Le blocus de Léningrad – Des années plus tard 3

Petites nouvelles russes - Blocus de Léningrad - Dessin d'enfant - Souvenirs
Dessin d'enfant - Souvenir de maman

Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier

Годы спустя (3) Des années plus tard

Молчание длилось невыносимо долго. Наконец Галина Васильевна заговорила.— В тот день Ольга Леонидовна позвонила в институт и сказала Александру Константиновичу о смерти сына. Родители думали о том, как спасти вам жизнь. Александр Константинович должен был работать, а Ольга Леонидовна оставалась с вами одна, без всякой поддержки.

В то время сотрудники, работавшие в институте, сдавали свои карточки в столовую и находились на институтском довольствии. Пока вы жили в Эрмитаже, отец мог приносить немного еды. Родители отдавали вам часть своего хлеба. Приходить же из института домой и возвращаться обратно у Александра Константиновича не было сил.

Смерть Юры показала, насколько все истощены. Мы, взрослые, конечно, надеялись, что положение скоро изменится, но пока нужно было продержаться. А как? Что делать? Вот и собрались, чтобы обсудить... Приходилось учитывать, что квартира моя на половине пути от вашего дома до института. Сил-то ходить не было…

У меня было немного крупы — часть я отдала Ольге Леонидовне. Всё, что могли сделать для спасения ваших жизней, родители сделали. Ольга Леонидовна, умирая, думала, что о вас будет заботиться отец. Через месяц скончался Александр Константинович. Перед смертью он просил меня, чтобы я не оставила вас одних. Я ему обещала и сделала то, что было в моих силах.

Галина Васильевна замолчала. Что-то мучительное было в её лице и голосе.

Я подошла к ней и, закрыв глаза, прижалась к её щеке. Затем, обняв её худенькие плечи, я долго молча стояла, не решаясь отойти…

Séparateur 3

Après un long silence, insoutenable, Galina Vassilievna finit par dire :

– Ce jour-là, Olga, votre mère, venait d’appeler l'Institut et avait informé votre père de la mort de Youra. Vos parents réfléchirent alors aux moyens de vous garder en vie ta sœur et toi. Votre père devait continuer à travailler et votre maman à s’occuper seule de vous sans soutien d’aucune sorte…

...A cette époque, poursuivit-elle, tous les employés de l’Institut devaient remettre leurs cartes de rationnement au responsable de la cantine en échange des repas qu’on leur servait. Tant que vous aviez été hébergés à l’Ermitage votre père avait pu vous apporter un peu de nourriture. Vos parents vous donnaient une part de leur propre ration. Mais bientôt votre père n’eut plus assez de force pour faire les allers-retours de l’Institut à chez vous.

...La mort de Youra nous prouvait à quel point nous étions tous à bout de force. Evidemment nous, les adultes, nous espérions que la situation allait pouvoir s’améliorer, mais en attendant il fallait tenir le coup. Mais comment ? et quoi faire ? Donc nous nous sommes retrouvés ce jour-là pour en discuter.

…Nous prîmes en compte que mon appartement se trouvait à mi-chemin entre l’Institut et votre domicile, que votre père n’avait plus suffisamment de force…

...Il me restait encore quelques céréales et, avant que vous ne repartiez, j’en donnai la moitié à votre mère. Vos parents ont tout fait pour que vous restiez en vie.

...Votre mère, mourante, pensait que votre père s’occuperait de vous, mais un mois plus tard lui aussi décédait. Avant de mourir il m’avait demandé de ne pas vous abandonner. Je le lui promis et je fis dès lors tout ce qui était en mon pouvoir...

Galina Vassilievna s’était arrêtée de parler. Une douleur profonde se lisait sur son visage et s’entendait dans sa voix.

Je m’approchai d’elle et, fermant les yeux, j’appuyai ma joue contre la sienne. Puis je pris dans mes bras ses minces épaules. Je restai ainsi longtemps sans rien dire, sans pouvoir desserrer mon étreinte…