Seule – VI.5 – Les Voiles écarlates
Алые паруса – Les voiles écarlates
Ассоль остаётся одна (VI.5) Seule
/.../ Приближаясь к селению, она [Ассоль] увидала того самого угольщика, которому померещилось, что у него зацвела корзина; он стоял возле повозки с двумя неизвестными мрачными людьми, покрытыми сажей и грязью. Ассоль обрадовалась.
— Здравствуй, Филипп, — сказала она, — что ты здесь делаешь?
— Ничего, муха. Свалилось колесо; я его поправил, теперь покуриваю да калякаю с нашими ребятами. Ты откуда?
Ассоль не ответила.
— Знаешь, Филипп, — заговорила она, — я тебя очень люблю и потому скажу только тебе. Я скоро уеду. Наверное, уеду совсем. Ты не говори никому об этом.
— Это ты хочешь уехать? Куда же ты собралась? — изумился угольщик, вопросительно раскрыв рот, отчего его борода стала длиннее.
— Не знаю. — Она медленно осмотрела поляну под вязом, где стояла телега, — зелёную в розовом вечернем свете траву, чёрных молчаливых угольщиков, и, подумав, прибавила: — Всё это мне неизвестно. Я не знаю ни дня, ни часа и даже не знаю куда. Больше ничего не скажу. Поэтому на всякий случай — прощай. Ты часто меня возил.
Она взяла огромную чёрную руку и привела её в состояние относительного трясения. Лицо рабочего разверзло трещину неподвижной улыбки. Девушка кивнула, повернулась и отошла. Она исчезла так быстро, что Филипп и его приятели не успели повернуть голову.
— Чудеса, — сказал , — поди-ка пойми её. Что-то с ней сегодня... такое и прочее.
— Верно, — поддержал второй, — не то она говорит, не то — уговаривает. Не наше дело.
— Не наше дело, — сказал и третий, вздохнув.
Затем все трое сели в повозку и, затрещав колёсами по каменистой дороге, скрылись в пыли.
Solène rentre de Liss où elle a flâné toute l’après-midi…
A deux pas du village, elle vit le charbonnier qui se tenait près de sa charrette - celui-là même qui un jour avait cru que de son panier sortiraient des fleurs. Il était en compagnie de deux gaillards, tout comme lui noirs de suie et crottés. Solène fut ravie de le revoir.
''– Salut Philippe, que fais-tu là ? – Rien, ma libellule : la roue de mon carrosse était sortie de son axe, j’ai dû la remettre... A présent, avec mes collègues, on prend le temps de causer et de griller une petite cigarette… Et toi, d’où viens-tu comme ça ?''
Solène ne répondit pas immédiatement. ''– Tu sais, Philippe, comme je t'aime beaucoup, je vais te dire quelque chose, mais rien qu'à toi : je vais bientôt partir, et probablement pour toujours. Mais surtout n’en parle à personne… – Toi ? Tu veux donc nous quitter ? Mais pour aller où ? demanda le charbonnier bouche bée, - ce qui n’eut pour effet que d’allonger encore un peu plus sa barbe. – Je ne sais pas encore Philippe…''
Lentement, elle regarda tout autour d’elle : la clairière sous l'orme, la charrette, l’herbe verte dans la lumière rose du soir, les trois compères couverts de suie et silencieux... Pensive, elle ajouta : ''Vraiment, je n’en sais encore rien : je ne sais ni le jour ni l’heure, je ne sais même pas où. Je ne peux t’en dire plus. Alors, juste au cas où : au revoir… Si souvent tu m’as conduite dans ta charrette !''
Elle prit dans sa main la main noire et puissante de Philippe qui en frissonna. Sur le visage du charbonnier, un sourire, comme une entaille, se figea. La jeune fille hocha la tête et fit demi-tour. Elle disparut si vite et si discrètement que les trois amis n'eurent pas le temps de la voir s’éclipser.
''– C’est-y pas merveille ! dit Philippe. Allez donc essayer de la comprendre ! Avec elle, aujourd’hui, y s’passe quelq’chose, mais quoi ? – C'est bien vrai, soutint son collègue : ou ce ne sont que des paroles, ou c’est qu’elle veut qu’on y croie. Bon, tout ça c’est pas nos affaires. – Ouais, c’est pas nos affaires...'', soupira le troisième en haussant les épaules.
Puis tous trois remontèrent dans la carriole et disparurent au milieu d’un nuage de poussière, au son grinçant des roues sur le chemin de pierres.