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Valse de guerre – Les vagues…

Le Danube près des Portes de fer en Roumanie Les vagues du Danube - Дунайские волны
Titre original :Valurile Dunării (en roumain), Дунавски валови (en serbe)
Compositeur : Iosif/Ion Ivanovici (1880)
Auteur des paroles en russe : Ievgueni Dolmatovski (Евгений Долматовский) (1948)
Une valse pas tout à fait russe… !
A l’origine, partition seulement musicale, par la suite plusieurs paroliers russes ont ajouté leur vers. La version que nous vous présentons évoque ici, bien entendu, la guerre et ses soldats. Elle a été écrite par le poète russe Ievgueni Dolmatovski (Евгений Долматовский) après la Seconde guerre mondiale. Elle évoque la 'libération' par les troupes soviétiques des pays parcourus par le grand fleuve...
Видел, друзья, я Дунай голубой,
Занесён был сюда я солдатской судьбой.
Я не слыхал этот вальс при луне,-
Там нас ветер качал на Дунайской волне.Видел отважных советских ребят,
Славных друзей и хороших солдат.
Тех, что на Волге сраженье вели
И на Дунай пришли.Девушки нежно смотрели им вслед,
Шли они дальше дорогой побед
И отражением Волжской волны
Были глаза полны.Нынче друзья собрались за столом,
О знакомых местах, о Дунае споем.
В жарких боях защитив этот край,
Мы свободу твою отстояли, Дунай!J'ai vu, mes amis, le Danube bleu,
J’ai été amené jusque là par le sort du soldat.
Je n'ai pas entendu cette valse au clair de lune, -
Là, le vent nous a bercés sur les vagues du Danube.J'ai vu de braves garçons soviétiques
De bons amis et de bons soldats.
Ceux qui ont combattu sur la Volga
Et qui ont atteint le Danube.Les filles les regardaient avec tendresse,
Ils sont allés toujours plus loin sur la route des victoires,
Leurs yeux reflétant les flots de la Volga.
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Aujourd'hui mes amis, réunis autour d’une table,
Nous chanterons ces lieux qui nous sont familiers,
Nous chanterons le Danube.
Après avoir défendu cette terre dans d’âpres batailles,
Au combat, nous avons sauvé ta liberté, ô Danube !"Au combat, nous avons sauvé ta liberté, ô Danube !"...
Cette valse fut composée en 1880 par Iosif/Ion Ivanovici, Roumain d’origine serbe, qui occupait à l’époque le poste de chef d'orchestre de la fanfare du 6e régiment d'infanterie roumaine de Galati en Roumanie, aux portes du delta du Danube. La valse devint dans les années qui suivirent internationalement célèbre.
En Russie, cette valse a toujours été très populaire, et même pendant longtemps, elle fut considérée comme une ancienne valse russe, publiée comme telle dans les éditions musicales. (Ah ! ces Russes qui allègrement font fi des droits d’auteur !)
En 1886, Iosif/Ion Ivanovici (Ион Иванович) visite la Russie tsariste, Moscou et Saint-Pétersbourg. C'est là qu’il se rendit compte combien sa valse était jouée dans l’Empire du Tsar Alexandre III. En souvenir de son séjour dans ce pays, Ivanovici composa de nouvelles valses : "Souvenirs de Moscou", "Un Rêve sur la Volga" et "Au bord de la Neva".
Interprétée par les Chœurs de l’Armée russe (Ансамбль Российской Армии)
Voici une autre valse évoquant un autre grand fleuve, celui-ci s'écoulant plus à l'est, en Extrême-orient russe...
Les vagues de l’Amour – Амурские волны
Compositeur : Max Kuss (Макс Авелевич Кюсс)
1909 - peut-être auparavant ?Auteurs : Constantin Vasiliev et Sérafim Popov (Константин Васильев и Серафим Попов)
(1944 ? Premier enregistrement 1952)
Плавно Амур свои волны несёт,
Ветер сибирский им песни поёт.
Тихо шумит над Амуром тайга,
Ходит пенная волна
Пенная волна плещет,
Величава и вольна.Там, где багряное солнце встаёт,
Песню матрос об Амуре поёт.
Песня летит над широкой рекой,
Льётся песня широко
Песня широко льётся,
И несётся далеко.Красоты и силы полны,
Хороши Амура волны.
Серебрятся волны
Серебрятся волны,
Славой Родины горды.
Плещут, плещут, силы полны,
И стремятся к морю волны.
Серебрятся волны
Серебрятся волны,
Славой русскою горды.Красива Амура волна,
И вольностью дышит она.
Знает волна —
Стерегут её покой.
Спокойны реки берега,
Шумит золотая тайга.
Дышит волна
Её чудной красотой.Величав Амур седой,
Мы храним его покой.
Корабли вперёд плывут,
Волны бегут и бегут:
Ты шуми, Амур родной.
Ты шуми седой волной,
В грозном беге прославляй
Наш советский вольный край.Плавно Амур свои волны несёт,
Ветер сибирский им песни поёт.
Тихо шумит над Амуром тайга,
Ходит пенная волна
Пенная волна плещет,
Величава и вольна.Doucement le fleuve Amour porte ses vagues au loin,
Le vent de Sibérie leur chante des chansons.
La taïga bruisse tranquillement sur l'Amour,
Dont les flots écumants
S’en vont, éclaboussant,
Majestueux et libres.Là où le soleil rougeoyant se lève,
Sur l’Amour le matelot chante une chanson.
