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Par les vallées et les collines – fin
Photo : 1939 : miliciens en arme dans une rue de Barcelone pendant la Guerre civile espagnole Petite histoire d’une chanson :
Par les vallées et les collines
По долинам и по взгорьям
Fin
Un chant devenu international
Cette chanson connut une diffusion internationale, célébrant (un peu) l’héroïsme des armées blanches, (beaucoup) les partisans communistes, et, parfois,… d’autres luttes et d’autres héros.
Dès 1934, il existe une version allemande ‘rouge’, d’abord portée par les Socio-démocrates, puis reprise, après-guerre en Allemagne de l’Est – sous le titre : "Partisanen vom Amur" - lire le texte en allemand et sa traduction... en russe. Rappelons-nous que Karl Marx et Friedrich Engels étaient tous deux natifs germaniques...
En 1937, l’année même où Piotr Parfionov, l’auteur putatif de la version pro-bolchevique, fut exécuté par ordre de Staline, le chant était repris par les partisans espagnols qui combattaient le régime franquiste sous le titre "El Himno del Guerrillero". Différentes versions du texte (en espagnol) ont été rajoutées sur cet air, décidément très inspirateur ! Lire le texte en espagnol .
Diffusée après la Seconde guerre mondiale dans l'ensemble des pays du 'Bloc de l'Est', la version rouge fut traduite en de nombreuses langues.
Voici celle, en serbe (ou en croate - je vous laisse choisir), qu'on fredonnait dans la défunte Yougoslavie...
La version ‘rouge’ reste encore aujourd’hui très appréciée... en Corée (du Nord, bien entendu). Les paroles sont sous-titrées en coréen : je vous laisse le soin de les traduire…
En France : ‘Par les vallées et les collines’
en blanc, rouge et noir...
Une version française fut écrite dans les années soixante qui rend hommage aux Russes blancs anti-communistes, avant qu’elle ne passe dans le florilège des scouts, de certaines troupes d’élite et de quelques royalistes nostalgiques…
(Nota : on y parle ici de Dénikine : Le général Anton Dénikine, chef d'état-major dans les armées impériales pendant la Première Guerre mondiale et commandant en chef de l'Armée des Volontaires – ‘blancs’ - pendant la guerre civile russe.)
De leur côté, les ‘Rouges’ déclament une autre version qui honore les partisans de Lénine (dans cette adaptation, Dénikine cède la place au Grand Lénine – ça rime !). La voici chantée par Catherine Ribeiro et les Chœurs de l’Armée Rouge en 1976 .
Après les versions ‘blanche’ et ‘rouge’, il fallait bien une version ‘noire’ – c’est-à-dire anarchiste. Voici celle d’Etienne Roda-Gil (1968), un fils d’exilés catalans, parolier libertaire et proche du mouvement anarchiste : La Makhnovchtchina, écrite en mémoire des troupes de Nestor Makhno, commandant pendant la Guerre civile l’Armée Révolutionnaire Insurrectionnelle Ukrainienne qui combattit à la fois les forces bolcheviques et celles des Russes blancs. Pas de chance (pour les Anarchistes et peut-être pour les Ukrainiens), elle fut défaite par les Rouges et Maxhno mourut en exil...
Leur slogan, « Mort à tous ceux qui font obstacle à la liberté des travailleurs » (Смерть всім, хто на перешкоді добутья вільності трудовому люду en ukrainien), en dit long sur leurs intentions...
A l’époque, une version, semble-t-il, aurait existé en langue ukrainienne, sans qu’il n’en soit restée de traces. La version française a depuis été traduite (lire la traduction de La Makhnovchtchina en russe) Retour à l’envoyeur, en quelque sorte !
© 19.07.2009 владимир платоненко
Voici, enfin, pour nos amis Corses (parfois un peu nationalistes), une version plus insulaire.
Chjami Aghjalesi : U Partigianu
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Par les vallées et les collines – 2
L’Hymne des Partisans (1922)
Партиза́нский гимн
Ce chant fut presque immédiatement ‘récupéré’ par les partisans bolcheviques. Les paroles de la version ‘rouge’ ont été écrites par Piotr Parfionov (Пётр Семёнович Парфёнов) en 1920, puis remaniées par lui en 1922 pour célébrer les victoires sur le front de l’Extrême-Orient contre les Russes blancs. C'est cette version, plus ou moins remaniée, qui fut chantée tout au long de l'ère soviétique.
