La prophétie – I.6 – Les Voiles écarlates
Алые паруса – Les voiles écarlates
Предсказание (I.6) La prophétie
Comme Longren vivait à l’écart de tous, cela délia les mauvaises langues : les propos les plus hystériques (autrement dit : ragots et commérages) se mirent à circuler. On disait de lui qu'il avait un jour tué quelqu'un quelque part, et que c’est pour cela qu’il avait dû quitter la marine, et que, s’il était si sombre et solitaire, c’est parce qu’"il était tourmenté de remords".
Lorsqu’ils jouaient ensemble, les enfants du village chassaient Solène. Et si elle s'approchait trop, ils lui jetaient de la boue et la harcelait, disant que son père avait mangé de la chair humaine, et qu’à présent il fabriquait de la fausse monnaie !
L'une après l'autre, ses naïves tentatives pour gagner leur amitié se soldèrent par des pleurs amers, des ecchymoses, des égratignures, entre autres démonstrations de ce que tous pensaient d’elle.
Enfin elle cessa d’en être dépitée mais pourtant parfois elle demandait à son père : "– Dis-moi, pourquoi ils ne nous aiment pas ? – Eh bien, Solène, lui répondait-il, savent-ils vraiment aimer ? Il faut savoir aimer, mais ça, eux ne le peuvent pas. – C’est quoi ‘savoir aimer’ ? – C’est comme ça…", et il prenait alors la fillette dans ses bras et embrassait ses petits yeux tristes qui se plissaient de bonheur...