Son chant s'envole au-dessus du large fleuve,
Son chant s'écoule vers le large,
Vers le large il s'écoule,
Emporté au loin.Emplies de beauté et de force,
Sont les vagues de l’Amour, si généreuses.
Ses vagues sont d'argent,
Argentés sont ses flots,
Fiers de porter la gloire de la Patrie.
Ils jaillissent et éclatent, pleins de force,
S'élançant vers la mer.
Ses flots sont d'argent,
Argentées sont ses vagues,
Fières de porter la gloire de la Russie.Belle vague du fleuve Amour,
Qui respire en toute liberté,
Vague qui connaît bien
Ceux qui veillent sur elle.
Les rives du fleuve sont tranquilles,
La taïga dorée bruisse.
Et les vagues respirent
De leur merveilleuse beauté.Nous protégeons le fleuve Amour,
Aux vagues grises, si majestueux.
Les bateaux s’avancent,
Les vagues courent et courent :
Résonne, notre cher Amour !
Sois bruyant avec tes vagues grises,
Dans leur course formidable
Glorifie notre libre terre soviétique !Doucement le fleuve Amour porte ses vagues au loin,
Le vent de Sibérie leur chante des chansons.
La taïga bruisse tranquillement le long du fleuve Amour
Dont les flots écumants
S’en vont, éclaboussant,
Majestueux et libres.
Valse de guerre ou… valse d’amour ?
Dans nos oreilles françaises, ce nom : ‘Amour’ signifie avant tout… amour (‘любовь’ en russe). Pour les Russes, il évoque d’abord le long fleuve de plus de 4 300 kilomètres qui marque aujourd'hui la frontière entre la Russie et la Chine*.
J’émets ici la supposition que pour certains Russophones le mot ‘Amour’ (Амур) évoque peut-être aussi le mot français et sa connotation romantique. C’est ainsi, de mon côté, que je l’ai tout d’abord perçu. Amour et Guerre ne font-ils pas souvent bon ménage ? En Mésopotamie Ishtar était à la fois déesse de l’un et de l’autre, et dans la mythologie grecque et romaine Aphrodite / Vénus, déesse de l'amour, femme infidèle d'Héphaïstos / Vulcain, le dieu forgeron, difforme et boiteux, ne fut-elle pas l'amante éphémère de Mars / Arès, le dieu de la guerre ?
* Le nom du fleuve Amour (Амур) proviendrait d'un terme autochtone signifiant ‘grande rivière’ (ou bien ‘boueux’, ce qui est moins romantique...)
Version orchestrale de la 'vieille' valse Les vagues de l’Amour (Амурские волны)
Brève histoire de la valse…
La partition musicale fut composée en 1909 (peut-être auparavant à la veille de la guerre russo-japonaise de 1904-1905) par Max Kuss (Макс Авелевич Кюсс), chef de l’orchestre militaire du 11e régiment de Sibérie orientale, stationné alors à Vladivostok.
Titrée d’abord 'La baie d’amour du fleuve Amour' (Амурский залив любви), elle devint populaire dans la première partie du XX° siècle sous sa forme instrumentale puis fut oubliée. Elle connaîtra une seconde jeunesse, devant en quelque sorte ‘l’hymne’ de l’Extrême-orient soviétique, lorsque des paroles lui furent ajoutées dans le milieu des années 1940 par l'acteur Serafim Popov (Серафим Александрович Попов), texte quelque peu ‘revisité’ par le chanteur-soliste de l’orchestre de la Flotte de la Baltique Constantin Vasiliev (Константин Васильев).
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Valse de guerre – Les bouleaux de Russie – suite

Les bouleaux de Russie (suite)
Le bouleau (l’arbre) est intimement lié à la culture russe...
‘Мы переехали горы, и первый предмет, поразивший меня, была берёза, северная берёза! сердце моё сжалось…’ А. Пушкин.
‘Nous franchîmes les montagnes, et la première chose qui me frappa ce furent les bouleaux, les bouleaux septentrionaux ! mon cœur alors se serra…’ Alexandre Pouchkine.
Source : 'Pourquoi le bouleau est-il considéré comme un symbole en Russie ? ’Lire en russe.
Interprétée en 1961 par Alexeï Ousmanov et Victor Selivanov
(Алексей Усманов и Виктор Селиванов)Les bouleaux (Берёзы) 1959
Paroles de Vladimir Lazarev - Musique de Marc FradkineСлова: Владимир Лазарев - Музыка: Марк Фрадкин
Я трогаю русые косы,
Ловлю твой задумчивый взгляд.
Над нами весь вечер берёзы
О чем-то чуть слышно шумят.
Берёзы, берёзы,
Родные берёзы не спят.Быть может, они напевают
Знакомую песню войны,
Быть может, они вспоминают
Суровые годы войны?
Берёзы, берёзы,
Родные берёзы не спят.Неужто свинцовой метелью
Земля запылает окрест
И снова в солдатских шинелях
Ребята уйдут от невест?
Берёзы, берёзы,
Родные берёзы не спят.Я трогаю русые косы,
Ловлю твой задумчивый взгляд.
Не спят под Москвою берёзы,
В Париже каштаны не спят.
Берёзы, берёзы,
Родные берёзы не спят.Je caresse tes tresses châtain-clair
Je saisis ton regard pensif.
Toute la soirée, au-dessus de nous les bouleaux
Bruissent d’un murmure à peine audible.
Bouleaux, bouleaux,
Nos chers bouleaux ne dorment pas.Peut-être qu'ils fredonnent
Un air martial familier,
Peut-être se souviennent-ils
Des dures années de guerre ?
