Le blocus de Léningrad – Une ‘audience’ 1

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - une maigre collation
Dessin d'enfant - une maigre collation

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

На приёме у директора (1) Une 'audience'

Dans le bureau du directeur...

После того как папу увезли, остаток дня я провела на кафедре, а потом пошла спать в дежурку. Весь следующий день не выходила из института, надеясь, что вот-вот придёт Ася. Слоняясь по коридорам, я опять зашла в комнату к знакомым студенткам.

— Ты всё ещё здесь?
— Жду сестру.
— Почему домой не идёшь?
— Я сестру жду...

На столе стояло несколько консервных банок, в которых было разлито желе.

— Хочешь студня из столярного клея?

Так хотелось есть, что голоса не хватило ответить, — я кивнула головой.

Мне отрезали нежный, дрогнувший под ножом, небольшой кусок студня.

Я ела студень и мучительно напрягала память — мне казалось, что у нас дома где-то лежали куски столярного клея. Как же мы раньше не догадались? Посидев некоторое время вместе со всеми за столом, я снова пошла к выходной двери. Главное — не отдаляться от вестибюля. Ведь если сестра придёт и сразу меня не увидит, то как мы найдём друг друга?

Ко мне подошла одна из девушек, с которыми я провела, сидя у буржуйки, почти половину ночи. Она знала, что папу увезли в больницу. Девушка сказала, чтобы я сейчас же шла на приём к директору и всё ему объяснила.

— Но как же я пойду, ведь я ещё маленькая!
—Директор принимает всех, — убеждённо сказала она. И добавила: — Я бы отвела тебя, но у меня сейчас дежурство. А ты иди. Не бойся!

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Après que papa fut amené à l’hôpital, je passai le reste de la journée dans l’amphithéâtre de l’Institut puis j’allai dormir dans la salle de garde. Le lendemain, je restai toute la journée sans sortir dans l’espoir de voir ma sœur arriver. Errant dans les couloirs je retournai là où vivaient les étudiantes que j’avais rencontrées l’avant-veille.

Tu es toujours là ?
– J’attends ma sœur.
– Pourquoi tu ne rentres pas chez toi ?
– J’attends ma sœur…

Sur la table se trouvaient des boîtes de conserve qui contenaient une sorte de pâte gélatineuse.

– Tu en veux ? C’est de la gelée à la colle à bois…

J’avais si faim que je ne pus répondre – je fis seulement un oui de la tête. Elles m’en découpèrent une part qui tremblotait sous la lame du couteau. Pendant que je mangeais, j’essayais de me souvenir – il me semblait bien qu’à la maison il nous était resté quelque part de la colle à bois. Pourquoi n’y avions–nous pas pensé ?...

Je demeurai assise un petit moment avec tout ce petit monde puis je retournai jusqu’à la porte de l’Institut. Je ne devais surtout pas m’en éloigner car si ma sœur arrivait et qu’elle ne me voyait pas tout de suite comment allions-nous par la suite nous retrouver ?

Une des filles avec qui j’avais passé presque la moitié de la nuit près du poêle s’approcha de moi. Elle savait que papa avait été transporté à l’hôpital. Elle me dit qu’il fallait que j’aille tout de suite voir le directeur pour lui expliquer ma situation.

Mais je ne suis qu’une petite fille, comment pourrais-je y aller ?
– Le directeur reçoit tout le monde, me répondit-elle d’un ton affirmatif et elle ajouta : Je t’aurais bien accompagnée mais je suis de garde maintenant. Vas-y ! Ne crains rien !