Par les vallées et les collines
A mes amis Jean G., royaliste nostalgique et
Léon J.P., bolchevik non moins nostalgique...
Petite histoire d’une chanson :
Par les vallées et les collines
По долинам и по взгорьям
Voici l’histoire d’une chanson russe qui aura connu au cours du XX° siècle les vicissitudes de son temps, modifiant à chaque fois ses paroles pour s’adapter aux évènements militaires et politiques de l’époque. En particulier, elle fut reprise par tous les ‘camps’ lors de la Guerre civile russe (1917 – 1922), et, avec d’autres paroles, lors de la Grande Guerre Patriotique (1941 - 1945)* ; elle connut, par la suite, une diffusion internationale, traduite en de multiples langues.
Un internaute, Ivan Amraamski, a tenté la gageure de rassembler (les) différentes versions enregistrées de ce chant depuis un tout premier enregistrement datant de 1934, sans toutefois parvenir à l'exhaustivité.
Malheureusement le site est en japonais ce qui n'en facilite pas lecture (à moins de parler aussi le japonais, évidemment !). Lire en japonais : 谷を渡り丘を越え.
‘Par les vallées et les collines’ aurait été composée en 1828 lors d’un des nombreux conflits russo-turcs. L’auteur-compositeur aurait pu être un certain Tcherniaev, sans que tout cela soit certain. Nous n’en connaissons pas le texte original...
* Cela rappelle les différentes versions de l’hymne soviétique, redevenu, avec d'autres paroles, depuis l’an 2000, l’hymne de la Russie de Vladimir Poutine…
La marche des fusiliers sibériens (1915)
Марш сиби́рских стрелко́в
Sur cet air ancien, en 1915, de nouvelles paroles furent rajoutées par l’écrivain, poète et journaliste Vladimir Guiliarovski (Владимир Алексеевич Гиляровский). La Russie tsariste était à ce moment-là engagée, sur le front de l’Est, dans la Première Guerre Mondiale
Из тайги́, тайги́ дрему́чей,
От Аму́ра, от реки́,
Молчали́во, гро́зной ту́чей
Шли на бой сибиряки́.
Их суро́во воспита́ла
Молчали́вая тайга́,
Бу́ри гро́зные Байка́ла
И сиби́рские снега́.
Ни уста́лости, ни стра́ха (не зна́я стра́ха) ;
Бью́тся ночь и бью́тся день,
То́лько се́рая папа́ха
Ли́хо сби́та набекре́нь.
Эх, Сиби́рь, страна́ ро́дная,
За тебя́ ль мы постои́м,
Во́лнам Ре́йна и Дуна́я
Твой приве́т (покло́н) передади́м!
Дополне́ние в зави́симости от ве́рсии:
Знай, Сиби́рь, в лихи́е го́ды
В памя́ть сла́вной старины́
Честь вели́кого наро́да
Отстоя́т твои́ сыны́.
Русь свобо́дная воскре́снет,
На́шей ве́рою горя́,
И услы́шат э́ту пе́сню
Сте́ны дре́внего Кремля́.
Depuis la taïga, l’épaisse taïga,
Depuis l’Amour, depuis ce fleuve,
Silencieux, tel un nuage menaçant
Les Sibériens sont partis au combat,
La taïga silencieuse
Les a éduqués âprement.
Redoutables tempêtes du Lac Baïkal,
Neiges de Sibérie !
Sans fatigue ni peur (Sans connaître de fatigue),
Ils frappent la nuit, ils frappent le jour,
Seulement avec leur bonnet de laine grise
Posé crânement sur l’oreille.
Ô Sibérie, pays natal,
Pour Toi nous nous battrons,
Et aux vagues du Rhin et du Danube
Nous transmettrons ton salut !
Rajout selon les versions :
Sache, Sibérie, que dans les mauvaises années,
En mémoire du glorieux passé,
Tes fils défendront
L'honneur de notre grand peuple.
La libre Rouss’ (ancien nom de la Russie) ressuscitera,
Brûlant de notre Foi.
Et les murailles de l’ancien Kremlin,
Entendront ce chant.
Marche du Régiment Drozdovski (1919)
Марш Дроздо́вского Полка́
Après la Révolution d’octobre 1917, en 1919 – en pleine guerre civile -, le colonel de l’Armée blanche - pro-tsariste - Anton Tourkoul (Антон Васильевич Туркул), engagé sur le front roumain, demanda au compositeur Dmitri Pokrass (Дмитрий Яковлевич Покрасс) un hymne régimentaire. Pokrass repris à son compte le motif de la Marche des fusiliers sibériens et y arrangea de nouvelles paroles. Le 29 juin retentit pour la première fois le Chant du régiment de Drozdovski en présence du commandant en chef, le général Anton Dénikine (Антон Иванович Деникин).
Из Румы́нии похо́дом
Шёл Дроздо́вский сла́вный полк,
Во спасе́ние наро́да
Исполня́я тя́жкий долг.
Мно́го он ноче́й бессо́нных
И лише́ний выноси́л,
Но геро́ев закалённых
Путь далёкий не страши́л!
Генера́л Дроздо́вский сме́ло
Шёл с полко́м свои́м вперёд.
Как геро́й, он ве́рил твёрдо,
Что он Ро́дину спасёт!
Ви́дел он, что Русь Свята́я
Погиба́ет под ярмо́м
И, как све́чка воскова́я,
Угаса́ет с ка́ждым днём.
Ве́рил он: наста́нет вре́мя
И опо́мнится наро́д -
Сбро́сит ва́рварское бре́мя
И за на́ми в бой пойдёт.
Шли Дроздо́вцы твёрдым ша́гом,
Враг под на́тиском бежа́л.
И с трёхцве́тным Ру́сским Флаго́м
Сла́ву полк себе́ стяжа́л!
Пусть вернёмся мы седы́е
От крова́вого труда́,
Над тобо́й взойдёт, Росси́я,
Со́лнце но́вое тогда́!
Припе́в:
Э́тих дней не смо́лкнет сла́ва,
Не поме́ркнет никогда́.
Офице́рские заста́вы,
Занима́ли города́!
Офице́рские заста́вы,
Занима́ли города́!
Depuis la Roumanie
Marchait le glorieux régiment Drozdovski,
Au secours du peuple
Accomplissant son grand devoir.
Il endura beaucoup de privations
Et de nuits sans dormir
Mais la longue route n'effrayait pas
Les héros endurcis.
Le général Drozdovski hardiment
S'avança avec son régiment,
Tel un héros,
Convaincu de sauver la Patrie !
Il voyait la Sainte Russie
Succomber sous le joug,
Et comme une bougie de cire
Dépérir de jour en jour.
Il en était sûr : le temps viendrait
Où le peuple comprendrait,
Rejetterait le joug barbare,
Et avec nous irait au combat !
Ses troupes avançaient d'un pas ferme.
L'ennemi, sous la pression, s'enfuyait.
Sous le drapeau tricolore de la Russie,
Le régiment se couvrait de gloire.
Même si nous devons rentrer tout grisonnants
De ce sanglant labeur,
Sur Toi, Russie,
Un soleil nouveau se lèvera !
Refrain :
La gloire de ces jours ne s'éteindra pas.
Jamais, elle ne pâlira.
Ses officiers aux avant-postes,
Occupaient les villes !
Ses officiers aux avant-postes,
Occupaient les villes !