́сом, по́лем чи́стым
Их ведёт оди́н прика́з:
Что́бы стали́нским чеки́стам
Не хозя́йничать у нас!

Про́тив кра́сного заси́лья
Мы идём в жесто́кий бой
- Возрождённая Росси́я -
Вот наш ло́зунг боево́й!

Власть чеки́стов минова́ла
Враг нигде́ не устои́т
Бу́дет вы́бит враг с Ура́ла
За Ура́лом бу́дет бит!

Боевы́м желе́зным ша́гом
За полка́ми шли полки́
И под сла́вным ру́сским фла́гом
Блещу́т гро́зные штыки

D’un pas de fer, ils marchaient au combat,
Régiments après régiments,
Et sous le glorieux drapeau russe
Les redoutables baïonnettes étincelaient

Par les forêts épaisses et à travers champs
Un ordre les conduit :
Que les Tchékistes staliniens*
Ne soient plus nos maîtres !

Contre le pouvoir des Rouges
Nous nous lançons dans la féroce bataille.
‘La Russie renaissante’
Tel est notre slogan au combat !

Le pouvoir des Tchékistes est fini
L'ennemi nulle part ne résistera
L'ennemi sera délogé de l'Oural
Par-delà l'Oural il sera battu !

D’un pas de fer, ils marchaient au combat,
Régiments après régiments,
Et sous le glorieux drapeau russe
Les redoutables baïonnettes étincelaient

* Tchékistes : membres de la Tchéka : police politique soviétique de 1917 à 1922.

 

Le souvenir du traître Andrei Vlasov et de ses escadrons de fer révulse encore les Russes : c’est peu dire !