Le blocus de Léningrad – Entre la vie et la mort 1

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant : devant la boulangerie, pour du pain...
Dessin d'enfant : devant la boulangerie, pour du pain...

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

Между жизнью и смертью (1) Entre la vie et la mort

Я спустилась с лестницы и остановилась в дверях парадной. Только сейчас поняла — случилось непоправимое. Идти мне никуда не хотелось. Боялась незнакомой, долгой и трудной дороги. Цеплялась за любые пришедшие в голову мысли, чтобы ещё немного оттянуть время. А вдруг мама всё-таки жива! Может быть, она просто глубоко заснула и немного замёрзла... Потом я стала думать, что если мама жива, то оставшиеся несколько дней до конца декады мы вполне можем прожить и без хлеба. Главное — быть всем вместе. Так я стояла в дверях, изредка поглядывая на наши окна. Но в окнах никто не появлялся, и на лестнице было всё так же тихо и темно. Глубоко вдохнув несколько раз, я сделала первый шаг. Медленно прошла по двору, вышла на заваленную снегом улицу и осторожно побрела по узкой тропинке, протоптанной в огромных сугробах. Было очень тихо. Я подошла к булочной на углу улицы Егорова 6 - улица Егорова. Мы всегда здесь раньше покупали хлеб. Из дверей выходили закутанные люди. Я отвернулась от стоящих в очереди. Может быть, сейчас кто-то получит по нашим карточкам... А у нас, вот уже третий день, ни кусочка…

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - 125 grammes de pain par jour
Dessin d'enfant : 125 grammes de pain par jour et c'est tout !

Je descendis l’escalier de l’immeuble. En bas dans l’entrée je m’arrêtai : c’est là seulement que je réalisai que quelque chose d’irrémédiable venait d’arriver. Je ne voulais aller nulle part. Le chemin, inconnu, long et difficile que j’allais devoir entreprendre m’effrayait. Je m’accrochais à toutes les pensées qui me passaient par la tête pour retarder le départ : ‘Et si maman malgré tout était encore en vie ? Peut-être s’était-elle seulement endormie profondément, que le froid l’avait figée dans son sommeil ?...’ Puis je me mis à réfléchir. Si maman avait été encore de ce monde nous eussions pu tenir sans pain jusqu’à ce qu’on eût reçu une nouvelle carte de rationnement : l’essentiel eût été d’être toujours ensemble.

Ainsi je restai longtemps debout sur le seuil de la porte, jetant de temps en temps un coup d’œil à nos fenêtres. Mais personne ne s’y montra, personne. Et, derrière moi, l’escalier était toujours aussi sombre et silencieux…

Après plusieurs profondes inspirations, je fis un premier pas. Puis, traversant lentement la cour, je m’engageai dans la rue enneigée. J’avançais avec précaution entre d’énormes congères qui ne laissaient, entre leurs sillons, qu’un étroit sentier. Tout n’était que silence.

C’est ainsi que j’atteignis la boulangerie, au coin de la rue Egorov 6 - rue Egorov. C’était là qu’avant nous achetions le pain. Des gens tout emmitouflés sortaient du magasin. Je me détournai de ceux qui faisaient la queue. Il y avait peut-être parmi eux quelqu’un avec nos cartes de rationnement. Pour nous cela faisait déjà trois jours que nous étions privés de pain.