По доли́нам и по взго́рьям
Шла диви́зия вперёд
Что́бы с бо́ем взять Примо́рье -
Бе́лой а́рмии опло́тНалива́лися знамёна
Кумачо́м после́дних ран
Шли лихи́е эскадро́ны
Приаму́рских партиза́нЭ́тих дней не смо́лкнет сла́ва
Не поме́ркнет никогда́
Партиза́нские отря́ды
Занима́ли города́И оста́нутся как в ска́зке
Как маня́щие огни́
Штурмовы́е но́чи Спа́сска
Волоча́евские дниРазгроми́ли атама́нов
Разогна́ли воево́д
И на Ти́хом океа́не
Свой зако́нчили похо́дPar les vallées et les collines
La division allait de l'avant
Pour prendre d’assaut le Primorié (1)
(Ultime) rempart de l'armée blancheLes bannières saignaient
De l’étoffe de leurs récentes blessures
Ils avançaient, les vaillants escadrons
Des Partisans de l'Amour (2)La gloire de ces journées ne s'éteindra pas
Jamais elle ne se pâlira
Les bataillons des partisans
Occupèrent les villesEt resteront dans la légende
Telles des lumières étincelantes
Les nuits d'assaut sur Spassk (3)
Et les jours de combat de Volotchaev (4)Les atamans (5) furent vaincus
Et le voïvode chassé (6)
C’est sur les rivages de l’Océan Pacifique
Qu’ils achevèrent leur campagne1. Le Primorié est une région de l’Extrême-Orient russe – Capitale : Vladivostok ;
2. Ici, il s’agit du fleuve Amour marquant la frontière entre la Russie et la Chine ;
3. Spassk-la-Lointaine : ville de l’Extrême-Orient russe, dernière poche de résistance des Russes blancs ;
4. En 1922, près du village Volotchaevska eut lieu une bataille décisive de la fin de la guerre civile ;
5. Atamans : chefs militaires cosaques ;
6. Voïvode : gouverneur militaire et administratif de l’ancienne Russie tsariste.Différentes variantes furent par la suite écrites, sous l'ère soviétique. Lire (en russe) : Histoire de la chanson, alimentant l'exaltant souvenir des héros de la Révolution bolchevique.
Une histoire (une propagande diront certains) que se devait de connaître tout bon citoyen soviétique... y compris les enfants ; et pour cela : quoi de mieux qu'un petit dessin animé ?
L’Hymne de l’Armée de Libération Russe (1943)
Гимн Русской Освободительной Армии
Lors de la Grande Guerre Patriotique, en juillet 1942, Andreï Vlasov - Андрей Андреевич Власов - (ci-dessus, haranguant ses troupes), commandant de la 2ème armée de choc de l'Armée rouge, est capturé par les Allemands, il trahit et se range ouvertement aux côtés de l’agresseur nazi. Il forme quelque mois plus tard la ‘ROA’ - ‘Armée de libération russe’ (en russe 'РОА'). L’auteur Anatole Iakoblevitch Flaume (Анатолий Яковлевич Флауме) écrit en 1943 deux nouvelles versions sur l’air de ‘Par les vallées et les collines’, aux paroles farouchement anti-bolcheviques.
(Première version - Первая версия)
Мы идём широ́кими поля́ми.
На восхо́де у́тренних луче́й,
Мы идём на бой с большевика́ми
За свобо́ду Ро́дины свое́й.Припев:
Марш вперёд, желе́зными ряда́ми,
В бой за Ро́дину, за наш наро́д!
То́лько ве́ра дви́гает гора́ми,
То́лько сме́лость города́ берётМы идём вдоль тле́ющих пожа́рищ,
В го́ды тя́жких бе́дствий и войны́ -
Приходи́ и ты к нам в полк, това́рищ,
Е́сли лю́бишь Ро́дину, как мы.Мы идём, нам да́льний путь не стра́шен,
Не страшна́ суро́вая война́,
Твёрдо ве́рим мы в побе́ду на́шу,
И твою́, люби́мая страна́!Мы идём, над на́ми флаг трёхцве́тный,
Льётся пе́сня по родны́м поля́м...
Наш напе́в подхва́тывают ве́тры
И несу́т к моско́вским купола́м.Nous marchons dans de vastes champs.
Au lever des rayons du matin,
Nous allons au combat contre les Bolcheviks
Pour la liberté de notre Patrie.Refrain :
En avant, avec les bataillons de fer !
Au combat pour la Patrie et pour le peuple !
Seule la foi déplace les montagnes,
Seul le courage fait tomber les villes !Nous marchons parmi les incendies qui couvent,
Dans ces années de misères et de guerre.
Et toi aussi, rejoins notre régiment, camarade,
Si comme nous tu aimes ta Patrie.Nous marchons, sans craindre le long chemin,
Sans craindre la dureté de la guerre,
Nous croyons fermement en notre victoire,
Et en Toi, ô pays bien-aimé !Nous marchons, sous notre bannière tricolore
Notre chant vole à travers nos champs ...