Bouleaux, bouleaux,
Nos chers bouleaux ne dorment pas.Tout autour, par un blizzard de poudre et de plomb,
La terre s’enflammera-t-elle,
Et qu’encore vêtus de leur uniforme
Les garçons devront-ils quitter leur promise ?
Bouleaux, bouleaux,
Nos chers bouleaux ne dorment pas.Je caresse tes tresses châtain-clair
Je saisis ton regard pensif.
Tout autour de Moscou les bouleaux ne dorment pas,
A Paris les marronniers ne dorment pas.
Bouleaux, bouleaux,
Nos chers bouleaux ne dorment pas.Quelques mots sur cette chanson...
Chanson extraite du film ‘Le premier jour de paix’ (Первый день мира) réalisé en 1959 par Jacob Segel (Яков Сегель) qui relate le retour dans son village le soldat Mikhaïl Platonov aux premiers jours de paix, en 1945. Mais l’écho de la guerre est encore dans toutes les têtes et les mémoires, et la machine infernale de la haine ne peut s'arrêter tout de suite. Mikhaïl mourra à la veille de l'aube d’un monde fait d’amours inassouvis, de rêves inassouvis… (Visionner)
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Bouleau de Russie – Russie des bouleaux (Берёза-Россия)
Paroles de Andreï Govrilov - Musique de Boris ChapiroСлова: Андрей Гаврилов - Музыка: Борис Шапиро
Я дерево видел в затихшем лесу
И память о нём в своём сердце несу.
Берёза.Сквозь каску бойца она проросла
И сколько в ней грусти и сколько тепла. Берёза.Как будто узнала о том, что весной
Весною военной, весной грозовой
Убит здесь мальчишка, ровесник мой.В отверстии от пули зелёный росток
Кривясь и царапаясь выбрался, смог.
Берёза.Хотя ему было совсем невдомёк
Что горе как дыма берёзовый сок.
Берёза.Природа привычкам своим верна
Весною другая сменилась весна
И в воздухе мирный берёзовый запах.
Война уходила на запад, на запад
Берёза-Россия, Россия-берёза!Я дерево видел в затихшем лесу
И память о нём в своём сердце несу.
Берёза.Какую же веру в себе обрести
Чтоб через железо до звёзд прорасти.
Берёза.Я верю в берёзу, я верю в Россию
И если придётся – все грозы осилю
Я верю в берёзу, я верю в Россию
Я грозы осилю, я верю в Россию!J'ai vu un arbre dans une forêt paisible
Et je garde son souvenir dans mon cœur.
Bouleau...Il a poussé, transperçant le casque du soldat ;
Oh combien en lui de tristesse et de chaleur il y a !
Bouleau...Comme s’il avait su qu'au printemps
- Un printemps martial, un printemps orageux -
Un garçon de mon âge était tombé ici.Une pousse verte s’est extirpée et a poussé
Par le trou laissé par la balle.
Bouleau...Ignorant, inconscient du chagrin,
Telle les vapeurs de son eau, de sa sève¹.
Bouleau…La nature est fidèle et a ses habitudes :
Le printemps a fait place à un autre printemps
Et un parfum de bouleau, paisible, est dans l'air.
La guerre s’en est allée à l'ouest, plus à l'ouest.
Bouleau de Russie, Russie des bouleaux !J'ai vu un arbre dans une forêt paisible
Et je garde son souvenir dans mon cœur.
Bouleau...Combien de confiance lui faut-il
Pour qu’il puisse ainsi croître à travers le métal
Et rejoindre les étoiles ! Bouleau...Je crois au bouleau, je crois en la Russie
Et, s'il le faut, je surmonterai tous les orages
Je crois au bouleau, je crois en la Russie
Je surmonterai les orages, je crois en la Russie !1- Les Russes emploient la sève du bouleau comme boisson ou, en y ajoutant du houblon et de la levure, en tirent une sorte de bière.
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Aujourd’hui encore, au XXI° siècle, cette image du bouleau comme symbole de la Russie, d’une Russie profonde liée à la terre et aux arbres, reste vivace…
Les bouleaux (Берёзы) 2002
Paroles de Mikhaïl Andreev - Musique d'Igor MatvienkoСлова: Михаил Андреев - Музыка: Игор Матвиенко
Отчего так в России берёзы шумят,
Отчего белоствольные всё понимают,
У дорог, прислонившись, по ветру стоят,
И листву так печально кидают.Я пойду по дороге, простору я рад
Может это лишь всё, что я в жизни узнаю,
Отчего так печальные листья летят,
Под рубахою душу ласкаяА на сердце опять горячо, горячо,
И опять и опять без ответа
А листочек с берёзки упал на плечо
Он как я оторвался от ветокПосидим на дорожку родная с тобой
Ты пойми я вернусь, не печалься не стоит
И старуха махнёт на прощанье рукой
И за мною калитку закроетОтчего так в России берёзы шумят,
Отчего хорошо так гармошка играет,
Пальцы ветром по кнопочкам враз пролетят,
А последняя, эх, западает.А на сердце опять горячо, горячо,
И опять и опять без ответа,
А листочек с берёзки упал на плечо,
Он как я оторвался от веток(Два раза)
Pourquoi les bouleaux bruissent-ils si fort en Russie,
Pourquoi leur tronc blanc comprend-il tout,
Au bord des routes, adossés au vent, ils se tiennent debout,
Et dispersent-ils leurs feuilles si tristement.Je vais suivre la route, je suis heureux d'être dans ces vastes espaces.
