Le blocus de Léningrad – Annexe 2 – Les cartes de rationnement
Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier
Annexe 2 - Les cartes de rationnement
Le système soviétique durant la Seconde guerre mondiale
Les 'cartes de rationnement' – ou coupons de rationnement - fut un système d'approvisionnement mis en place en URSS à destination de la population civile pour faire face aux pénuries alimentaires et aux pénuries industrielles. Il définissait diverses normes pour les biens alimentaires (et pour certains biens manufacturés) par personne et par mois.
La nourriture n'était pas distribuée à titre gratuit à la population (contrairement aux rations alimentaires destinées à l'armée), mais vendue. Les civils avaient le droit d'acheter une quantité limitée de produits vitaux et de produits manufacturés.
L’objectif était de freiner l'effondrement du système monétaire pendant la guerre, d'empêcher la spéculation et le marché noir, de réduire les tensions sociales parmi la population civile et d’éviter la famine.
En URSS, la population était familiarisée avec ce système avant même le début de la Seconde guerre mondiale. Après l'annonce de la politique du ‘communisme de guerre’ en 1917, pour la première fois, des cartes de rationnement pour le pain avaient été introduites. Etendues par la suite à d’autres produits alimentaires puis à certains produits manufacturés, elle furent avant la Seconde guerre mondiale plusieurs fois supprimées puis rétablies pour faire face aux difficultés d’approvisionnement.
Dès le début de la Grande Guerre patriotique (1941-1945), le système de rationnement centralisé fut réintroduit. Le 16 juillet 1941, par un arrêté du Commissariat du peuple au commerce « Sur l'introduction de cartes pour certains produits alimentaires et industriels dans les villes de Moscou, Léningrad et dans certaines villes des régions de Moscou et de Léningrad » les cartes alimentaires et manufacturées s'étendirent au pain, aux céréales, au sucre, à la confiserie, à l'huile, aux chaussures, aux tissus et à l'habillement. En novembre 1942, elles étaient déjà en circulation dans 58 grandes villes du pays.
La population fut divisée en quatre sous-catégories et un guide de référence rapide fut élaboré pour clarifier à quelle catégorie et à quelle sous-catégorie les groupes spécifiques appartenaient.
Selon les cartes pour une personne par jour, les normes suivantes pour la distribution du pain furent établies :
Des normes semblables furent mises en place pour les autres biens de nécessité – y compris certains biens manufacturés.
Pour couvrir les coûts associés à la délivrance de cartes de rationnement alimentaire, une redevance fut fixée pour chaque carte de 10 kopecks.
Un des objectifs aussi était de « ne permettre en aucun cas les files d'attente pour le pain ». Ce qui ne fut pas, à proprement parlé, toujours et partout le cas !
Des fraudes et des abus...
Le système créa, comme on peut l’imaginer, un vaste champ de fraude et de spéculation : la pratique consistant à falsifier des certificats pour obtenir des coupons supplémentaires était répandue et le vol de cartes était également monnaie courante.
Durant le blocus de Leningrad, ces violations devinrent un problème récurrent et massif. Au cours des mois les plus difficiles (en particulier lors de l’hiver 1942), il arriva que des parents ou des voisins laissent le cadavre d’un défunt sans sépulture afin de s’approprier ses cartes, ou bien d’en acquérir (Elles étaient distribuées mensuellement). Avec l'arrivée du printemps, la menace d'épidémies plana sur la ville.
De plus, alors que les bombardements et les tirs se déchaînaient, le nombre de cas de perte de cartes commença à croître comme boule de neige : « Fuyant les bombardements, je l'ai perdue. », « Les cartes se trouvaient dans l'appartement, mais l’immeuble a été détruit. », « On nous les a volées dans la confusion... », etc. En conséquence, l'État réagit de manière soviétique : la réémission de cartes fut purement et simplement interdite. Cela ne pouvait être fait que dans de rares cas, et même alors presque toujours après l'ordre personnel d’Andreï Jdanov qui dirigea le Conseil Militaire du Front de Léningrad pendant toute la guerre.
Ce système de cartes fut aboli en URSS en 1947.
Indiquons enfin qu’en France un système similaire fut mis en place durant la période de l’Occupation, à partir de mars 1940, et ne fut levé que le 1er décembre 1949.