Le blocus de Léningrad – Maman 4
Ничего не могу забыть – Je ne peux rien oublier
Мама (4) Maman
Рано утром, надев на себя самые тёплые вещи, сестра уходила в булочную за хлебом. Бывали дни, когда хлеб доставался не всем. Вот и в то утро сестра ушла затемно. Пришла она часа через два. Не раздеваясь, молча вынула хлеб и рядом положила кусок сахара.
— Нашла на снегу,— устало проговорила Ася.
Белый кусок колотого сахара отливал матово-теплым, уже забытым светом. Я смотрела на сахар во все глаза, не веря в свершившееся чудо. Мама прижала Асю к груди: — Ну как же ты? Как же?
Сестра ничего не отвечала.
— Ты ведь могла его съесть, и никто бы не узнал. Девочка моя, понимаешь ли, какой великодушный поступок ты совершила!
Измученное мамино лицо осветилось благодарной улыбкой…
В декабре сорок первого под Москвой наши войска разгромили врага. Все говорили: «Раз Москву отстояли — перелом в войне наступил».
Как-то Ася, вернувшись из булочной, ещё с порога крикнула: — Мама, наши войска наступают! Тихвин освободили!
Мама обняла нас. — Значит, скоро хлеба прибавят. — Потом глубоко вздохнула и добавила: — Значит, скоро...
Un matin, très tôt, Assia, habillée de ses vêtements les plus chauds descendit chercher du pain à la boulangerie. Comme certains jours ils n’en distribuaient pas assez pour tout le monde, ma sœur était sortie avant même le lever du soleil. Elle revint deux heures plus tard. Sans se déshabiller, sans dire un mot, elle sortit le pain de son sac et posa, juste à côté, sur la table, un morceau de sucre.
– Je l’ai trouvé dans la neige, dit-elle d’une voix fatiguée.
Le morceau de sucre avait une couleur mate et chaude, couleur que nous avions oubliée depuis longtemps. Je regardais le sucre avec de grands yeux, n’arrivant pas à croire au miracle.
Maman serra Assia dans ses bras : – Comment est-ce que tu peux ? Comment ?
Assia ne répondit pas.
– Tu aurais pu le manger et personne ne l’aurait su. Ma chérie, est-ce que tu réalises le grand acte de générosité que tu viens de faire là ?
Et son visage anémié s’illumina soudainement d’un sourire plein de reconnaissance.
...
En décembre 41, notre armée défit les troupes ennemies aux portes de Moscou¹. Tout le monde disait : « Moscou n’est pas tombée ! C’est un tournant dans la guerre... »
Alors qu’elle revenait de la boulangerie, sans encore avoir franchi le pas de la porte, Assia s’écria :
– Maman, notre armée a lancé l’assaut ! Ils ont libéré Tikhvine² !
Maman nous serra dans ses bras :
– Cela veut dire qu’ils vont bientôt augmenter la ration de pain.
Puis, avec un profond soupir, elle ajouta : – Oui, c’est cela, bientôt...
2. Ville située à 182 km à l'est de Saint-Pétersbourg. Prise par les troupes allemandes en octobre 1941, elle fut libérée le 9 décembre de la même année.