Les vents reprennent notre chanson
Et la portent jusqu’aux coupoles de Moscou.(Seconde version - Вторая версия)
Боевы́м желе́зным ша́гом
За полка́ми шли полки́
И под сла́вным ру́сским фла́гом
Бле́щут гро́зные штыки́Ча́стым ле́сом, по́лем чи́стым
Их ведёт оди́н прика́з:
Что́бы стали́нским чеки́стам
Не хозя́йничать у нас!Про́тив кра́сного заси́лья
Мы идём в жесто́кий бой
- Возрождённая Росси́я -
Вот наш ло́зунг боево́й!Власть чеки́стов минова́ла
Враг нигде́ не устои́т
Бу́дет вы́бит враг с Ура́ла
За Ура́лом бу́дет бит!Боевы́м желе́зным ша́гом
За полка́ми шли полки́
И под сла́вным ру́сским фла́гом
Блещу́т гро́зные штыкиD’un pas de fer, ils marchaient au combat,
Régiments après régiments,
Et sous le glorieux drapeau russe
Les redoutables baïonnettes étincelaientPar les forêts épaisses et à travers champs
Un ordre les conduit :
Que les Tchékistes staliniens*
Ne soient plus nos maîtres !Contre le pouvoir des Rouges
Nous nous lançons dans la féroce bataille.
‘La Russie renaissante’
Tel est notre slogan au combat !Le pouvoir des Tchékistes est fini
L'ennemi nulle part ne résistera
L'ennemi sera délogé de l'Oural
Par-delà l'Oural il sera battu !D’un pas de fer, ils marchaient au combat,
Régiments après régiments,
Et sous le glorieux drapeau russe
Les redoutables baïonnettes étincelaient* Tchékistes : membres de la Tchéka : police politique soviétique de 1917 à 1922.
Le souvenir du traître Andrei Vlasov et de ses escadrons de fer révulse encore les Russes : c’est peu dire !
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Par les vallées et les collines
Художник / Illustration : Виктор Васильевич Шаталин A mes amis Jean G., royaliste nostalgique et
Léon J.P., bolchevik non moins nostalgique...Petite histoire d’une chanson :
Par les vallées et les collines
По долинам и по взгорьям
Voici l’histoire d’une chanson russe qui aura connu au cours du XX° siècle les vicissitudes de son temps, modifiant à chaque fois ses paroles pour s’adapter aux évènements militaires et politiques de l’époque. En particulier, elle fut reprise par tous les ‘camps’ lors de la Guerre civile russe (1917 – 1922), et, avec d’autres paroles, lors de la Grande Guerre Patriotique (1941 - 1945)* ; elle connut, par la suite, une diffusion internationale, traduite en de multiples langues.
Un internaute, Ivan Amraamski, a tenté la gageure de rassembler (les) différentes versions enregistrées de ce chant depuis un tout premier enregistrement datant de 1934, sans toutefois parvenir à l'exhaustivité.
Malheureusement le site est en japonais ce qui n'en facilite pas lecture (à moins de parler aussi le japonais, évidemment !). Lire en japonais : 谷を渡り丘を越え.
‘Par les vallées et les collines’ aurait été composée en 1828 lors d’un des nombreux conflits russo-turcs. L’auteur-compositeur aurait pu être un certain Tcherniaev, sans que tout cela soit certain. Nous n’en connaissons pas le texte original...
* Cela rappelle les différentes versions de l’hymne soviétique, redevenu, avec d'autres paroles, depuis l’an 2000, l’hymne de la Russie de Vladimir Poutine…
La marche des fusiliers sibériens (1915)
Марш сиби́рских стрелко́в
Sur cet air ancien, en 1915, de nouvelles paroles furent rajoutées par l’écrivain, poète et journaliste Vladimir Guiliarovski (Владимир Алексеевич Гиляровский). La Russie tsariste était à ce moment-là engagée, sur le front de l’Est, dans la Première Guerre Mondiale
Из тайги́, тайги́ дрему́чей,
От Аму́ра, от реки́,
Молчали́во, гро́зной ту́чей
Шли на бой сибиряки́.Их суро́во воспита́ла
Молчали́вая тайга́,
Бу́ри гро́зные Байка́ла
И сиби́рские снега́.Ни уста́лости, ни стра́ха (не зна́я стра́ха) ;
Бью́тся ночь и бью́тся день,
То́лько се́рая папа́ха
Ли́хо сби́та набекре́нь.Эх, Сиби́рь, страна́ ро́дная,
За тебя́ ль мы постои́м,
Во́лнам Ре́йна и Дуна́я
Твой приве́т (покло́н) передади́м!Дополне́ние в зави́симости от ве́рсии:
Знай, Сиби́рь, в лихи́е го́ды
В памя́ть сла́вной старины́
Честь вели́кого наро́да
Отстоя́т твои́ сыны́.Русь свобо́дная воскре́снет,
На́шей ве́рою горя́,
И услы́шат э́ту пе́сню
Сте́ны дре́внего Кремля́.Depuis la taïga, l’épaisse taïga,
Depuis l’Amour, depuis ce fleuve,
Silencieux, tel un nuage menaçant
Les Sibériens sont partis au combat,La taïga silencieuse
Les a éduqués âprement.