Peut-être, de la vie, est-ce juste tout ce que j’apprendrai :
Pourquoi ces feuilles tristes s’envolent-elles
Et viennent-elles jusque sous ma blouse afin de caresser mon âme...Et sur mon cœur à nouveau, si chaudement,
Et encore et toujours sans donner de réponse,
Du bouleau une feuille est tombée sur mon épaule ;
Elle, comme moi, détachée de sa branche.Prenons le temps, ma mère, avant que je m’en aille...
Tu sais que je reviendrai : ne sois pas triste !
Et la vieille me fera ses adieux
Et derrière moi refermera la porte.Pourquoi les bouleaux bruissent-ils si fort en Russie,
Pourquoi le bandonéon joue-t-il si bien ?
Les doigts comme le vent survoleront tous les boutons,
Et seul le dernier, hélas, lui se bloquera !Et sur mon cœur à nouveau, si chaudement,
Et encore et toujours sans donner de réponse,
Du bouleau une feuille est tombée sur mon épaule ;
Elle, comme moi, détachée de sa branche.(Bis)
La chanson fut interprétée dans la série télévisuelle ‘Le poste de police’ (Участок), réalisé par Alexandre Baranov (Александр Баранов) en 2003, racontant les démêlés au quotidien d’un lieutenant de police affecté dans un district rural. Visionner.
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Valse de guerre – Les bouleaux de Russie
Interprétée par Oleg Pogoudine (Олег Погудин)
Comme les Gaulois avaient le chêne,
les Russes célèbrent les bouleaux, dans leur imaginaire...Le jeune bouleau - Берёзка
(1906)
Compositeur : Evguéni Dreizine (Евгений Дрейзин)
Auteur des paroles : Alexandre Bézymenski (Александр Безыменский)
A l’origine, partition seulement instrumentale, c’est par la suite que des paroles furent rajoutées.
Средь сосен суровых, меж тёмных ракит
В серебряном платье берёзка стоит.
Склонились деревья, цветы и кусты
Пред гордым величьем её красоты.И нежна, и стройна, и всегда величава она.
Весела и светла, и земле родной верна.
Чу! Шелестит листва густая…
Это она, берёзка родная,
Милой земле в ответ
Посылает любовь и привет.Только лишь встретишься с нею,
Сердце забьётся сильнее.
Сердце! Ведь всегда с тобой
Образ берёзки родной.Средь сосен суровых, меж тёмных ракит
В серебряном платье берёзка стоит.
Склонились деревья, цветы и кусты
Пред гордым величьем её красоты.И не зря наш народ о берёзоньке
песни поёт.
Целый мир обойдёшь, но такой
красоты не найдёшь.Символ родины, символ России.
Parmi les pins sévères, parmi les saules obscurs
Il y a un jeune bouleau dans sa robe d'argent.
Les arbres, les fleurs et les buissons se courbent
Devant la fière majesté de sa beauté.Et tendre, et mince, l’arbrisseau reste toujours digne,
Joyeux et lumineux, fidèle à sa terre natale.Chut ! Le feuillage épais bruisse...
C'est lui, ce cher bouleau,
Qui adresse à la douce terre
Des mots d'amour et de salutations.Juste le revoir à nouveau,
Le cœur battant plus fort :
Toi mon cœur, qui gardes toujours
L'image de ce cher petit arbre !Parmi les pins sévères, parmi les saules obscurs
Il y a un jeune bouleau dans sa robe d'argent.
Les arbres, les fleurs et les buissons se courbent
Devant la fière majesté de sa beauté.Ce n'est pas sans raison que notre peuple te chante, jeune bouleau :
Même en faisant le tour du monde entier, vous ne trouverez nulle part une telle beauté !Toi, symbole de la terre natale, symbole de la Russie…

Une jeune fille - bouleau Une valse qui ne parle pas de guerre...
Précisons ici d'emblée que le bouleau (берёза), l'arbre, en russe est féminin : 'une bouleau' aurais-je dû traduire... En Russie dans de nombreuses chansons et poèmes, les jeunes filles, les jeunes femmes sont très souvent comparées à cet arbre. On dit d'elles qu'elles sont douces, élancées, majestueuses... comme un bouleau !
Le thème de la chanson s'inscrit donc dans cette comparaison : jeune bouleau = jolie jeune fille...
Cette valse ne nous parle donc pas de guerre, de soldats en bataille, d'attentes mêlées d'angoisse ou de nostalgie autour d'un bivouac. Non : elle parle d'un jeune arbre, d'un petit arbre, pour évoquer l'image d'une jolie jeune fille, comme un poète français de la Renaissance nous parlerait d'une rose pour décrire une beauté ravissante et fragile...
Après la Révolution d'Octobre, la chanson se fana et tomba dans l'oubli...
Il faudra ensuite attendre les années soixante pour que cette vieille valse resurgisse dans les mémoires russes. Le film 'Le printemps des jeunes filles' (Девичья весна), coréalisé par Benjamin Dormane (Вениамин Дорман) et Henrich Oranessian (Генрих Оганесян), en 1960, lui rendit une nouvelle jeunesse : la valse y accompagne gracieusement un ballet de jeunes femmes, telle une danse des fleurs (en l'occurrence, ici, de jeunes bouleaux !).
Extrait du film 'Le printemps des jeunes filles' (Девичья весна) - 1960
(Visionner le film en totalité)
Pourquoi alors une 'valse de guerre' ?
Il faut se pencher pour le savoir sur son compositeur, Evguéni Dreizine (Евгений Mikhaĭlovich Дрейзин) - 1878-1932 -, et sur les circonstances de sa composition.
