La prophétie – I.6 – Les Voiles écarlates

Enfants jouant aux osselets - Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine -
Владимир Егорович Маковский, Игра в бабки, 1870

Алые паруса – Les voiles écarlates

Предсказание (I.6) La prophétie

К тому же замкнутый образ жизни Лонгрена освободил теперь истерический язык = сплетни; про матроса говаривали, что он где-то кого-то убил, оттого, мол, его больше не берут служить на суда, а сам он мрачен и нелюдим, потому что «терзается угрызениями преступной совести». Играя, дети гнали Ассоль, если она приближалась к ним, швыряли грязью и дразнили тем, что будто отец её ел человеческое мясо, а теперь делает фальшивые деньги. Одна за другой наивные её попытки к сближению оканчивались горьким плачем, синяками, царапинами и другими проявлениями общественного мнения; она перестала, наконец, оскорбляться, но всё ещё иногда спрашивала отца: «Скажи, почему нас не любят?» — «Э, Ассоль, — говорил Лонгрен, — разве они умеют любить? Надо уметь любить, а этого-то они не могут». — «Как это — уметь?» — «А вот так!» Он брал девочку на руки и крепко целовал грустные глаза, жмурившиеся от нежного удовольствия.
La Colombe de Picasso - Petites nouvelles russes - Les voiles écarlates - Grine -

Comme Longren vivait à l’écart de tous, cela délia les mauvaises langues : les propos les plus hystériques (autrement dit : ragots et commérages) se mirent à circuler. On disait de lui qu'il avait un jour tué quelqu'un quelque part, et que c’est pour cela qu’il avait dû quitter la marine, et que, s’il était si sombre et solitaire, c’est parce qu’"il était tourmenté de remords".

Lorsqu’ils jouaient ensemble, les enfants du village chassaient Solène. Et si elle s'approchait trop, ils lui jetaient de la boue et la harcelait, disant que son père avait mangé de la chair humaine, et qu’à présent il fabriquait de la fausse monnaie !

L'une après l'autre, ses naïves tentatives pour gagner leur amitié se soldèrent par des pleurs amers, des ecchymoses, des égratignures, entre autres démonstrations de ce que tous pensaient d’elle.

Enfin elle cessa d’en être dépitée mais pourtant parfois elle demandait à son père : "– Dis-moi, pourquoi ils ne nous aiment pas ? – Eh bien, Solène, lui répondait-il, savent-ils vraiment aimer ? Il faut savoir aimer, mais ça, eux ne le peuvent pas. – C’est quoi ‘savoir aimer’ ? – C’est comme ça…", et il prenait alors la fillette dans ses bras et embrassait ses petits yeux tristes qui se plissaient de bonheur...