Redoutables tempêtes du Lac Baïkal,
Neiges de Sibérie !Sans fatigue ni peur (Sans connaître de fatigue),
Ils frappent la nuit, ils frappent le jour,
Seulement avec leur bonnet de laine grise
Posé crânement sur l’oreille.Ô Sibérie, pays natal,
Pour Toi nous nous battrons,
Et aux vagues du Rhin et du Danube
Nous transmettrons ton salut !Rajout selon les versions :
Sache, Sibérie, que dans les mauvaises années,
En mémoire du glorieux passé,
Tes fils défendront
L'honneur de notre grand peuple.La libre Rouss’ (ancien nom de la Russie) ressuscitera,
Brûlant de notre Foi.
Et les murailles de l’ancien Kremlin,
Entendront ce chant.Marche du Régiment Drozdovski (1919)
Марш Дроздо́вского Полка́
Après la Révolution d’octobre 1917, en 1919 – en pleine guerre civile -, le colonel de l’Armée blanche - pro-tsariste - Anton Tourkoul (Антон Васильевич Туркул), engagé sur le front roumain, demanda au compositeur Dmitri Pokrass (Дмитрий Яковлевич Покрасс) un hymne régimentaire. Pokrass repris à son compte le motif de la Marche des fusiliers sibériens et y arrangea de nouvelles paroles. Le 29 juin retentit pour la première fois le Chant du régiment de Drozdovski en présence du commandant en chef, le général Anton Dénikine (Антон Иванович Деникин).
Из Румы́нии похо́дом
Шёл Дроздо́вский сла́вный полк,
Во спасе́ние наро́да
Исполня́я тя́жкий долг.Мно́го он ноче́й бессо́нных
И лише́ний выноси́л,
Но геро́ев закалённых
Путь далёкий не страши́л!Генера́л Дроздо́вский сме́ло
Шёл с полко́м свои́м вперёд.
Как геро́й, он ве́рил твёрдо,
Что он Ро́дину спасёт!Ви́дел он, что Русь Свята́я
Погиба́ет под ярмо́м
И, как све́чка воскова́я,
Угаса́ет с ка́ждым днём.Ве́рил он: наста́нет вре́мя
И опо́мнится наро́д -
Сбро́сит ва́рварское бре́мя
И за на́ми в бой пойдёт.Шли Дроздо́вцы твёрдым ша́гом,
Враг под на́тиском бежа́л.
И с трёхцве́тным Ру́сским Флаго́м
Сла́ву полк себе́ стяжа́л!Пусть вернёмся мы седы́е
От крова́вого труда́,
Над тобо́й взойдёт, Росси́я,
Со́лнце но́вое тогда́!Припе́в:
Э́тих дней не смо́лкнет сла́ва,
Не поме́ркнет никогда́.
Офице́рские заста́вы,
Занима́ли города́!
Офице́рские заста́вы,
Занима́ли города́!Depuis la Roumanie
Marchait le glorieux régiment Drozdovski,
Au secours du peuple
Accomplissant son grand devoir.Il endura beaucoup de privations
Et de nuits sans dormir
Mais la longue route n'effrayait pas
Les héros endurcis.Le général Drozdovski hardiment
S'avança avec son régiment,
Tel un héros,
Convaincu de sauver la Patrie !Il voyait la Sainte Russie
Succomber sous le joug,
Et comme une bougie de cire
Dépérir de jour en jour.Il en était sûr : le temps viendrait
Où le peuple comprendrait,
Rejetterait le joug barbare,
Et avec nous irait au combat !Ses troupes avançaient d'un pas ferme.
L'ennemi, sous la pression, s'enfuyait.
Sous le drapeau tricolore de la Russie,
Le régiment se couvrait de gloire.Même si nous devons rentrer tout grisonnants
De ce sanglant labeur,
Sur Toi, Russie,
Un soleil nouveau se lèvera !Refrain :
La gloire de ces jours ne s'éteindra pas.
Jamais, elle ne pâlira.
Ses officiers aux avant-postes,
Occupaient les villes !
Ses officiers aux avant-postes,
Occupaient les villes !