En 1903, après avoir achevé la classe de violon du Conservatoire impérial de Moscou, il rejoint L'Extrême-Orient russe et embarque, en tant que civil, comme chef de musique sur le croiseur Askold (крейсер 'Аскольд') de l'escadre du Pacifique. Chaque bataillon, chaque corps d’armée étaient à l’époque accompagnés d’un orchestre militaire.

Une valse écrite en captivité
Le 8 février 1904, le Japon attaque par surprise l'escadre navale de Port-Arthur.
C’est le début de la guerre russo-japonaise (1904-1905). Evguéni Dreizine et ses musiciens jouent alors sur les champs de bataille marches militaires et autres musiques pour porter et soutenir les soldats, les musiciens se retrouvant souvent au milieu des combats.
"...les cuivres de l'orchestre brillaient au soleil et on entendait les sons revigorants de la musique militaire. C'était le régiment de fusiliers de Sibérie orientale..." (Extrait du roman d'Alexandre Stepanov (Александр Николаевич Степанов) 'Port-Arthur' (Порт-Артур) publié en 1940-1942 - Lire en ligne)
La guerre s'acheva sur une lourde défaite de l'Empire russe. Port-Arthur capitulera en janvier 1905. Les militaires survivants furent faits prisonniers. Bien que civil, Evguéni Dreizine, resta volontairement auprès des troupes russes captives des Japonais. C'est lors de cette détention - qui s'acheva en 1906 - qu'il composa sa valse 'Le jeune bouleau' (Берёзка), comme un appel, un élan d'amour pour sa terre natale, pour la Russie, évoquant sa nature unique, sa beauté.

La Croix de Saint-Georges Après son retour de captivité, Evguéni Dreizine sera de nouveau enrôlé : en 1911, il est nommé chef d'orchestre principal division dans la région d'Irkousk. Pour sa bravoure durant le siège de Port-Arthur, Evguéni Dreizine reçut la Croix de Saint-Georges récompensant ses mérites militaires.
Plus tard, durant la Première guerre mondiale, il dirigera l'orchestre de son régiment sur le front russo-allemand. En 1916, la quatrième édition de sa valse fut annotée de la mention : "Armée d'active" (Действующая армия)...
Le jeune bouleau - Берёзка
interprétée par Lioudmila Zykina (Людмила Зыкина)
Les origines du thème de la valse
Les premières notes de la valse sont reprises d'une œuvre de jeunesse, "Cœur brisé" (Разбитое сердце), composée en 1848 par le pianiste, compositeur et chef d'orchestre russe Anton Rubinstein (Антон Григорьевич Рубинштейн) 1829-1894, une romance accompagnant les vers de l'Allemand Rudolf Löwenstein - 'Ich sah' mal Blimle...' - adaptés en russe par Viktor Krylov (Виктор Крылов).
Cœur brisé - Разбитое сердце
(1848)
Compositeur : Anton Rubinstein (Антон Григорьевич Рубинштейн)
Sur des vers de Rudolf Löwenstein - adaptés en russe par Viktor Krylov (Виктор Крылов)Я видел берёзку: сломилась она...
Верхушкой к земле наклонилась она...
Но листья не блёкли на тонких ветвях,
Пока не спряталось солнце в горах.
Я бабочку видел с разбитым крылом:
Бедняжка под солнечным грелась лучом,
Стараясь и слабость, и смерть превозмочь,
Пока не настала холодная ночь.Я видел, как лань стрелок подстрелил:
Бедняжка упала без крови и сил,
И мало со смертью бороться могла,
И жить перестала, как солнце зашло.
Ах, мне изменила подружка моя,
И солнце померкло давно для меня.
Но смерть и покой я напрасно зову
И с сердцем разбитым "живу да живу".J'ai vu un jeune bouleau : meurtri, brisé
Se courbant vers le sol...
Mais quand le soleil s’est caché dans les montagnes
Sur ses fines branches, ses feuilles ne se sont pas flétries.J'ai vu un papillon avec une aile brisée :
Le pauvret se réchauffait sous les rayons du soleil,
Tout faible, essayant de surmonter la mort
Avant que ne vienne la nuit froide.J'ai vu comment la flèche de l’archer a atteint la biche :
La pauvre bête sans plus de force tomba exsangue,
Sans plus pouvoir combattre la mort,
Elle cessa de vivre au coucher du soleil.Ah, mon amour m’a trahi
Et le soleil pour moi s’est estompé à jamais !
O Mort, ô Paix, en vain je vous appelle,
Encore vivant, toujours vivant, le cœur brisé...Cette romance, peu jouée aujourd'hui en Russie, fait presque de nos jours partie en Ukraine du répertoire traditionnel, le cœur brisé étant un des thèmes favoris de la chanson lyrique. Voici une version interprétée par Boris Gmyria (Борис Гмиря), en langue ukrainienne, sous le titre 'Я бачив як вітер берізку зломив' (J'ai vu le vent briser le jeune bouleau)...
Source (en russe) : Histoire d'une chanson.
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Voici une autre romance, composée plus tardivement, qui reprend le thème du bouleau, cher à l’imaginaire russe...
Interprétée en 1982 par Ivan Samafatov (Иван Самофатов)
et l'Ensemble Bannière rouge de la Flotte de la Mer noire (ансамбль КЧФ)Rêves de bouleaux - Берёзовые сны
(1979)Musique : Vitali Guevigsman (Виталий Гевиксман)
Paroles : Guéorgui Féré (Георгий Фере)
Земля снегов и лебединых облаков,
Земля берёзовых закатов…
С печалью светлой, молча, смотрят
на меня
России синие глаза…Припев:
Земля моя, я сын твоих берёз.
