Le blocus de Léningrad – La maison d’enfants 8

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - seule
Dessin d'enfant : seule

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

Детский дом (8) La maison d'enfants

Когда мы окрепли, нас стали подготавливать к эвакуации. Воспитатели объяснили, что мы поедем вглубь страны, где нет бомбёжек, обстрелов, нет блокады, а значит, и такого голода.

Для меня наступили дни, полные сомнений, беспокойства и ожидания. Мне трудно было представить, как я могу уехать из Ленинграда, когда здесь остаются папа и сестра. Каждый день я ждала, что кто-нибудь из них придёт и заберёт меня домой. Я всё спрашивала директора — почему никто не приходит? Неужели они забыли про меня?

Капитолина Аркадьевна молча слушала, потом успокаивала, обещала узнать, в какой больнице лежит папа, где находится старшая сестра, и повторяла при этом:

— Придётся тебе потерпеть ещё немного. Ничего не поделаешь. Ты ведь знаешь, какое сейчас время.

Вдруг как-то приходит ко мне Капитолина Аркадьевна и, улыбаясь, говорит: — А к тебе гости пришли. Встречай.

От волнения у меня ноги ватными стали — папа! сестра!

Дверь открылась, и вошла Галина Васильевна.

Она стала меня о чём-то расспрашивать, но я ничего не отвечала. В сердце нарастала обида — где же папа и Ася?.. Галина Васильевна немного посидела молча, потом сказала, что принесла метрику.

— Узнала, что вас эвакуируют, и решила, что тебе понадобится свидетельство о рождении.

Я взяла метрику и машинально стала рассматривать, что там написано. Фамилия, имя, отчество1, год рождения. Имена и фамилии родителей. Галина Васильевна тем временем рассказывала о том, как она помогла устроиться сестре в ремесленное училище.

Значит, Галина Васильевна приходила к нам в квартиру!

Я повернулась к ней и хотела спросить, а как же маму и Юру — оставили в квартире или унесли в сарай? Но, посмотрев на изменившееся, серое лицо Галины Васильевны, промолчала.

— Папа как? — наконец спросила я.

— Ему лучше теперь. Он ещё в больнице, — дрогнувшим голосом проговорила Галина Васильевна и сразу же заспешила. Прощаясь со мною, она повторила, чтобы я берегла метрику.

— Мало ли что в пути может случиться, а с документами не потеряешься.

Галина Васильевна сунула мне в руку два леденца и пошла к выходу. В дверях она обернулась и сказала, что перед отъездом постарается ещё раз зайти ко мне. Я смотрела ей вслед и про себя думала: «Она что, на самом деле добрая или так, просто...»

Ребята поинтересовались, кто ко мне приходил. Не зная, что ответить, я сказала:

— Да так, никто.
— Так не бывает,— настойчиво прозвучал чей-то голос, — она же тебе леденцы принесла.

Ну как объяснить, кто ко мне приходил?

Вообще-то я её плохо знаю, — покривила я душой, — какая-то дальняя родственница…

Ответ всех удовлетворил. А я, глядя на слипшиеся леденцы, думала — кто же на самом деле Галина Васильевна и кем она мне приходится?

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - une femme
Dessin d'enfant : une femme

Comme nous reprenions des forces on nous prépara à être bientôt évacués. Les éducateurs nous expliquaient que nous partirions loin au cœur du pays, là où il n’y avait ni bombes, ni tirs, ni blocus, ce qui voulait dire aussi : pas de famine.

Commencèrent pour moi des jours de doute, d’inquiétude et d’attente. Je m’imaginais difficilement devoir quitter Léningrad alors que mon père et ma sœur s’y trouvaient encore. Tous les jours j’attendais que l’un d'eux arrive et me ramène à la maison. Je demandais tout le temps à la directrice pourquoi personne ne venait. M’avaient-ils oubliée ?

Kapitolina Arkadievna m’écoutait en silence et tenter de me rassurer, promettant de se renseigner pour savoir dans quel hôpital se trouvait papa et où était ma sœur, puis elle me répétait :

– Il va falloir patienter encore un peu. Tu ne peux pas y faire grand-chose. Tu sais combien les temps sont durs.

Un jour, soudain, Kapitolina Arkadievna arriva et m’annonça avec un grand sourire :

– Tu as de la visite !

Une visite ! J’en eus les jambes en coton tellement j’étais émue. Ce devait être papa ! ma sœur !

La porte s’ouvrit. C’était Galina Vassilievna, l’amie de papa à l’Institut.

Elle me posa une question sur je ne sais quoi mais je ne répondis rien. En moi grandissait de la rancune – Où étaient papa, Assia ?

Galina Vassilievna resta un moment silencieuse puis elle m’expliqua qu’elle venait m’apporter mon acte de naissance.

– J’ai appris que vous alliez être évacués et je me suis dit que tu aurais besoin d’un document officiel.

Je pris l’acte de naissance qu’elle me tendait et, machinalement, je regardai ce qui y était écrit : le nom de famille, le prénom, le patronyme¹, la date de naissance, les noms et prénoms des parents. Pendant ce temps Galina Vassilievna me disait qu’elle avait aidé ma sœur à s’inscrire dans une école professionnelle.

Cela signifiait qu’elle était entrée dans notre appartement !

Je me tournai vers elle. J’avais envie de lui demander ce qu’il était advenu des corps de maman et de Youra, les avait-on laissés dans notre maison ou bien les avait-on descendus dans le hangar, en bas dans la cour ? Mais devant le visage sombre et bouleversé de Galina Vassilievna je me tus.

Finalement je me hasardai :

Et comment va Papa ?
– Il va mieux maintenant ; il est toujours à l’hôpital, me répondit-elle d’une voix tremblante, et aussitôt elle rassembla ses affaires pour partir.

En me disant au revoir elle me répéta de toujours bien garder avec moi mon acte de naissance.

– On ne sait jamais ce qui peut arriver en route mais avec ce document tu ne saurais te perdre...

Elle me glissa deux bonbons dans la main puis se dirigea vers la sortie. A la porte elle se retourna pour me dire qu’elle essaierait de revenir me voir encore une fois avant notre départ. Je la suivis des yeux et en moi-même je me disais : « Est-elle vraiment gentille, ou bien est-ce juste que... »

Les autres enfants étaient curieux de savoir qui était venu me voir. Comme je ne savais pas quoi répondre je leur dis seulement :

– Personne…
Personne c’est pas possible ! rétorquèrent-ils et, avec insistance, l’un d’eux ajouta même : « ...puisqu’elle t’a apporté des bonbons ! »

Comment aurais-je pu leur expliquer ?

De fait, je la connaissais si peu... Je tentai alors de biaiser : – C’est une parente éloignée...

La réponse parut satisfaire tout le monde. En regardant les bonbons tout collants, je me demandai qui était vraiment Galina Vassilievna et qui elle était pour moi ? ...

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1. En Russie et dans la plupart des pays de l'ex-URSS, le patronyme (отчество, mot dérivé de отец qui signifie père), construit à partir du prénom du père, figure obligatoirement, en plus du prénom et du nom de famille, sur les actes de naissance et les pièces d'identité. Il est placé entre le prénom et le nom de famille.