Branle-bas de combat – V.10 – Les Voiles écarlates

Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Jeu d'échec

Алые паруса – Les voiles écarlates

Боевые приготовления (V.10) Branle-bas de combat

[…] Человек действия, он [Грей] мысленно опережал ход событий, жалея лишь о том, что ими нельзя двигать так же просто и скоро, как шашками. Ничто в спокойной наружности его не говорило о том напряжении чувства, гул которого, подобно гулу огромного колеса, бьющего над головой, мчался во всём его существе оглушительным нервным стоном. Это довело его, наконец, до того, что он стал считать мысленно: «Один... два… тридцать...» и так далее, пока не сказал «тысяча». Такое упражнение подействовало; он был способен, наконец, взглянуть со стороны на всё предприятие. Здесь несколько удивило его то, что он не может представить внутреннюю Ассоль, так как даже не говорил с ней. Он читал где-то, что можно, хотя бы смутно, понять человека, если, вообразив себя этим человеком, скопировать выражение его лица. Уже глаза Грэя начали принимать несвойственное им странное выражение, а губы под усами складываться в слабую, кроткую улыбку, как, опомнившись, он расхохотался и вышел сменить Пантена.
Было темно. Пантен, подняв воротник куртки, ходил у компаса, говоря рулевому: «Лево четверть румба, лево. Стой: ещё четверть». «Секрет» шёл с половиною парусов при попутном ветре.
— Знаете, — сказал Пантен Грэю, — я доволен.
— Чем?
— Тем же, чем и вы. Я всё понял. Вот здесь, на мостике. — Он хитро подмигнул, светя улыбке огнём трубки.
— Ну-ка, — сказал Грэй, внезапно догадавшись, в чем дело, — что вы там поняли?
— Лучший способ провезти контрабанду, —шепнул Пантен. — Всякий может иметь такие паруса, какие хочет. У вас гениальная голова, Грэй!
— Бедный Пантен! — сказал капитан, не зная, сердиться или смеяться. — Ваша догадка остроумна, но лишена всякой основы. Идите спать. Даю вам слово, что вы ошибаетесь. Я делаю то, что сказал.Он отослал его спать, сверился с направлением курса и сел. Теперь мы его оставим, так как ему нужно быть одному.
Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine - Un compas de marine

Homme d'action, Grey anticipait mentalement le cours des événements, regrettant seulement que ceux-ci ne puissent être déplacés aussi facilement et rapidement que des pions sur un damier. Rien dans son calme apparent ne révélait la tension qui l’habitait et dont le grondement, comme la roue d’un énorme engrenage, venait se fracasser contre son crâne en grincements nerveux et assourdissants.

Il en était arrivé à un point où le seul exercice mental qui s’imposa à lui fut de se mettre à compter dans sa tête : "Un, deux... dix… trente..." et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il arrive à "mille". Grâce à cela, il put enfin avoir une vision plus détachée de toute l’entreprise. Pourtant il se trouvait, à cet instant, bien décontenancé. En effet, il lui était impossible de se représenter les pensées ni de partager les émotions de Solène, puisqu’il ne lui avait encore jamais parlé.

Il avait lu quelque part qu'il était possible, ne fût-ce que vaguement, de comprendre une personne si, s'imaginant être cette personne, on tentait de copier les mimiques de son visage. Et déjà ses yeux commençaient à prendre une étrange expression, bien inhabituelle, et ses lèvres sous sa fine moustache esquissaient le dessin d’un doux sourire... Quand, se ressaisissant, il éclata de rire et sortit pour relever Panten à la barre.

La nuit était sombre. Le Secret avait réduit sa voilure de moitié et naviguait par vent arrière. Panten, le col de sa veste relevé, allait et venait autour du compas tandis qu’il s’adressait au barreur : "A gauche d’un quart de rhumb, à gauche. Stop : un autre quart…"

"– Savez-vous, dit Panten à Grey, je suis content. – De quoi ? – De la même chose que vous, Capitaine... J’ai tout compris. Ici même sur la passerelle. Et il tenta un clin d'œil complice, le foyer de sa pipe éclairant un sourire entendu. – Eh bien, lui répondit Grey, soupçonnant ce que son second avait en tête, qu'avez-vous compris ? – Que c’est la meilleure façon de faire passer de la contrebande, lui murmura Panten. N'importe quel navire peut transporter autant de voiles qu'il veut dans ses cales. Vous êtes bien malin, Capitaine ! – Mon pauvre Panten ! dit Grey, ne sachant s'il fallait rire ou se fâcher. Votre hypothèse est astucieuse, mais sans fondement. Allez donc vous coucher : je vous donne ma parole que vous avez tort. Tout ce que je vous ai dit est vrai."

Et il renvoya ce brave Panten dans ses quartiers, vérifia le cap et s'assit à la barre.

Voilà, maintenant, nous allons le quitter, car il a besoin d'être seul…