Я землю русскую от недруга сберёг,
Я отдал всё, чтоб в рощах золотых
Вовек не замолкали соловьи…
Земля моя, я сын твоих берёз.
Берёзки белые от бурь я уберёг,
Чтоб вечно снились Родине моей
Берёзовые сны…Солдатом шёл я по обугленной земле,
Пылали дымные закаты.
Сухие трещины натруженных дорог,
Как руки матери моей…Припев.
Когда уйду в края, откуда нет дорог,
Я сам навек Россией стану.
Ночами росными в стволах твоих
берёз
Струиться будет кровь моя…Pays des neiges, Pays des nuages comme des cygnes,
Pays des couchers de soleil sur les bouleaux...
Avec une tendre mélancolie, en silence,
Me regardent les yeux bleus de la Russie...
Refrain :O ma terre, je suis le fils de tes bouleaux.
Ma terre russe, je t’ai protégée de l'ennemi,
J'ai tout donné pour que dans tes bosquets dorés
Les rossignols ne se taisent jamais...
Ma terre, je suis le fils de tes bouleaux.
J'ai sauvé tes bouleaux blancs des tempêtes,
Pour que ma patrie fasse toujours des rêves,
Que toujours elle rêve de ses arbres...Soldat, j'ai marché sur la terre brûlée,
Aux couchers de soleil enfumés, enflammés,
Par des routes usées, gercées
Comme le sont les mains de ma mère...Refrain.
Quand j’irai là d’où personne jamais ne revient,
Je serai la Russie pour toujours,
Et mon sang coulera comme la rosée nocturne
Sous l’écorce de ses arbres...Ecrite à l'origine pour une série télévisuelle documentaire soviéto-américaine 'La guerre inconnue' (The Unknown War en anglais) en 20 épisodes - titrée en russe 'La Grande guerre patriotique' (Великая Отечественная) -, réalisée en 1978 par Roman Karmen (Роман Кармен) la chanson ne fut pas retenue. Les Américains pouvaient-ils vraiment comprendre ce que signifiait pour les Russes ‘rêves de bouleaux’ ?!
'La guerre inconnue' (The Unknown War) - Visionner la version américaine - fut réalisée à partir de documents d'archive qu'il avait déjà réunis en 1965 dans un documentaire éponyme russe. Visionner.
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Valse de guerre – Sur les hauteurs de Mandchourie

Illustration : Le régiment d'infanterie de Mokchan sur les hauteurs de Mandchourie (1904-1905) Sur les hauteurs de Mandchourie
На сопках Маньчжурии
Compositeur : Ilia Alekseïevitch Chatrov (Илья Алексеевич Шатров) 1906Une valse en souvenir de ceux tombés au combat…
Interprétée par Youlia Zapolskaïa (Юлия Запольская)
A l’origine, partition seulement instrumentale, c’est par la suite que des paroles furent rajoutées.
Une version 'd'avant la Révolution d'octobre' (1917)
d'après les vers de Stepan Petrov (Степан Петров ‘Скиталец’)Тихо вокруг.
Сопки покрыты мглой.
Вот из-за туч блеснула луна,
Могилы хранят покой.Белеют кресты —
Это герои спят.
Прошлого тени кружатся вновь,
О жертвах боёв твердят.Тихо вокруг,
Ветер туман унёс,
На сопках манчжурских воины спят
И русских не слышат слёз.Плачет, плачет мать родная,
Плачет молодая жена,
Плачут все, как один человек,
Злой рок и судьбу кляня.Пусть гаолян
Вам навевает сны,
Спите, герои русской земли,
Отчизны родной сыны.Вы пали за Русь,
Погибли за Отчизну.
Но верьте, мы за вас отомстим
И справим мы славную тризну.Tout autour c’est le calme.
Les hauteurs sont couvertes de brume.
Derrière les nuages, la lune a frissonné,
Les tombes montent la garde en paix.Les croix blanchissent -
C’est là que dorment les héros.
Les ombres du passé à nouveau surgissent
Rappelant les victimes des anciennes batailles.Tout autour c’est le calme.
Le vent a emporté le brouillard,
Sur les hauteurs, les soldats de Mandchourie
Dorment sans entendre les larmes russes.Elle pleure, elle pleure la mère,
Elle pleure la jeune épouse,
Tous pleurent comme un seul être,
Maudissant le mauvais sort et le destin.Que les hautes herbes¹
Vous apportent le sommeil.
Dormez, héros de la terre russe,
Fils de la Mère-patrie.Vous êtes tombés pour la Russie,
Vous êtes morts pour la Mère-patrie
Mais soyez sûrs que nous vous vengerons
Et partagerons pour vos funérailles un repas de gloire².1- Le texte russe parle ici du ‘gaoliang’, graminée de la même famille que le sorgho.
2- La tradition funéraire russe orthodoxe veut qu’une offrande de nourriture est faite au défunt.
«… Le lendemain du décès la maîtresse de maison, ayant fait cuire une galette de seigle, la portait au défunt en disant ‘Monsieur mon père, Madame ma mère, voici une galette pour ton déjeuner, tu n’as pas dîné chez moi hier et aujourd’hui tu n’as pas pris de déjeuner’... » in Kremleva, I. A., Les rites funéraires chez les Russes : un lien entre les vivants et les morts, Cahiers slaves Année 1997 1 pp. 132-133 – Source : Portail Persée.
