Le blocus de Léningrad – La Route de la vie 4

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin - Une mère et ses enfants
Художник / Illustration : неизвестный

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

Дорога жизни (4) La route de la vie

— Проснись! Проснись же! — отчаянно звучал женский голос.Я проснулась и не сразу поняла, где нахожусь. Истошный крик не прекращался.

Кричала воспитательница, пытаясь разбудить своего сына Алешу. Мальчик, долгое время капризничавший, вдруг замолчал и тихо лежал с закрытыми глазами. Мать решила, что он замерзает. Она откинула брезент и стала трясти его за плечи, за голову, согревать своим дыханием, закутывать в какие-то вещи. Алеша лежал неподвижно. Мать стала стучать в кабину, умоляла, требовала остановить машину, плакала. Но грузовик продолжал быстро двигаться вперёд.

Когда машина, наконец, остановилась, все сидели, некоторое время не двигаясь. Никто не знал, приехали мы или опять какая-то задержка в пути. Шофёр заглушил мотор и, высунувшись из кабины, устало спросил: — Ну что там у вас?

Воспитательница горько плакала.

Шофёр внимательно посмотрел на мальчика.

— Что вы плачете? Спит ваш сынок. Слышите, спит самым натуральным сном.

Шёфер повеселел, и мы все вдруг увидели, что ресницы у Алёши слегка вздрагивают, а щеки чуть порозовели.

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad -Dessin d'enfant - la route de la vie 4
Dessin d'enfant - la route de la vie

Réveille-toi..., mais réveille-toi donc ! hurlait désespérément une voix de femme.

Je me réveillai sans comprendre sur le moment où j’étais. Le cri déchirant ne cessait pas.

C’était l’éducatrice qui implorait ainsi, essayant de réveiller son petit Aliocha¹. L’enfant, qui avait fait des caprices tout le long du trajet, tout à coup s’était tu. A présent il demeurait les yeux fermés, reposant paisiblement. Sa mère était persuadée que le froid l’emportait. Elle avait rejeté la bâche qui nous recouvrait et s’était mise à secouer l’enfant par les épaules, à lui frotter la tête, tentant de le réchauffer de son souffle, l’enveloppant dans ce qui se trouvait à portée de sa main. Le petit Alexis restait immobile. En larmes, elle frappa contre la paroi de la cabine, suppliant le chauffeur, lui demandant de s’arrêter. Mais le camion continuait sa course, encore et toujours plus loin.

Quand le véhicule enfin s’arrêta tous nous restâmes un long moment sans bouger. Nous ne savions pas si nous étions arrivés ou si nous avions rencontré quelque obstacle sur la route. Le chauffeur coupa le moteur et se penchant hors de sa cabine demanda d’une voix lasse :

- Eh bien, qu’est-ce qu’il se passe encore ?

L’éducatrice pleurait amèrement. Le chauffeur, après avoir attentivement observé l’enfant, la rassura :

– Pourquoi pleurez-vous comme ça ? Votre petit garçon s’est endormi. Il dort : il dort le plus naturellement du monde...

Le chauffeur retrouva sa bonne humeur et, tous, nous pûmes constater effectivement que les cils du petit Alexis remuaient légèrement et que ses joues reprenaient des couleurs.

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1. Diminutif d’Alexis