Le blocus de Léningrad – L’automne sur la ville 2

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - Incendie sur la ville
Dessin d'enfant : Incendie sur la ville

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

Осенний город (2) L’automne sur la ville

6 сентября город впервые бомбили. Мы просидели в бомбоубежище всю ночь. Народу набилось много. Плакали дети, переговаривались взрослые, прислушиваясь к тяжёлым разрывам. На стене, оплётенная проволокой, горела одна лампочка. При каждом взрыве все невольно смотрели на неё. Слава богу, горит! Значит — бомба не попала. Потом стало тихо. Наступило томительное ожидание отбоя воздушной тревоги. Прошёл не один час.

— Как будто весь город вымер. Только мы и остались, — тихим голосом сказал пожилой мужчина.

Его почему-то все услышали и сердито зашикали. Мысль эта, вероятно, многим приходила в голову, но, произнесённая вслух, она вызвала у всех протест.

В дальнейшем все бомбёжки как-то слились в памяти — запомнилась только одна, самая бедственная для ленинградцев. День 8 сентября, когда фашисты, захватив Шлиссельбург, ныне Петрокрепость C - Петрокрепость, отрезали Ленинград от Большой земли, — жители города не забудут никогда. В этот же день были разбомблены продовольственные Бадаевские склады 2 - продовольственные Бадаевские склады.

Когда прозвучал отбой тревоги, мы вышли из бомбоубежища. По булыжникам пустынной улицы ветер гонял грязные бумажки. В воздухе удушливо пахло гарью. Край города был охвачен чёрным дымом, заревом пожаров. Горели склады. Большая часть запасов муки и сахара превращалась в уголь, золу, копоть — в ничто.

Через несколько дней после пожара мы с братом пошли в булочную. Там было не протолкнуться. Юра протянул хлебные карточки:

— На детскую дайте, пожалуйста, булку.

— Белого хлеба нет,— ответила продавщица.

Чёрного же хлеба мы принесли значительно меньше, чем обычно…

Начались первые дни, недели, месяцы, а затем годы блокады нашего города. Теперь нам постоянно хотелось есть. Едва позавтракав, мы говорили маме, что опять проголодались. И всё, что мама готовила, казалось нам очень вкусным. Небольшие запасы продуктов, которые у нас были, очень быстро иссякали, а пополнить их уже было нечем.

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant -:Triste repas
Dessin d'enfant - Triste repas

La ville fut pour la première fois bombardée le 6 septembre [1941]. Nous passâmes toute cette nuit-là dans un abri anti-aérien. L’endroit était bondé : les enfants pleuraient, les adultes échangeaient à peine quelques mots tout en écoutant les violentes explosions. Au bout d’un fil électrique qui courait le long du mur pendait une ampoule. Après chaque explosion, instinctivement, tous les regards se portaient sur elle. « Dieu merci , elle est encore allumée ! Ça signifie que la bombe est tombée ailleurs... »

Puis ce fut le silence. Tous inquiets nous attendions que sonne la fin de l’alerte. Plus d’une heure passa. Un vieux monsieur murmura :

– Et si toute la ville avait disparu et seulement nous qui avions survécu ?

On ne sait comment, mais tous dans l’abri l’avaient entendu et commencèrent à le conspuer. Cette pensée, probablement, était passée par la tête de beaucoup, mais, énoncée à haute voix, elle ne provoquait que l’indignation générale.

Les bombardements qui suivirent se sont depuis confondus dans ma mémoire. Je ne me souviens précisément que d’un seul, celui qui, pour tous les habitants de Léningrad, fut le plus terrible : le 8 septembre 1941. Un jour à jamais inscrit dans leur mémoire : quand les Nazis s’emparèrent de Chlisselbourg - aujourd’hui Petrokrepost C - Pétrokrepost – isolant ainsi la ville du reste du pays -, et qu’ils bombardèrent aussi les entrepôts alimentaires de Badaïevsk 2 - les entrepôts alimentaires de Badaïevsk.

Dès que la fin de l’alerte retentit, nous sortîmes de l’abri. Dans la rue déserte, des papiers sales volaient emportés par le vent. L’air était suffocant et sentait le brûlé. Une partie de la ville était recouverte d’une fumée noire à laquelle se mêlaient le flamboiement des brasiers : les entrepôts étaient en flamme. La majeure partie des réserves de farine et de sucre finit ainsi carbonisée, réduite en cendre, en suie, pour ainsi dire : en rien.

Quelques jours après cet incendie je me rendis à la boulangerie accompagnée de Youra. L’endroit était bondé, il fallait y jouer des coudes. Youra tendit sa carte de rationnement¹ et demanda une miche de pain. La vendeuse répondit qu’il n’y avait plus que du pain noir.

Et de ce pain, nous ne pûmes seulement rapporter qu’une maigre portion, bien moins que ce que nous recevions d’habitude.

Ainsi commença le blocus de Léningrad qui devait se prolonger des jours, des semaines, des mois et finalement des années. Dès lors, tout le temps, la faim nous tenailla. Nous avions à peine fini le petit déjeuner que nous nous plaignions déjà, disant à maman que nous avions faim. Et tout ce qu’elle cuisinait nous semblait délicieux.

Notre petite réserve de nourriture fut bien vite épuisée et déjà plus rien ne permettait de la reconstituer.

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1. Chaque civil avait droit à une carte de rationnement, y compris les enfants. Les quantités qui leur étaient distribuées étaient inférieures à celles des adultes. Pour en savoir plus : annexe 2.