На сопках Маньчжурии Сергей Лебедянцев - 2008 Quelques mots sur l’histoire de cette valse
Ilia Chatrov (Илья Алексеевич Шатров) (1879-1952), fut l’un des 7 musiciens rescapés parmi les 60 membres l’orchestre de son régiment lors de la bataille de Moukden (Мукденское сражение), durant le conflit russo-japonais de 1904-1905. Son régiment, encerclé par les troupes nippones, fut décimé et seuls 700 hommes sur 4 000 survécurent. Une année plus tard, Ilia Chatrov compose une valse dédiée aux hommes de son régiment tombés au combat sous le titre : ‘Le Régiment Mokchanski sur les hauteurs de Mandchourie’ (Мокшанский полк на сопках Маньчжурии).
Dès 1906, le poète Stepan Petrov (dit le Chemineau, celui qui voyage et vagabonde) (Степан Петров ‘Скиталец’) y ajouta les premières paroles. Un texte original qui, semble-t-il, n’a pas survécu.
La référence au régiment Mokchan, voulue par le compositeur, disparut par la suite du titre de l’œuvre…
A partir de ces premières paroles, différentes versions (avant et après la Révolution d’octobre, avant et après la Seconde guerre mondiale, avant et après la fin de l’URSS) ont été réécrites et il est parfois bien difficile d’en connaître les paroliers (Lire en russe). Voici trois autres versions, dont la dernière, très contemporaine, a été écrite en 2017, soit plus d’un siècle après la composition de la valse originelle par Ilia Chatrov…
Version ‘d’après la Révolution d’Octobre’ (1920)
Sur des paroles d’Alexeï Machistov (Алексей Машистов)Interprétée par Dmitri Hvorostovski (Дмитрий Хворостовсий)

Ночь подошла,
Сумрак на землю лёг,
Тонут во мгле пустынные сопки,
Тучей закрыт восток.Здесь, под землёй
Наши герои спят
Песню над ними ветер поёт
И звёзды с небес глядят.То не залп с полей пролетел —
Это гром вдали прогремел.
И опять кругом всё спокойно,
Всё молчит в тишине ночной.Спите бойцы,
Спите спокойным сном.
Пусть вам приснятся нивы родные,
Отчий далёкий дом.Пусть погибли вы в боях с врагами,
Подвиг ваш к борьбе нас зовёт!
Кровью народной омытое знамя
Мы понесём вперёд!Мы пойдём навстречу новой жизни,
Сбросим бремя рабских оков!
И не забудут народ и Отчизна
Доблесть своих сынов!Спите, бойцы,
Слава навеки вам.
Нашу отчизну, край наш родимый
Не покорить врагам!Ночь. Тишина.
Лишь гаолян шумит.
Спите, герои, память о вас
Родина-мать хранит.La nuit est venue,
Le crépuscule a recouvert le sol,
Les hauteurs désertes se noient dans les ténèbres,
L’orient se couvre de nuages.Ici, sous terre
Nos héros dorment
Le vent chante au-dessus d'eux
Et les étoiles les regardent du ciel.Alors ce n’était pas une salve de canon -
C’était le tonnerre au loin sur les champs.
Puis de nouveau tout autour le calme,
Tout se tait dans le silence de la nuit.Dormez, vous les soldats !
Dormez d’un sommeil tranquille.
Puissiez-vous rêver des champs de la patrie,
Et de la lointaine maison paternelle.Qu’au moins, si vous deviez périr au combat avec nos ennemis,
Vos exploits nous appellent à combattre !
Nous porterons plus avant
Votre étendard trempé du sang du peuple !Nous irons à la rencontre d'une vie nouvelle,
Déchargés du fardeau des chaînes de l’esclave !
Et le peuple et la Patrie n'oublieront pas la
Vaillance de leurs fils !Dormez, combattants,
Gloire à vous pour toujours.
Les ennemis ne pourront soumettre
Notre patrie, notre chère terre !Nuit. Silence.
Seules hautes herbes bruissent.
Dormez, héros,
La Mère-Patrie garde le souvenir de vous.Notons ici la ‘disparition’ du nom de la ‘mère-patrie’ : la Russie (Русь), présente dans les versions d’avant la fondation de l’URSS.
Version de 1945 sur des paroles Pavel Choubine (Павел Шубин)
En 1945, аprès la Seconde guerre mondiale et la défaite du Japon (alors que la guerre russo-japonaise de 1904-1905 s’était soldée par une victoire de ce dernier), Pavel Choubine (Павел Шубин), - poète et journaliste, correspondant de première ligne pendant la Grande Guerre patriotique et la guerre soviéto-japonaise - , ‘réactualisa’ le texte…
Меркнет костёр,
Сопки покрыл туман.
Лёгкие звуки старого вальса
Тихо вёдет баян.С музыкой в лад,
Припомнил герой-солдат
Росы, берёзы, русые косы,
Девичий милый взглядТам, где ждут сегодня нас,
На лугу в вечерний час,
С самой строгою недотрогою
Танцевали мы этот вальс.Вечера свиданий робких
Давно прошли и скрылись во тьму...
Спят под луною маньчжурские сопки
В пороховом дыму.Мы сберегли
Славу родной земли.
В битвах жестоких мы на Востоке,
Сотни дорог прошли.Но и в бою,
В дальнем чужом краю,
Припоминаем в светлой печали
Родину-мать свою.Далека ах, далека
В этот миг от огонька.
