Le blocus de Léningrad – L’Ermitage 2
Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier
Эритаж (2) L'Ermitage
Через несколько дней отец выхлопотал для нашей семьи место в бомбоубежище Зимнего дворца . Мы, дети, даже немного обрадовались: всё-таки разнообразие в нашей жизни.
И вот с постельными принадлежностями мы перебрались в подвальные помещения дворца. Была ещё одна причина нашего переезда. Институт, где работал папа, находился неподалёку от Эрмитажа, и он мог теперь приходить ежедневно после работы.
В нишах мощных сводов стояли сбитые нары. Женщины, дети и пожилые люди были основными обитателями подвалов. Здесь мы ночевали, а утром возвращались домой. И так каждый день.
Как-то шла я с мамой к Эрмитажу. Внезапно завыла сирена, и сразу же загрохотали зенитные орудия. Земля загудела, задрожала, начали падать бомбы. Мы нигде не могли спрятаться и побежали по набережной. Вдруг я увидела, что на противоположной стороне Невы стал бесшумно оседать дом. Перекрытия рассыпались, отлетали в стороны куски стен, дом становился ниже, ниже, и вот уже на его месте осталось жёлтое облако пыли.
Мы бежали вдоль набережной, и была у меня только одна мысль — спрятаться куда-нибудь, чтобы не видеть это страшное облако. Наконец показалась парадная, и мама резко потянула меня за рукав. Тяжело дыша, мы поднялись на второй этаж, и мама нажала звонок. Когда дверь открылась, мы увидели пожилого мужчину в пледе и закутанную в шерстяной платок женщину. Хозяева, ни о чём не расспрашивая, провели нас в квартиру.
Сидя в просторном кабинете, мы молча прислушивались к взрывам бомб и канонаде зенитных орудий, а в репродукторе метроном мерно отсчитывал секунды. Когда всё кончилось и стало тихо, хозяин дома с облегчением проговорил:
— Кажется, на этот раз обошлось благополучно.
В репродукторе прекратилось тиканье. Послышалось лёгкое шуршание, и диктор объявил отбой воздушной тревоги.
Уходя, мама стала благодарить хозяев. Закутанная в платок женщина с упрёком произнесла:
— Что же вы дочку подвергаете такой опасности?..
Я простилась и тоже поблагодарила хозяев, но в душе у меня поднялась страшная обида за маму. Неужели они не понимают, что мама здесь ни при чём! Как несправедливо и жестоко это было по отношению к ней. Ведь мама только недавно прикрывала меня своим телом и повторяла:
«Не смотри в ту сторону, не смотри...» Мама и сейчас была очень бледна, и я чувствовала, как дрожали её пальцы.
Взяв в обе руки мамину ладонь, я крепко сжала её и, чуть погодя, добавила:
— А ты знаешь, я почти не испугалась.
Посмотрев на меня, мама тяжело вздохнула. Мы приближались к Эрмитажу — нашему убежищу.
Quelques jours plus tard, papa réussit à nous trouver de la place dans l’abri anti-aérien du Palais d’hiver¹ . Nous, les enfants, en étions assez contents : après tout, cela allait apporter un peu de variété dans nos vies. Il y avait une autre bonne raison à notre déménagement : l’institut où papa travaillait se trouvait non loin de l'Ermitage¹ et il allait pouvoir désormais nous retrouver tous les soirs après son travail.
Nous transportâmes donc notre couchage. Dans des niches, entre les puissantes voûtes du sous-sol, avaient été disposées des couchettes en planches. Ceux qui dormaient là étaient surtout des femmes, des enfants et des personnes âgées. Nous y passions la nuit et au matin nous rentrions chez nous. Et ce fut ainsi par la suite tous les jours.
Un jour que maman et moi nous retournions à l'Ermitage, la sirène subitement retentit. Aussitôt les canons anti-aériens se mirent à tonner. La terre gronda, trembla, et puis les bombes commencèrent à s’abattre. Comme nous n’avions nulle part où nous mettre à l’abri, nous courûmes le long du quai. C’est là que je vis, de l’autre côté de la Néva, une maison qui s’écroulait. En silence elle s’effondrait : le crépi extérieur tomba en un monceau de poussière, des morceaux de murs s’abattirent. La maison rapetissait à vue d’œil et elle s’affaissa sur elle-même jusqu’à ce qu’il ne reste d’elle, à la place, qu’un nuage de poussière jaune.
Courant avec maman le long de la berge, je n’avais plus qu’une seule idée en tête : me cacher n’importe où pour ne plus voir ce terrifiant nuage. Finalement, nous trouvâmes un portail ouvert. Maman me tira brusquement par la manche à l’intérieur. Tout essoufflées nous montâmes au premier étage. Là, maman sonna à une porte, la première qu’elle trouva. Ce fut un vieux monsieur, les épaules recouvertes d'un plaid, et sa femme, emmitouflée dans un grand châle, qui nous ouvrirent. Ils nous firent entrer sans poser de question.
Assis dans une vaste pièce, nous écoutions en silence les explosions des bombes et la canonnade anti-aérienne. A l’extérieur, le métronome d’un haut-parleur égrainait les secondes². Quand tout fut fini et que tout redevint calme notre hôte nous confia avec soulagement :
– Il semble que cette fois-ci on s’en est bien sorti !
Le haut-parleur dans la rue cessa enfin son tic-tac. On l’entendit légèrement grésiller et puis une voix annonça la fin de l’alerte.
Alors que nous quittions la maison et que maman remerciait nos hôtes de leur accueil, la dame au châle lui dit comme pour le lui reprocher :
– Comment donc pouvez-vous exposer votre fille à un tel danger ?
Je leur dis aussi au revoir et je les remerciai mais au fond de moi j’éprouvais une terrible amertume. Comment ne pouvaient-ils pas comprendre que maman n’y était pour rien ? Combien ces mots étaient injustes et cruels envers elle ! D’autant plus que, juste auparavant, me protégeant de son corps, sur le long de la berge, elle m’avait plusieurs fois répété : « Ne regarde pas par là-bas, ne regarde pas... »
Je vis bien que maman était encore toute pâle et combien ses doigts tremblaient. Je pris sa main entre mes deux petites mains et je serrai très fort, puis j’ajoutai :
– Tu sais, j’ai presque pas eu peur…
Maman me regarda et poussa un gros soupir. Nous étions presque arrivées à l'Ermitage, notre refuge…
1. Le Palais d’hiver fut la résidence impériale de 1732 à 1917. Le musée de l'Ermitage fut fondé en 1764 par la volonté de l’impératrice Catherine II. Il jouxtait le Palais d’hiver proprement dit. Après la chute du régime tsariste, les deux bâtiments furent adjoints. C’est aujourd’hui le plus grand complexe muséal du monde en termes d’œuvres et d'objets exposés.
Le texte parle donc indifféremment du ‘Palais d’hiver’ et de ‘l’Ermitage’, même si, historiquement, il convient de différencier les deux.