В ночи хмурые из Маньчжурии
Уплывают к ней облака.В тёмный простор,
Мимо ночных озёр,
Легче, чем птицы, выше границы
Выше сибирских гор.Покидая край угрюмый,
Летят за нами в радостный путь
Все наши самые светлые думы,
Наша любовь и грусть.Le feu s’éteint,
Le brouillard a recouvert les hauteurs.
L'accordéon joue doucement
Le son léger d’une vieille valse.Dans un accord de musique
Ressurgit le souvenir du soldat héros :
Celui de la rosée, des bouleaux, des tresses châtain,
Et le jolie regard de son amour.Aujourd’hui, là-bas, on nous attend :
Dans les prairies, à l’heure du soir.
Là où nous dansions cette valse
Au bras de la plus timorée d’entre toutes.Timides soirées de rendez-vous
Depuis longtemps disparues dans l'obscurité ...
Les hauteurs de Mandchourie dorment sous la lune
Dans la fumée et la poudre des armes.Nous avons protégé
La gloire de notre terre natale.
Au travers de batailles féroces, en Orient,
Nous avons cheminé par des centaines de routes.Et même durant les combats,
Sur cette lointaine terre étrangère
Nous gardons en mémoire, remplis de chagrin,
Le souvenir de notre mère-patrie.Dans les nuits sombres de Mandchourie
Les nuages courent vers elle,
Si lointaine, si lointaine,
Ici, à ce moment, autour d’un petit feu,Passant au-dessus des lacs nocturnes,
Dans les grands et sombres espaces
Plus légers que les oiseaux, par-delà la frontière
Plus haut que les montagnes de Sibérie.Quittant cette sombre contrée,
Toutes nos pensées les plus lumineuses,
Notre amour et notre tristesse,
S’envolent avec nous sur un chemin de joie.Version de 2017 sur des paroles de Guennadi Venediktov (Геннадий Венедиктов)
Une volonté de 'restaurer la justice historique' (Восстановление исторической справедливости)
Voici une dernière version, bien plus récente. Le parolier, Guennadi Venediktov (Геннадий Венедиктов) s’est départi du texte original de Stepan Petrov et a tenté un nouveau récit qui, selon lui, retrace 'la vérité historique' de la bataille qui inspira le compositeur Ilia Chatrov.
Ecrit plus d’un siècle après cet événement, l’auteur a tenter de retrouver, si ce n’est les mots de l’époque, tout au moins la graphie puisque le texte est rédigé avec l’orthographe russe d’avant la réforme ‘révolutionnaire’ adoptée en 1918.
Въ утренней мглѣ
Горнъ проигралъ сигналъ.
Сопокъ уснувшихъ чуткій покой
Маршъ боевой взорвалъ.Шквальный огонь
Встрѣтилъ пѣхоты цѣпь.
Дыбомъ предъ ней вставала земля,
Въ небѣ рвалась шрапнель.Замолчалъ альтистъ молодой,
Еле слышенъ маршъ боевой,
И корнетъ умолкъ, и валторна,
Лишь играетъ трубачъ сѣдой.Вверхъ и впередъ!
Близокъ окоповъ рядъ.
Гибель свинецъ навстрѣчу несетъ,
Но нѣтъ намъ пути назадъ.Рукопашный бой удалый
Разыгрался въ морѣ огня –
Врагъ не забудетъ день схватки кровавой,
Русскій нашъ штыкъ кляня.Вѣнскій вальсъ оркестру полковому
Въ паркѣ городскомъ не играть.
И трубачу и альтисту младому
Въ сопкахъ судьба лежать.Горечь утратъ
Болью сжимаетъ грудь:
Павшихъ героевъ тѣни кружатъ –
Вальсъ навѣваетъ грусть.Спите, бойцы,
Вѣчная память вамъ –
Нерукотворный всталъ къ небесамъ
Славы нетлѣнный Храмъ.И не крестъ на сопкахъ стоитъ,
Не гранитъ покой вашъ хранитъ.
О бояхъ и товарищахъ павшихъ
Вальсъ Маньчжурскій въ сердцахъ звучитъ.Dans la brume matinale
Le clairon a sonné.
Le son de la marche a déchiré
Le silence des hauteurs endormies.Un feu nourri
A frappé la ligne d'infanterie.
La terre a jailli devant elle,
Des éclats d'obus ont explosé dans le ciel.Le jeune altiste s’était tu,
La marche de bataille était à peine audible,
On n’entendait ni le son du cornet ni le cor d’harmonie,
Seul jouait le trompettiste aux tempes grises.Allez ! en avant !
Jusqu’à la prochaine tranchée !
A la rencontre du plomb qui nous tuera :
Sans pouvoir faire demi-tour !Combats au corps à corps
Dans une mer de feu -
L'ennemi n'oubliera pas ce jour sanglant
Maudissant nos baïonnettes russes.Désormais, l’orchestre du régiment ne joue plus
Cette valse de Vienne dans les jardins publics :
Le trompettiste et le jeune altiste reposent
A présent sur ces hauteurs, tel est leur destin.L’amertume de la perte
Nous étreint la poitrine de douleur :
Les ombres des héros déchus tournent autour de nous,
La valse inspire à la tristesse.Dormez, vous les combattants !
A vous notre éternelle mémoire -
Sanctuaire impérissable de votre gloire
Qui s’élève, immatériel, vers le ciel.Et il n'y a pas de croix sur les hauteurs,
Aucune pierre de granit pour vous garder en paix.
Seule la valse mandchoue résonne dans nos cœurs
Nous rappelant nos camarades tombés au combat.